Quand des indés décident de remettre Paper Mario sur sa recette initiale en RPG

Développé par les petits indés de Moonsprout Games, c’est un RPG que l’on pourrait croire échappé directement d’un Paper Mario 64 ou Porte Millénaire sur Gamecube, vu les inspirations visibles. Après la tournure très particulière (et pas forcément pour le meilleur) qu’a pris la saga Paper Mario depuis le Super (et surtout depuis le pathétique Sticker Stars), les fans se sont mis à espérer le retour du Paper Mario orienté RPG comme les deux premiers, et qui perso, font partie de mes RPG préférés ever.

Moonsprout semble vouloir répondre à ces fans à travers leur 1er projet, Bug Fables. Qu’en est il réellement ? BF est – il un hommage appuyé pouvant rivaliser voire surpasser la Porte Millénaire ? Ou n’est – il qu’une copie sans identité des Paper Mario 1 et 2 si chers aux nostalgiques ?

Se déroulant dans un univers uniquement composé d’insectes, et plus particulièrement dans le Royaume de Bugaria, le joueur va être invité à suivre les aventures de 2 jeunes insectes, explorateurs en devenir : Kabbu le Scarabée, sage et toujours prêt à aider son prochain. Ainsi que Vi la jeune Abeille, cupide et tête brûlée.

Ces 2 insectes décident de faire équipe afin de rechercher l’Everlasting Sapling, qui d’après la légende des fourmis, est un arbre éternel dont les feuilles conféreraient l’immortalité à l’insecte qui en mangerait une feuille. Sans hésiter, Kabbu et Vi partent à la recherche des artefacts nécessaires à la localisation de l’arbre de la légende.

Si le scenario part d’un postulat archi revu à la base, il n’en est rien au fil de l’aventure et il devient excellent avec moult rebondissement et une tonalité assez mature. Les personnages sont bien écrits, attachants et il y a énormément de PNJ haut en couleur. Le Royaume de Bugaria est crédible, avec son propre lore qui se développera via les dialogues entre Kabbu, Vi, les PNJ ou encore via les livres d’histoires du royaume, si le joueur prend le temps de s’investir.

Les situations et rebondissements passeront par toutes les émotions et nos personnages gagneront en intérêt, écriture et le joueur devrait toujours avoir envie de suivre les aventures de ces insectes explorateurs.

Pour le gameplay, les vétérans des 1ers Paper Mario ne seront pas dépaysés vu que l’on y retrouve 80% des mêmes mécaniques : Exploration de divers décors dans lesquels se trouveront objets, villages, énigmes, ennemis, discussion avec des PNJ et j’en passe.
A noter évidemment le retour des points d’expérience, le système pertinent des badges (représentés ici par des Médailles), octroyant divers pouvoirs passifs ou actifs à Kabbu et Vi lorsque vous les équipez, ou encore les recettes de cuisine permettant de faire certains plats aux propriétés efficaces, ou de guérison.

Le système de combat va également reprendre les mécaniques des PM à travers le tour par tour, les fameuses commandes d’actions qui permettront soit d’infliger plus de dégâts aux ennemis, soit de réduire les dégâts subis avec le bon timing. A noter également le retour des capacités spéciales via les Skills et qui vont consommer des points de magie, ainsi que diverses actions comme analyser les ennemis etc

Fort heureusement, Bug Fables ne se contente pas de repomper Paper Mario et va également apporter ses améliorations à lui : par exemple, le fait que les combats se passeront toujours via 3 personnages, les stratégies à prendre en compte pour vaincre les ennemis particuliers (volants, sous terre, blindés …), ou encore le fait de pouvoir échanger son tour avec un autre personnage pour pouvoir optimiser une action particulière. La contrepartie étant que le personnage sera moins efficace niveau puissance.

Bref, le gameplay se repose essentiellement sur Paper Mario la Porte Millénaire mais le fait à la perfection, avec ses nouveautés à lui. L’exploration et les combats sont un régal pour progresser dans le jeu, customiser Kabbu et Vi sur leurs capacités ou Médailles. Les améliorations et nouveautés apportées à la formule RPG des 1ers Paper Mario, relancent constamment l’intérêt de Bug Fables et lui confèrent réellement sa propre identité. Une sacrée réussite que le gameplay et ses mécaniques RPG !

Pour la réalisation graphique, nous sommes évidemment encore en plein Paper Mario via ce monde d’insectes représenté par du papier que ce soit dans les décors ou les personnages. Les animations sont volontairement limitées à quelques frames mais bien détaillées, ou encore via l’interface et police d’écriture.

Tout comme le gameplay, Bug Fables arrive à s'émanciper de son modèle pour concevoir son propre monde de papier à lui, sans abuser sur les blagues et transitions que le papier apporte. Pour moi, une autre grande force de Bug Fables donc, pour sa réalisation artistique de qualité et ses décors cohérents, variés et qui donnent vie au Royaume de Bugaria.

Côté bande sonore, les musiques ont été composées par le français Tristan Alric. Par conséquent, les sonorités joyeuses, douces, mélancoliques, sinistres ou épiques de Bug Fables vont forcément rappeler certaines musiques de Paper Mario 64 ou Porte Millénaire dans les notes. Mais j’ai adoré les musiques (mention spéciale pour moi à Ant Kingdom, Outskirts, Golden Path ou encore Defiant Root) parfaitement adaptées aux situations, événements du scenar ou décors dans lesquels elles se déclenchent. Les bruitages sont classiques mais efficaces.

Pour la durée de vie, c’est un RPG généreux en contenu. Comptez environ 25h pour terminer le jeu sur la quête principale, une trentaine si vous farmez un peu la mission principale + quelques quêtes secondaires. Et largement plus pour le 100%, qui consistera à trouver toutes les médailles, faire toutes les quêtes secondaires, faire quelques mini jeux d'arcade, de cartes etc, concevoir chaque plat via les ingrédients appropriés, et j’en passe. Perso, j'ai mis 30h environ en prenant mon temps et en faisant un peu plus de la moitié des missions secondaires.

Sachant que la difficulté est présente avec un bon cap d’évolution, pour éviter la frustration. Les ennemis et boss ne vous feront pas de cadeaux pour la plupart et il faudra bien vous préparer. Mais dans tous les cas, la durée de vie est très bonne, de même que le rythme du jeu qui donnera toujours envie d’avancer pour savoir la suite des événements de l’histoire.

Bilan des courses, je m’attendais à un RPG sympathique sans être marquant et 100% pompé sur Paper Mario 1 et Porte Millénaire. Finalement c’est l’inverse qui s’est produit : Bug Fables s’inspire certes beaucoup des 2 opus d’Intelligent Systems mais il le fait tellement bien qu’il arrive à s’en émanciper totalement.

Mieux, on pourrait limite le considérer comme un vrai Paper Mario 3 de par son gameplay RPG encore plus abouti et plus riche, son scénario et univers très travaillé qui passeront par toutes les émotions, sa réalisation graphique et sonore d’excellente qualité si on apprécie évidemment ce style visuel à base de papier, et surtout les insectes personnifiées dans leur monde et société à eux.

Les aventures de Kabbu et Vi sont maîtrisées, accrocheuses et on a toujours envie de savoir ce qui va se passer pour eux, de les faire évoluer via ce gameplay RPG propre aux RPG Mario et qui renouvelle sans arrêt les combats.

L'un des reproches que l'on peut faire à Bug Fables, c'est que le jeu ne soit disponible qu'en anglais. Pas un anglais très difficile à comprendre ensuite, mais une traduction française aurait été vraiment la bienvenue. Peut être plus tard ?

Bref, c’est avec un grand vide existentiel que je laisse derrière moi Bug Fables et ses personnages attachants qui m’ont accompagné tout le long. Le soft de Moonsprout Games fait clairement partie maintenant de mes RPG préférés evers, et a fait l’exploit de battre Paper Mario la Porte Millénaire, pourtant déjà méga qualitatif et qui m’avait énormément marqué.

J’ai maintenant hâte à la version physique du jeu par Limited Run Games, et le refaire direct sur Switch en Hard Mode !

Nono