Rien qu'à voir ce titre à rallonge , vous vous dites qu'il faut être fou pour nommer un jeu ainsi. Et ce d'autant plus sur Vita, console aux ventes modestes . Eh bien justement, du fait de sa relative confidentialité, c'est le support idéal pour tenter des genres un peu boudés par le grand public, notamment des visual novels. Mais disons le tout de suite, avec DanganRonpa, la portable de Sony accueille bien plus qu'un visual novel.

Bienvenue dans le lycée «  ultime ».
Vous êtes Makoto Naegi, un lycéen qui a reçu une lettre comme quoi en guise d'étudiant « le plus chanceux » du monde, se retrouve convoqué dans l'école la plus prestigieuse du pays, la Hope's Peak Academy. C'est non sans appréhension que notre adolescent, qui se décrit comme n'ayant rien d'extraordinaire, s'y rend. A peine a t-il franchi le portail de la cour qu'il perd connaissance. A son réveil, il se retrouve en compagnie de 14 autres étudiants, qui ne savent pas non plus ce qu'ils sont venus faire ici. Leur point commun, c'est qu'ils ont tous quelque chose « d'ultime ». En effet, nous avons, entre autres, « l'ultime » chanteuse d'un groupe de J-Pop, Sayaka, « l'ultime » joueur de baseball, Léon, Toko « l'ultime » auteure de romans à l'eau de rose à succès, qui est, de plus, asociale, « l'ultime » créateur de fan-fictions...Et j'en passe. Il n'y a que Kyoko qui a « l'ultime » on ne sait quoi.
Tout ce petit monde apprend bientôt qu'ils sont prisonniers de cette école, et qu'ils sont forcés de vivre ensemble, surveillés de très près par Monokuma, un ours en peluche (!) à double face qui veut faire de cette école celle du « désespoir ». Ce méchant nounours va tout faire pour les malmener briser la solidarité qui s'est créée entre les étudiants pour tenter de s'en sortir. Pire encore, l'ours leur dit que s'ils veulent sortir de cet endroit, ils devront commettre un crime. C'est à dire, tuer un des leurs, et gare à ceux qui refusent les règles, la peluche sadique ayant suffisamment de joujoux pour décimer une armée... Vous voilà prévenus...

Monstre Academy
DanganRonpa présente un mélange des genres assez savoureux. La structure du jeu se compose de 6 chapitres principaux qui se décomposent comme de suit : en premier lieu, vous vivrez les journées avec vos camarades. Vous commencez chaque journée par les retrouver au réfectoire, et en profitez pour faire le point. Après, vous êtes soit libre d'explorer l'académie, ou de passer du temps avec un de vos compagnons, lorsqu'ils ne vous demanderont pas parfois de les accompagner. Le soir, seules quelques parties des locaux sont accessibles. Puis,suite à un événement, un meurtre sera commis et c'est là que se déroule le gros du jeu. En effet, lorsqu'il y a un crime, celui qui l'a commis est « noirci », c'est à dire invisible par rapport aux autres. Vous devrez donc mener une enquête et récolter des indices pour progresser. Une fois tous les indices trouvés, le procès a lieu,et les autres étudiants sont chargés de se juger les uns les autres, Monokuma assistant au débat et pouvant apporter des réponses sur certains points, sans intervenir vraiment sur les débats. Le procès ne peut se conclure que sur deux issues possibles : soit le véritable coupable est découvert, et dans ce cas, il est « puni », c'est à dire exécuté de façon violente par l'ours en peluche,et devant témoins. Si le joueur fait de mauvaises déductions, c'est le jury qui sera exécuté, permettant au meurtrier de s'en sortir. Il y a trois phases dans les procès : Il y a tout d'abord les débats : vos camarades discutent entre eux à tour de rôle, les phrases s'affichant à l'écran, et certaines sont fausses. Vous devez trouver lesquelles parmi les affirmations de vos amis, et vous avez pour cela des « balles », chaque indice récolté après l'enquête se transformant en munitions pour «  flinguer » les élucubrations de certains. Si vous trouvez la bonne phrase, le débat s'interrompt et donne lieu à une phase de dialogue, où vous serez amené à faire des déductions ou présenter des preuves. Si vous vous trompez, vous perdez un cœur d'énergie. Vous regagnez un demi-coeur dès que vous présentez un bon indice. Si vous ne faites rien, la phase se répétera jusqu’à épuisement du temps imparti en haut de l'écran. Heureusement, vous en aurez largement pour vous en sortir, du moins en mode de difficulté standard. Vous pouvez accélérer certaines phases en maintenant le bouton Rond enfoncé, ou ralentir le temps au besoin en appuyant sur la touche R de la console. Mais cette dernière fonction vous coûtera des étoiles de concentration, qui se regagnent avec le temps. Plus vous avancez, plus le jeu vous mettra des bâtons dans les roues comme plusieurs balles ( à vous de choisir la bonne) ou des phrases « parasitées » que vous pouvez détruire pour gagner quelques secondes, si vous détruisez la mauvaise, vous avez 5 secondes de pénalité.
Une autre phase qui se déclenchera parfois est celle du mot à trouver : vous verrez des lettres apparaître sur l'écran et tirer sur les bonnes lettres donnera un mot crucial pour la suite.
Il arrivera aussi qu'un de vous camarades ne soit pas d'accord avec vous. Dans ce cas, il se déclenchera une «  battle » verbale dans laquelle vous devrez cibler, puis détruire selon un tempo qui pourra s’accélérer ou ralentir, ses arguments. Si vous y arrivez, vous continuez, sinon...
Concrètement, cela demande un temps d'adaptation. Les différentes mécaniques et le fait que le jeu en rajoute au fur et à mesure font que c'est parfois assez obtus à saisir. Il faudra aux joueurs trois ou quatre essais avant de vraiment comprendre le principe d'une phase.
En gros DanganRonpa, c'est du Phoenix Wright en plus complexe et long, et ce n'est pas forcément un mal,avec un zeste de Persona pour les relations entre les personnages, qui vous rapporteront des bonus, le tout dans un ambiance à la Saw (il n'y a qu'à voir le sadisme des exécutions).

Messieurs les jurés...
Au niveau de la réalisation pure, c'est vraiment pas mal fait. Les phases 3D d'explorations ont lieu dans des décors un peu vides, mais les personnages, vraiment stéréotypés sont vraiment drôles dans leurs looks et leurs attitudes. La musique ajoute grandement à l'ambiance, tant elle est bien faite et on peut la télécharger en libre accès.
Mais il y a aussi deux points forts sur lesquels DanganRonpa fait plus que se défendre : la première, c'est la durée de vie. Le jeu est long, comptez bien 20 à 30 heures pour le boucler sans compter vos erreurs que vous pouvez commettre.En effet, les procès étant construits en phase, en comportent souvent au moins une dizaine, voire plus.C'est dire si ça dure longtemps.
Cette durée de vie est due à un scénario vraiment très bien écrit et maîtrisé. Ce huis-clos barbare est emmené par une peluche sadique qui, si elle tire souvent vers le gore fait aussi dans le comique. Certaines situations sont vraiment drôles, et c'est parfois Monokuma lui-même qui arrivera à faire rire le joueur On ne sait jamais quand ce détraqué va faire une apparition. Saloperie de peluche. Mais je vous assure que certaines scènes restent gravées après avoir éteint la console, provoquant même parfois un sentiment de malaise. Les allusions au sexe, à des sujets sensibles, sont nombreuses et bien amenées. Les retournements lors des procès sont également légion, ce qui ajoute du piment à l'histoire. Le coupable n'étant pas forcément celui qu'on croyait être au départ. Et donc, le jeu a aussi les défauts issus de ses qualités : ça parle beaucoup, le jeu étant un visual-novel, donc vous allez en lire, des dialogues. De plus, le jeu est resté en anglais, ce qui restreint encore plus sa cible, déjà que le genre s'adresse à une niche : en effet, il faut pouvoir comprendre ce qui se dit et si vous n'êtes pas à l’aise dans la langue de Shakespeare, vous risquez d'être vite largué. Le titre a une linéarité certaine, également, cependant, j'ai pu lire que le second épisode également prévu pour la fin de l'année sur la console le sera moins.
De plus vous pouvez régler les modes de difficulté, pour les actions et les énigmes allant de « gentle » ( « gentil ») à «  Kind » ( « sympa ») et «  mean » ( « méchant »), le tout de façon séparée. Le jeu n'est pas très punitif en difficulté standard, si vous échouez, vous pourrez reprendre à la phase du procès où vous avez échoué, le plus souvent par mauvaises déductions ou dans la phase de « battle », rarement par manque de temps, le compteur étant généreux.

Verdict : (et je crois que c'est approprié dans ce cas, en plus)
DanganRonpa Trigger Happy Havoc s'impose comme un très bon jeu sur Vita, malgré une certaine répétitivité et linéarité, certains défauts étant dus au genre. Cependant, il se rattrape par une durée de vie excellente et un scénario très bien écrit et mis en scène. Un jeu de massacre tout simplement machiavélique dans votre console. Jouez à DanganRonpa, et vous ne regarderez plus jamais un ours en peluche du même œil...
Julius
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le 20 févr. 2014

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Julius

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