Après 7 ans de bons et loyaux services, Child of Light est le jeu qui aura réussi à YLOD ma PS3. Alors, rien que pour ça, je lui devais bien une petite critique.
Comme pour beaucoup de personnes, c'est le moteur qui m'a vendu le jeu. L'Ubi Art Framework fait une nouvelle fois des merveilles, couplé qu'il est avec une direction artistique de très haute volée. Néanmoins, sa sortie approchant et le manque de communication n'aidant pas, j'ai commencé à avoir peur qu'il ne soit qu'une belle coquille vide. Les premiers test, 24h avant l'arrivée de mon édition collector, furent rassurant. Puis vint le test de Gamekult, qui semblait confirmer certaines de mes craintes. Bref, si j'avais très envie d'y jouer, je n'étais pas non plus des plus confiants. Il allait falloir me convaincre.
Le début du jeu est - comme beaucoup l'ont déjà - dit très contemplatif. Pas exceptionnellement passionnant, un peu soporifique pour être totalement honnête, mais tout de même plaisant. Et puis on avance, on obtient le pouvoir de voler, et on est alors libre d'explorer les moindres recoins du monde ouvert de Lemuria, d'accomplir les quêtes annexes et de débusquer les Boss cachés. Les combats (en mode difficile) deviennent bien ardus, et une grosse partie du plaisir de jeu se situe dans la tension qu'ils peuvent des fois faire naître. Je pense réellement que faire le jeu en mode normal ôte une grosse partie du plaisir ludique, tant celui-ci se situe dans les affrontements, au système certes (parait-il) complètement pompé sur Grandia, mais in fine terriblement efficace.
L'histoire est quant à elle de prime abord simplette, et ne retient l'attention que de par ses dialogues, entièrement écrits en vers. C'est un délire qui force le respect, mais qui m'a semblé presque prétentieux au départ, tant cela n'était pas nécessaire. Et puis, l'histoire évoluant, Aurora rencontrera de nombreux personnages, tous très charismatiques, et les dialogues en vers trouveront alors réellement une signification, et apporteront énormément à ce conte, tant au niveau de la narration qu'au niveau de l'onirisme et des humbles émotions ressenties.
Child of Light accuse néanmoins un problème majeur : je ne peux m'empêcher de penser à quel point il aurait pu tutoyer les sommets avec seulement 6 mois de développement en plus. Le jeu a été réalisé en environ un an, ce qui est extrêmement court. Et le travail accompli en si peu de temps force le respect : les environnements sont très variés et détaillés, le jeu est long (une vingtaine d'heures en difficile), le travail d'écriture remarquable, l'écosystème intéressant... Mais les ennemis deviennent rapidement redondants, tout comme les musiques qui, bien qu'elles soient excellentes, bouclent souvent un peu trop. De même, les Boss se ressemblent souvent beaucoup (l'hydre, le dragon, l'ogre...) et le système de combat n'est pas optimisé au maximum : les montées en level sont très rapides, et du coup nos personnages gagnent constamment en puissance. Mais cette montée s'effectuant en pente très douce, on a finalement quasiment jamais l'impression de grimper un pallier.
Enfin, les affrontements à 2 contre 3 deviennent vite assez limités, notamment vers la fin, lorsque l'on est très fort et qu'on connait tous les ennemis par cœur. J'aurais aimé avoir des batailles plus massives, avec de nouveaux ennemis remplaçant ceux tombés au combat. Ainsi, sachant qu'on aurait eu X et Y à affronter une fois Z mis hors jeu, il aurait fallu échafauder des stratégies plus complexes, afin par exemple de ne pas avoir trois ennemis trop puissants en même temps, ou alors amener les faibles à l'électricité ensemble afin de concentrer les dégâts, ce genre de choses. Enfin, on a des fois l'impression que quelques passages ont été retirés du jeu, ce qui est un peu dommageable, et un tantinet inquiétant quand on sait que des DLC sont prévus.
Malgré tout cela, ce problème majeur de finition n'aura eu qu'un impact mineur sur ma propre expérience de jeu.
Child of Light ne touchera donc pas tout le monde de la même manière. Certains seront rebutés par ses défauts et n'y prendront pas ou peu de plaisir. Et beaucoup d'autres arriveront à passer outre, et à profiter de ce conte interactif aux personnages terriblement attachants, aux magnifiques décors et à l'ambiance merveilleuse. En ce qui me concerne, j'ai vu les défauts, et ils m'auront des fois un peu gênés, mais de manière insignifiante par rapport à l'immense plaisir que j'ai pris à vivre cette aventure, du début à la fin. Alors va, enfant de lumière, je ne t'en veux point. Tu m'auras apporté plus que tu ne m'auras pris et, à la manière d'un conte, ensemble nous avons traversé les épreuves et vaincu les ennemis.
