Autant le dire dès à présent, je suis un grand fan du chevalier noir. Et comme cette passion, devenue quasiment une religion, est née après l'acquisition de Batman Arkham City, il ne va pas sans dire que ce troisième volet était attendu comme le messi malgré le changement temporaire de l'équipe de développement. Alors qu'en est-il précisément pour cet opus tant attendu ? Pour éviter tout spoiler, je parlerais du scénario de cette critique.

Dès les premières minutes du jeu on se sent chez soi, et cela malgré une introduction un peu poussive. Ce confort de jeu on le retrouve dans les premiers combats, toujours aussi fluides et dynamiques, que l'on finit avec la fierté d'obtenir le rang maximum, ce qui sera moins le cas des combats finaux, beaucoup plus ardus. L'ingrédient central qui faisait du précédent volet est donc conservé pour notre plus grande joie. A ce niveau là le jeu est donc une totale réussite, choyant ses fans avec le gameplay qui les a déjà emporté dans la prison à ciel ouvert la plus dangereuse du monde. Cependant le gameplay de combat d'arkham city, ce n'était pas seulement des coups redirigés et des esquives mais aussi la possibilité de fouiller rapidement dans la ceinture garnie de batman pour dénicher le gadget adéquat pour immobiliser, assommer ou désorienter l’ennemi. Sauf que là encore peu de surprise, les gadgets sont les mêmes, mêmes fonctions mais noms différents pour la plupart avec uniquement l'ajout d'une double bat-griffe très pratique pour suspendre les ennemis à distance en phase d'infiltration. Si il était préférable pour les équipes de WB Montréal de ne pas modifier l'excellent système de combat, la panoplie de batman aurait dû être modifiée, ne serait-ce que pour bien montrer que Bruce Wayne n'en était qu'à ses balbutiements. Pire, la double bat-griffe ne sert absolument à rien lors des phases d'explorations, devenant d'avantage un fardeau.

Mais à quoi servirait un superbe système de combat si ils n'y avaient de vilains à combattre ? C'est à cette question que les deux précédents opus répondaient brillamment d'une part avec des boss diversifiés et inventifs et d'autre part avec des ennemis auxquels il faut s'en cesse s'adapter. Concernant ces derniers, on note l'apparation de l'ennemi martial, un espèce de super hommes de main capable de parer nos coups et de retaper tout de suite après. Si sur le papier l'idée semble plutôt alléchante, la mise en pratique pose comme un petit problème. Car si le challenge et la dynamique des combats s'en trouvent bonifiés, le passage à la vision détective nous réserve de mauvaises surprises. Car dans Arkham city elle permettait de définir le danger de l’ennemi en jaune pour ses armes ou son armure et en orange si il était équipé d'armes à feu. Sauf que nos nouveaux ennemis sont tout bonnement indiscernable une fois la vision détective activée, pouvant ainsi ruiner les laborieux combos puisque la confusion avec un ennemi facilement éliminable est totale. A côté de ça les seconds couteaux restent les mêmes mais ne suivent pas avec la difficulté croissante du jeu, WB Montréal semblant croire qu'il suffit d'augmenter le nombre d'individus pour rendre un combat plus difficile. Revenons-en au point qui était selon moi le plus sensible du jeu, ses boss. Si j'avais trouvé ceux d'Arkham Asylum pénibles ou trop longs, ceux d'arkham city offrait un challenge et une mise en scène époustouflante et terriblement tendue, notamment pendant la traque de mister freeze. Ni aussi excellent qu'arkham city, ni pour autant aussi gênant qu'arkham asylum pour la plupart, la diversité des boss offrent au final un grand écart de niveau entre les meilleurs et les plus mauvais. Sans spoiler le déroulement du jeu, les boss de Deathstroke et de bane sont de loin mes préférés. Pour deathstroke, je fais parti de cette catégorie de personnes qui frémissent d'horreur à l'idée d'enchainer les QTE sauf qu'ici je ne trouve pas grand-chose à redire. Certes on meurt souvent assez bêtement à une demi-seconde près mais il faut revenir au personnage pour mieux comprendre ce boss. Deathstroke c'est un peu le guerrier ultime, utilisant des techniques de combats et anticipant les actions de son adversaires avec l'utilisation de 90% de son potentiel cérébral. Plus qu'un simple combattant, c'est aussi un expert des armes blanches et à feu prêt à tout pour éliminer ses ennemis. Et c'est en cela que le boss de Deathstroke est génial car il retranscrit à merveille le danger que représente Deathstroke pour Batman, un soldat plus expérimenté et habile que lui. Le combat est tendu, violent et diversifié, que demander de plus ? Et bien peut-être tout de même une liberté de mouvement plus conséquente. Pour Bane, on ressent là encore la force du personnage qui enlève beaucoup de vie, se rapprochant là encore du personnage de comics. Côté déception deux noms reviennent: Firefly et Lady Shiva, même si cette dernière n'est pas a proprement parler un boss. Là encore, ces deux personnages font partis de mes préférés dans le batverse, ce qui me faisait espérer de grandes choses. Malheureusement celui de firefly, tentant un peu d'innover, manque cruellement de piquant alors qu'il avait un potentiel incroyable avec son jet-pack et son lance-flamme. Lady Shiva, quant à elle, subit le fait de n'être qu'une quête annexe et se voit réduite dans un combat ridicule alors qu'il faut rappeler qu'elle entraînera de nombreuses fois batman en mettant ses capacités de combat en défi avec un niveau au minimum équivalent aux meilleurs assassins de la ligue des ombres. Et là pour le coup la déception est amère.
Et cette déception ne sera malheureusement pas la dernière, surtout quand on découvre la map du jeu. Alors oui elle est grande. Oui l'éclairage apporte un cachet que n'avait pas arkham city. Oui les traces de pas dans la neige c'est trop la classe. Mais non doubler la taille d'une map ne sert à rien, surtout quand les développeurs n'ont apparemment qu'une seule vision de la ville: un enchaînement de quartiers interchangeables. Dans Origins gotham city est une ville morte, pas une ame innocente vivant sur l'aire de jeu, juste une quantité de truands à faire pâlir le ministre de la justice et rire Branden. On ne prend plus plaisir à se déplacer en long et en large puisqu'il n'y a rien à découvrir, à part quelques clins d'oeils très très discret. Et c'est là que l'on voit bien qu'il manque quelque-chose à Gotham. Arkham city fourmillait d'inscription, affiches ou magasins évoquant aussi bien un auteur célèbre ou un événement de l'univers de batman sur toute la surface de jeu et même au delà. Après mes quelques heures d'explorations, les seuls petits clins d'oeil trouvés sont deux ou trois affiches de vilains mais rien de bien excitant. Avec une ville aussi intéressante à parcourir, on comprends pourquoi WB Montréal à décider d'intégrer à la map des points d'accès rapides grâce à la batwing. Du coup on survole la ville sans s’imprégner de l'ambiance de noël et on oublie vite de fouiller les recoins pour trouver les éternels trophées annexes.

Trophées annexes qui me permettent d’enchaîner sur la durée de vie globale du jeu grâce au pouvoir du saut de ligne. A partir de maintenant je vais m'attaquer au déroulement du jeu et à la mise en scène des moments clés donc pour tout ceux qui ne voudraient pas se gâcher l'expérience de jeu je leur conseille de s'arrêter là, ma note faisant office de conclusion.

P.S: Je critique je critique mais j'en oublie la vraie nouveauté du jeu, ses scènes de crimes améliorées. Trop vite répétitives sur arkham city, les scènes de crimes gagnent en intérêt et reconstituent le meurtre progressivement, avec la possibilité de revenir en arrière ou d’accélérer un passage du meurtre pour par exemple trouver où un objet s'est envolé ou la plus classique trajectoire de balle. Pour le coup cette innovation apporte un peu de neuf au gameplay, plus riche. Personnellement je ne m'attendais pas à un système aussi complet et étrangement jouissif, nous plaçant vraiment dans la peau du détective.

///ALERTE SPOILER///

Selon l'internaute, une quête annexe est une quête secondaire par rapport à l'élément principal auquel elle est liée. Et pour le coup, ces missions sont vraiment secondaires. Vous vous rappelez les défis nombreux de l'homme mystère ? Le combat de catwoman contre Dent ? La découverte de Hush ? Les missions tendues de Zsasz ? Si oui, vous devez sans doute penser que les missions annexes valaient presque la campagne principale du jeu. Mais dans origins c'est très loin d'être le cas, très très loin même. Il y a a mon sens une seule mission, le chapelier fou au sommet de son art psychédélique, qui vaille le coup et qui m'ait réellement enchanté, le reste étant très très en deçà de ce que l'on pourrait attendre avec le nombre d'ennemis qu'il nous reste à traquer. Les combats de "boss secondaire" sont tous les mêmes, mais sans aucun dynamisme. Pour reprendre l'exemple de Lady Shiva, et non pas juste Shiva parce que c'est quand même rudement moche, il faut savoir qu'elle est au même niveau d'entrainement de deathstroke mais qu'elle est dans le jeu aussi facile à battre qu'un ennemi avec une arme blanche et beaucoup de vie, même les ennemis martiaux m'ont semblé plus tenace c'est pour dire. Anarky propose un défi intéressant mais qui semble déjà vu avec ce qui a été fait avec Zsasz tandis que la traque de Black Mask, une honte pour un jeu qui a fait toute sa promotion dessus mais j'y reviendrait, se résume à trouver des planques avant de tataner le vilain comme tous les autres. Malgré un travail sur le character design assez conséquent, on a l'impression que l'intégration de ces personnages a été un fardeau pour l'équipe de développement, à court d'idées. Au final, on préférera jouer au défis combat et prédateur plutôt que de s'attarder sur ces missions. Notons au passage un très joli skin alternatif de Lee Bermejo dans son Batman Noël et le personnage de deathstroke très jouissif à jouer tout en gardant l'essence du personnage avec un armada assez surprenant avec la bat-griffe, symbole d'une hypothétique victoire de Deathstroke sur Batman, clin d'oeil qui fait plaisir.
Le vrai point fort du jeu réside donc avant tout dans son scénario, à mon sens le meilleur de la saga. Pour la première fois, le scénario prend un aspect de polar très sombre avec le personnage de Black Mask, calculateur et violent, qui se retrouve pour une fois relégué à un rang élevé dans l'intrigue. C'est d'ailleurs ce qui fait du jeu une petite pépite avec ce choix osé de prendre un casting beaucoup moins connu que le précédent opus et ainsi faire découvrir certains laissés pour compte du batverse. Mais très vite le joker reprend le dessus et se révèle être le véritable instigateur du complot. Et là, alors que l'on sent que ce twist réduit à néant tout l'effort de construire une intrigue sur des personnages moins connus, le scénario s'envole et le jeu offre des moments de mise en scène absolument sublimes avec près de 3h de cinématiques. Le joker devient alors de plus en plus fou pour batman et, au fur et à mesure du parcours, utilise ce qui fera sa marque de fabrique dans les autres jeux comme par exemple sa bombe de peinture verte. La présence de Bane à ses côtés permet de doubler la difficulté pour batman qui doit à la fois affronter l'homme le plus imprévisible et la masse de muscle doté d'une intelligence froide. Après ce rude combat, le joker est amené à blackgate mais décide d'y jouer le dernier acte de son plan. C'est d'ailleurs ce genre de moments qui donnent la chair de poule, le joker sur une chaise électrique sur le point de mourir si Batman ne tue pas Bane. Une fois le Joker de nouveau arrêté on se fait une certidude: on vient d'assister de loin à la meilleure manière de faire la première rencontre entre Batman et le Joker. Ici c'est avant tout le passage de l'ombre à la lumière qui rend le joker terrifiant, plus malsain qu'avant dans ses méthodes, alors que Batman semble se rendre compte qu'il n'est pas qu'un simple malfrat. Leur relation s'écrit au fil des défis lancés par le clown jusqu'au moment où le jeu prend le joueur à contrepied pour raconter cette rencontre au travers de la mémoires du joker, temple où règne le chaos et la folie, le feu et une chauve-souris. Certes certains effets de mise en scène sont trop appuyés, à l'instar des ralentis foireux lors du dernier combat entre le joker et batman, d'autres pompés sur les opus précédents, l'ombre de Mr Marteau plane beaucoup avec ce mini-boss cassant le mur de la même manière que le clown manchot, mais globalement le spectacle est au rendez-vous, ambitieux et époustouflant. On appréciera aussi les nombreuses références aux origines du joker comme le poème tiré de "l'homme qui rit" ou bien encore la scène du red hood dans the killing joke.
Cependant le problème majeur du scénario est dans l'ordre de combats des boss. Certes Deathstroke offrait avec son système de QTE se prêtait bien au jeu du boss/tuto, tout comme Killer Croc qui reste pour autant bien utilisé, mais sa difficulté aurait pu en faire un très bon boss de mi-parcours. Le vrai souçi, est aussi d'avoir mis un combat aussi dur que le premier contre bane avant un aussi facile que celui contre Firefly, ce dernier apparaissant alors encore plus facile qu'il ne l'est puisqu'une fois Bane affronté on se demande qu'est ce qui pourrait nous arriver de pire. La dernière ligne droite entre l'arrestation du joker et l'émeute à Blackgate semble pénible, la difficulté n'ayant pas suivie. Les seconds couteaux n'offrent aucun challenge et l'on regrette le manque de phase comme celle des snipers dans arkham city. Les salles prédateurs n'offrent par la même occasion aucun défi et se finissent sans la moindre tension. Heureusement, les deux derniers affrontements contre bane relèvent le niveau, à croire que les dévellopeurs ont décidés d'utiliser au maximum le personnage tout en justifiant le passage de brute intelligente à monstre titan.

Au final j'avoue que le fan en moi a été gâté tant le soin apporté à décrire la première rencontre entre Batou et le Joker en fait la rencontre parfaite avec en bonus une bande sonore qui tire brillamment profit des chants de noël. Autant le joueur semble avoir été un peu oublié, certes confortablement installé dans un univers qu'il connait et maîtrise, tant les nouveautés se font rares et la difficulté se faisant attendre. Mais pour le plaisir d'incarner Batman et de rencontrer tant d'ennemis, je ne peux que conseiller ce jeu aux fans de l'univers
Bat-e-man
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le 4 nov. 2013

Modifiée

le 6 nov. 2013

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I Bat(e)man I

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