Disponible sur PS4 depuis quelques semaines par le biais d’une réédition, Beyond : Two Souls n’a rien perdu de ce qui faisait déjà son charme sur PlayStation 3. Une remise à niveau graphique qui permet à tous ceux qui l’auraient raté de découvrir cette aventure signée Quantic Dream.


Le studio français n’a plus grand-chose à prouver au rayon des « films interactifs ». Avec des succès d’estime comme The Nomad Soul et critiques comme Heavy Rain, l’entreprise de David Cage est réputée pour ses propositions scénaristiques épatantes.


Sorti sur PS3 en 2013, Beyond : Two Souls se paie donc le luxe d’une réédition sur la nouvelle console de Sony. Bien que graphiquement tirée vers le haut par la technique actuelle, l’aventure de Jodie Holmes n’a pas pris une ride.



Les mille et une vies de Jodie Holmes



« Habitée » depuis toujours par une entité répondant au nom d’Aiden, Jodie n’a jamais eu une vie normale. Ostracisée durant son enfance, la protagoniste à laquelle l’actrice Ellen Page (Juno) prête ses traits partage l’état d’esprit de ceux qui n’ont jamais connu la chaleur d’un foyer aimant et les rires des goûters d’anniversaire. Rapidement internée au Département des Activités Paranormales de la CIA, l’unique figure paternelle qu’aura Jodie se trouve en la personne du Docteur Nathan Dawkins, incarné avec maestria par le grand Willem Dafoe (Platoon).


L’homme lui porte un intérêt tout scientifique, même si des liens vont irrémédiablement se créer entre la petite fille et lui, qui cherche à percer les secrets de l’inframonde, le monde d’Aiden. La CIA ne cachera pas bien longtemps son intérêt pour les capacités de la fillette. À peine l’âge de raison atteint, l’Agence enverra Jodie défendre les intérêts américains sur le théâtre international. Dommage que l’écriture se perde en lieux communs et opère un glissement aussi inattendu que dispensable vers des problématiques mondiales peu reluisantes. Là où Beyond : Two Souls excelle, c’est dans son récit d’une enfance brisée dans l’œuf, dans la démonstration de la relation aussi bien teintée d’amour que de haine entre Jodie et son hôte. L’histoire aurait pu s’en contenter et éviter la folie des grandeurs qu’on lui reproche.


Le scénario pourrait bien s’accommoder d’un traitement chronologique, cependant le studio a choisi de brouiller les pistes, de disperser les pièces du puzzle. Ce faisant, Quantic Dream fait monter la sauce, entretien le mystère qui entoure le lien qui uni notre protagoniste et son entité. Une leçon de narration. Notez malgré tout que cette version PS4 introduit la possibilité de jouer au jeu dans sa version ordonnée. À ne réserver qu’à ceux ayant déjà terminé le jeu, selon nous.



Ghostbusters



Alternant phases de gameplay avec des dialogues nécessaires pour créer l’intensité dramatique sans laquelle Beyond : Two Souls serait bien fade, Quantic Dream opte pour une aventure moins libre que ne l’était Heavy Rain. La progression est plus cloisonnée, le jeu plus dirigiste. On passe d’une trentaine de fins possibles dans le précédent jeu du studio à six ou sept ici. Est-ce un mal ? Absolument pas. L’ambition est différente, l’histoire se veut bien plus centrée sur son personnage et non sur le but que représentait la recherche de Shaun dans Heavy Rain.


Le gameplay, s’il est tout à fait classique pour un jeu Quantic Dream (les phases d’actions se composent essentiellement d’actions contextuelles à effectuer en appuyant sur la bonne touche au bon moment) tire parfaitement parti de la présence d’Aiden dans l’équation. Par une simple pression sur la touche triangle, vous prenez le contrôle de l’entité, ce qui vous permet de vous promener comme bon vous semble alentour. Pratique, lorsqu’il s’agit d’espionner les conversations des personnes dans la pièce à côté, ou encore de créer des diversions en jouant à détraquer les appareils électroniques. Mieux encore, il est parfois possible de prendre le contrôle de certains individus pour semer le chaos, ou même de leur faire sentir l’étreinte de la mort, dans certains cas.


Pourtant, si elle est globalement très bien mise en scène, l’action est souvent brouillonne, illisible. Souvent représentées par un simple point blanc de quelques pixels, les interactions proposées par le jeu se perdent dans le dépouillement de l’interface. La gestion de la caméra et du regard de Jodie n’aident en rien la lisibilité de l’action. Laborieux, mais on s’en sort malgré tout.


Quantic Dream troque les choix contre l'ambition. Plus dirigiste, l'épopée n'en est que plus intense. Beyond : Two Souls excelle à nous raconter les espoirs défaits de Jodie, interprétée avec brio par une Ellen Page au sommet de son talent. Devant vivre avec le don qu'elle n'a demandé à personne, on ne saura jamais vraiment si elle considère Aiden comme une malédiction ou une bénédiction. Du moins jusqu'à la conclusion, intense et brutale. À la mesure de l'existence de Jodie.


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Hype_Soul
7
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le 14 déc. 2015

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