J'avais beaucoup aimé Arkham Asylum. Sombre, beau, inattendu, une aventure du Caped Crusader qui avait réveillé mes appétits de justice expéditif et d'héros tourmenté. Avec, en prime, quelques excellentes idées de mise en scène, au service d'un scénar improbable mais pas si mal, on tenait là un bête de jeu. Mais il manquait un petit truc pour que mon plaisir soit total. C'est là qu'Arkham City débarque et que je comprends que ce petit rien qui m'avait frustré un poil, c'était le manque d'un paysage urbain pour y voir planer notre chauve-souris. La ville, parce que Batman, c'est surtout le frangin urbain, quoi. Du coup,même si la plus vaste étendu de jeu diluait un peu le scénario, j'avais pris mon panard. Et pis voilà ce Arkham Origins. Au revoir Rocksteady, papa de la franchise, on met dans le fauteuil Warner Montréal pour essayer de tirer encore un peu sur la corde des aventures du célèbre détective, avec ce prequel présentant un Batman plus jeune durant la nuit de Noël. Le pauvre, à peine lancé dans les collants - renforcés au ciment et aux stéroïdes - il se voit déjà la cible d'un contrat placé sur sa tête par Black Mask. Plusieurs assassins vont donc tenter de lui faire la peau, tandis que lui-même va tenter de "convaincre" BM de lever la prime.

Les premières du soft ne sont pas vraiment à son avantage. Elle est bien belle, cette Gotham, mais force est de constater qu'on croirait davantage un reskin qu'une nouvelle zone de jeu - et pour cause, elle reprend assez fidèlement la map du précédent soft. Résultat, ce début de jeu fait très redite : on saute, on se faufile, on reconnaît assez vite les gadgets du précédent volet, voire même ceux qui ont été repiqués sous un nouveau nom. Le comble. Ces rues enneigées sont bien sympathiques, mais ça ne respire pas spécialement la fraîcheur de la nouveauté. D'autant que pour ce qui est des nouveautés, elles ne sont pas spécialement réjouissantes... On nous avait vendu de la Batwing, au final, elle sert simplement à se déplacer plus rapidement d'un coin de ville à l'autre. On nous avait parlé d'une Batcave un peu plus présente, bon, on y fait deux trois arrêts pour faire progresser l'enquête sans que cela n'ait réellement l'air d'être un pivot dramatique pour l'aventure.
Pire, certains des aspects du gameplay, repris tel quel, commencent à accuser le poids des ans et la nécessité de les dépoussiérer un poil. Ainsi, j'ai trouvé les phases de "plate-forme" réellement pénible et me suis même souvent demander ce que le jeu attendait de moi dans certains niveaux dont la linéarité devrait pourtant prévenir ces situations. On a affaire à une structure bien rodée qui ne varie plus beaucoup : baston, infiltration à la dure, balade dans la ville, on regagne un autre bâtiment, on tourne autour deux jours avant de trouver la petite porte et hop, direction l'intérieur. Bon, quand c'est bien fait, c'est pas pour me déplaire de répéter une action cool, mais ici, on sent quand même les limites du modèle clairement atteinte. C'est d'autant plus agaçant quand l'on voit clairement les emprunts qui sont fait sans réfléchir. Du genre Bane, LE boss dont le pattern n'a pas été changé depuis le premier épisode, et qu'on se tape une multitude de fois. On a même ENCORE le droit aux énigmes en radeau, le truc irritant du précédent opus, que les développeurs se sont trouvés intelligents de remettre (allez, je leur accorde qu'ils les ont faites courtes, ces séquences de chiotte). Encore un peu, et on avait le coup de la glace trop fine où il fallait se déplacer doucement...
J'ai l'air d'exécrer ce jeu, il n'en est rien. Ok, le charme a mis quand même du temps à se faire sentir, mais au final, il a opéré et ce, essentiellement, grâce à l'apparition du némésis de Batman. Le jeu se permet d'avoir un scénario un poil plus abouti que celui d'Arkham City et ce, surtout, grâce à une galerie rétrécie de super vilains. Fini le namedroping et les apparitions remarquées de l'entièreté du panthéon de la chauve-souris, Origins fait preuve d'humilité dans la démarche et tente plutôt d'approfondir le rapport entre l'homme masqué et son ennemi de toujours. Résultat, un scénario mieux maîtrisé, avec de vraies tranches de bonnes idées dedans, qui peine un peu à décoller mais qui, une fois envole, supporte bien la charge. Bémol, du coup, c'est très court, tout ça, et à peine l'histoire donne-t-elle l'impression de démarrer qu'elle prend fin, même si c'est d'une manière tout à fait chouette. Par contre, je ne sais pas ce que donnent les voix en anglais, mais certaines en français picotent grave et il y a même un dialogue qui restera dans les annales - pour moi - du plus mauvais dialogues de Batman tout support confondu. ( SPOILERS quand Batman rencontre Harleen Quinzel, tout à la fin. Batman a l'air de s'en battre et l'actrice tente un ton entre le traumatisme et la chaudasse super bizarre /SPOILERS)

Pas un mauvais jeu, mais une itération qui ressemble plus à un bon gros addon de luxe. J'aurais été tenté de lui mettre 7, en vérité, parce que je l'ai acheté à bas prix et qu'au final, à ce prix-là, il valait le coup, mais je doute que quelqu'un qui ait déboursé 60 boules soit du même avis. En tout impartialité, c'est pas inintéressant, l'aventure repose quand même sur des mécaniques solides, mais ça ne fait tellement pas d'efforts pour se dégager du carcan de ses deux aînés que cela en devient pénible. Ce qui, en réalité, m'inquiète quant au prochain volet de la série, Arkham Knight, parce que la zone de confort dans laquelle se trouve la franchise pourrait fort bien anéantir toute volonté de Rocksteady de prendre du risque pour tirer vers le haut une nouvelle aventure du Caped Crusader. A suivre...
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le 5 août 2014

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