Attention, cette critique va beaucoup se focaliser sur l'ambiance du jeu et ses défauts, sans s'étendre beaucoup sur le système de combat au corps à corps ou des outils d'analyse lors des enquêtes sur le terrain.

Dans Condemned, vous incarnez Ethan Thomas, agent du FBI pistant un serial killer dénommé le Match Maker, dont la particularité est de mettre en scène ses cadavres entouré de mannequins de supermarchés. Au début du jeu, il inspecte un de ses meurtres, quand il comprend que le Match Maker est encore dans le bâtiment. Accompagné de deux policiers Ethan le pourchasse mais ce dernier va réussir à l'assommer et à tuer les policiers à l'aide de son propre pistolet.

Accusé de meurtre, Ethan n'a plus d'autres choix que de fuir la police et mener son enquête de son côté.

Voilà pour le scénario général. Mais le postulat de base est beaucoup plus intrigant : une épidémie d'oiseaux qui les tue sans raison dans les quartiers dangereux de la ville, des clochards devenus agressifs et violents, un tueur en série, des gens qui observent Thomas et le surveillent depuis des jours sans qu'on sache pourquoi, le tout saupoudré d'une pincée de surnaturel. (Et encore je ne dis pas tout, mais je vais pas spoiler).
Enfin la trame de base est dense, les questions soulevées multiples, et on suit l'histoire avec grand intérêt.


== LES POINTS POSITIFS ==

Bon, je vais commencer par les plus, car bien que ce soit une expérience intense et un jeu qui me restera en mémoire pour tous ces « bons » moments vécus avec, il est bourré de défauts pouvant être rhédibitoires.

Condemned fait peur. Très peur. C'est un jeu fonctionnant énormément sur son ambiance, domaine où il réussit parfaitement son job, que ce soit par les graphismes, l'ambiance sonore, ou les différents « évènements » qui arrivent pendant le jeu.

Je félicite le travail des développeurs pour réussir à nous rendre un lieu glauque quel qu'il soit, sans pour autant recourir à une excuse surnaturelle à la Silent Hill. Les lieux que l'on va visiter dans Condemned sont des quartiers abandonnés, une bibliothèque abandonnée, un métro fermé, une école primaire désaffectée ... Tout est prétexte à des décors crades, bourrés de traces d'on ne sait pas forcément quoi et l'univers reste cohérent. Je trouve le jeu « beau », si on peut dire que « beau » c'est taches de sang sur les murs, tags et consorts.

Par contre, décors abandonnés oblige, il fait perpétuellement noir. Ethan ne se débarassera jamais de sa lampe torche, sans quoi il verrait pas très loin, la plupart de ces lieux n'ayant plus ou peu de lumière. Ce qui ajoute à l'ambiance stressante du titre.

Car si ces lieux sont abandonnés, ils ne sont pas vides pour autant. Ethan va avoir quelques ennemis sur sa route, majoritairement des clochards devenus fous et fonçant sur lui avec tout ce qu'ils peuvent trouver à portée (ça peut aussi bien être un bout de bois qu'une hache).
Mais cela nous force à rester sur le qui-vive. Il peut arriver d'entendre au détour d'un couloir un souffle haché, des bruits étouffés de pas, un rire, ou une vitre qui se casse dans les environs. Là, le joueur ne se sent plus très tranquille et il a raison : la menace rode et se cache souvent terriblement bien dans les ombres, certains débarquant soudainement par derrière, filant une des multiples trouilles que le joueur va connaître.

Car si le jeu a une telle ambiance c'est beaucoup grâce un travail fait sur les sons. Incroyable. Attendez-vous souvent à vous retourner et scruter intensément les environs une fois que vous aurez entendu un bruit de verre cassé, avant de vous rendre compte qu'en fait c'était vous-même qui aviez marché sur un bout de verre.

Enfin, les nombreux évènements flippants du jeu ... Ooooh je ne les calcule plus. A cause de ces satanés clochards, vous serez toujours sur le qui-vive, à l'affut du moindre bruit. Condemned est un jeu très très stressant, vous regretterez chaque ouverture de porte, chaque détour de couloir, chaque bruit sourd ...
Il faut dire que contrairement à un FPS normal, les ennemis sont plutôt rares. Vous pouvez passer de longs moments à avancer dans le jeu sans rencontrer qui que ce soit. Ce qui est encore pire, car on est perpétuellement à l'affut. Mais les clochards ne font pas tout ! Plus loin dans le jeu apparaîtront des humanoïdes étranges et difformes, mais tout aussi belliqueux.
Et c'est sans compter les hallucinations dont fera preuve Ethan, amenant le passage le plus effrayant que j'aie connu dans un jeu vidéo, j'ai nommé la séquence des mannequins.

ET EN PLUS, non content de nous faire flipper constamment mais de manière sourde, le jeu est ponctué de passages BOUH-esques, avec des gens qui apparaissent soudainement de n'importe où.

Enfin, pour finir, car Condemned n'est pas qu'un jeu d'ambiance, il y a aussi des combats dans son dedans. Je voulais juste dire que c'était les combats les plus « forts » que j'ai vécu. Ethan est généralement sans arme et doit se saisir de tout ce qu'il peut trouver pour se défendre : tiroir de bureau, canalisation de gaz, bâton de bois ... Du coup les combats sont généralement au corps à corps, et croyez-le ou non on sent la force du coup aussi bien quand on tabasse que quand on se fait tabasser.

Voilà pour les plus. Condemned est un jeu qui se vit, d'autant plus que moi je vis encore plus les jeux en vue FPS. Car je peux dire sans détour que Condemned m'a fait plus peur que Silent Hill, sisi !
En tout cas rien que pour ça il faut y jouer, malgré les défauts. Et des défauts, y'en a des méchants.


== LES POINTS NEGATIFS ==

Commençons par ce cher Ethan. Alors on est fort, beau, on travaille au FBI, c'est classe ! Par contre tu sais pas sauter ? Oh bah c'est ballot ça. Tu sais t'accroupir au moins ? Non plus ? Mon pauvre !
Eh oui, Ethan ne sait pas sauter ni s'accroupir, sauf les rares fois où le jeu le propose. Cela pourrait encore passer si par contre le level design n'utilisait pas putassièrement ces non-possibilités de notre personnage. Un bureau vous empêche d'aller dans LA pièce où il faut aller ? Qu'à cela ne tienne, au lieu de passer dessus ou de le déplacer (des fois, on a le droit de déplacer des bureaux, des fois pas), Ethan devra descendre à la cave pour trouver une échelle qui le fera sortir de l'autre côté du bâtiment, pour enfin arriver de l'autre côté de la salle. Et là il lui sera enfin donné l'occasion de bouger le meuble, bizarrement, pour débloquer l'endroit où on était avant.
Oui c'est n'importe quoi. Et ça n'arrive pas qu'une fois dans le jeu. Saviez-vous qu'Ethan ne pouvait pas aller ouvrir une porte située au fond de la pièce parce qu'il y a des photos accrochées sur une ligne à l'aide de pinces à linge ? Des PHOTOS. Aussi fortes qu'un mur pour notre héros super fort du FBI \o/

Sans compter certains déplacements douteux. Le personnage ne marche pas très vite de base et peut courir (jauge d'endurance oblige, c'est rarement long). Mais des fois, Ethan doit monter des escaliers. Et là on dirait ma mamie qui monte des escaliers. Ce qui est aussi très débile car au début du jeu vous devez poursuivre un mec dans le métro et pour cela il vous faudra descendre ou monter des escaliers. Sachez qu'il est impossible de courir dans les escaliers, du coup on verra Ethan se diriger vers les escaliers en courant vite pour ensuite monter marche par marche à 2 à l'heure, avant de recourir comme un taré. OK.

Je passerais en vitesse sur l'aspect enquête policière du jeu, critiqué souvent pour sa linéarité. En effet, pendant le jeu on pourra analyser des taches de sang, chercher des empreintes ... Bonne idée sur le papier, dans le jeu ça consiste à appuyer sur la touche T quand le message « Oh il y a quelque chose à chercher » apparaît. Ethan sort alors automatiquement le bon outil pour dénicher ses preuves. On n'a plus qu'à faire deux-trois pas en regardant à droite à gauche et l'on trouve ce qu'il faut analyser.
Personnellement finalement ça ne m'a pas plus dérangé que ça, notamment parce que ces passages étaient de réelles bouffées d'air frais entre deux moments flippants, ça faisait du bien.

Je terminerais dans les défauts sur la fin du jeu, en terme d'ambiance et de scénario. Un gâchis comme j'en ai rarement vu.
Je ne comprends pas ce qui a pris aux développeurs soudainement de saborder autant leur jeu. D'un jeu d'ambiance, où chaque pas vous coute deux battements de cœur, le jeu vire soudainement à Ethan contre les 800 clochards. Un déferlement de monstres et de clochards vous tombe soudainement sur la gueule, et tout ce que vous avez à faire c'est avancer en frappant, tout le temps. Le problème c'est que les ennemis sont très très nombreux et puissants.
Alors déjà, renier tout ce qu'on a vécu précédemment pour en faire un jeu bourrin ça fait mal, mais en plus pour en augmenter considérablement la difficulté, non merci.

Pour ce qui est de l'histoire, débrouillez-vous. Le jeu a esquissé plein de pistes, il y a plein d'intrigues intéressantes, mais finalement vous ne saurez rien ou pas grand chose. Pourquoi les clochards sont fous ? Et les oiseaux ? Pourquoi ces éléments surnaturels ? Que voulait-on à Ethan Thomas exactement ?

Tant de questions sans réponse, pour une histoire finissant bêtement sur une traque de serial killer, alors que tout le jeu n'arrête pas de nous faire croire que c'est plus que ça.

Gâchis gâchis gâchis.

Mais malgré tout, Condemned c'est 90% de « fun », si on aime avoir peur dans un jeu. Si c'est votre trip, alors essayez-le, j'ai rarement rencontré des jeux aussi bien pensés de ce point de vue là.

Je conseillerai, si toi aussi tu aimes tabasser les clochards.
Rakanishu
9
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le 2 août 2010

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Rakanishu

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