Il aura donc fallu presque cinq années de développement pour que Death Stranding voit enfin le jour. Cinq années de teasing parfaitement mené de main de maître par le maestro qu'est Hideo Kojima. On le sait depuis longtemps maintenant, Kojima est un expert pour distiller des informations au compte goûte pour intriguer les joueurs jusqu'à la date fatidique de la sortie du jeu. Depuis la série des Metal Gear Solid, la formule n'a pas changé; Moins on en sait, mieux cela surprend. Et on est rarement déçu. Reste à savoir si la formule a de nouveau fonctionné.


Alors Death Stranding, ça raconte quoi ?
Pour faire simple et sans trop en dévoiler, il s'agit d'un jeu qui se déroule dans un monde post-Apocalyptique. Le Death Stranding est un événement qui a eu lieu avant le début de l'histoire. Le monde des morts (Pour faire simple) est venu se superposer au monde des vivants, ce qui a eu pour effet de créer des apparitions fantomatiques appelés les échoués partout dans le monde. Gros problème, si un humain entre en contact avec ces "fantômes", un phénomène se produit, la néantisation, une sorte d'explosion nucléaire dévastatrice. Ce qu'il faut retenir de cela, c'est qu'à la suite de ces événements, l'humanité s'est scindé et les survivants se sont réunit dans des villes fortifiées pour vivre cloîtrés. De fait, un énorme marché de livreur s'est développé. Certains téméraires font des voyages entre les villes pour fournir des vivres et autres matériaux pour entretenir ces lieux de vie précaire. Sam, un de ces fameux livreurs, va se retrouver, par la force des choses dans une quête pour réunifier les villes des Etats-Unis et ainsi recréer les liens de l'humanité. Sa seule arme pour survivre résidant dans un enfant éprouvette qui a la capacité de détecter les échoués.


Au delà de ce scénario étrange et de son développement audacieux, Death Stranding jouit d'une direction artistique incroyable. Au sens large du terme, tout y est calculé au millimètre pour offrir une expérience surprenante. Portée par le moteur Decima, une évolution du moteur de Horizon Zero Dawn, le jeu affiche d'incroyable environnements, vastes, beaux et directement inspirés principalement de l'Islande. A celà vient s'ajouter un casting d'acteurs tout aussi incroyable. Que ce soit Norman Reedus, Mads Mikkelsen, Guillermo Del Toro ou encore Lea Seydoux pour ne citer qu'eux, ce casting cinq étoiles fait mouche tant le rendu à l'image est saisissant de réalisme, les émotions passent et on a le droit à de vrais jeux d'acteurs en image de synthèse.
Impossible de ne pas citer l'incroyable bande son du jeu, portée en majeur partie par Low Roar, un excellent artiste que je vous conseil d'écouter sans modération. Cet américain exilé en Islande depuis maintenant plusieurs années produit une musique inspirée et pleine d'émotions qui colle à la perfection avec le propos et l'univers de Death Stranding. D'autres groupes s'additionnent à cette bande son pour rendre un tout en accord total avec le titre.


Ceci dit, Death Stranding est-il un bon jeu pour autant ?
La question est délicate. Tout dépend de votre vision du jeu vidéo. Si vous cherchez un divertissement immédiat avec de l'action, si vous êtes un adepte de jeux frénétiques ou de plaisirs vidéo ludiques immédiats, vous allez probablement détester Death Stranding. Mais si, dans la même lignée qu'un Metal Gear Solid, vous aimez les jeux invitant à la réflexion sur notre société actuelle et sur le rôle de chacun dans le monde dans lequel nous vivons, Death Stranding risque de vous happer. De plus, même si le jeu possède sa dose d'action, il s'agit très clairement d'un jeu contemplatif. Et comme les précédents jeux d'Hideo Kojima, vous allez parfois lâcher votre manette un moment pour suivre le scénario dans de longues cinématiques narratives. Ici, on ne joue pas plus à un jeu qu'on vit une expérience cinématographique. Après tout, Kojima n'a jamais caché son amour inconditionnel pour le septième art.


Tout ce que les détracteurs du créateur japonais lui reprochent depuis des années, est encore plus marqué dans Death Stranding. De très longues cinématiques, beaucoup de dialogues, un gameplay presque secondaire. Mais si au delà de ces travers vous réussissez à accrocher au jeu, Death Stranding risque de vous captiver. Chaque personnage à une histoire qui se développe au fur et à mesure. Le scénario, bien que parfois extrêmement dense, reste accrocheur du début à la fin.


Le jeu n'en est pas moins exempt de vrais défauts, à commencer par la prestation absolument agaçante de Lindsay Wagner. C'est LE personnage niais et énervant du casting qui a un développement exécrable du début à la fin, et son rôle est central dans le scénario. Heureusement le reste du casting étant quasiment parfait, sa contre-performance est perçu comme une excentricité mal amenée du réalisateur.


On note aussi que les quatre dernières heures de jeu sont particulièrement éprouvantes. On sent une réelle envie d'Hideo Kojima de clôturer avec éclat son jeu. De fait, beaucoup de séquences sont trop expliquées et d'autres sont très vites passées sous silence pour garder une part de mystère. On a donc une fin très dense en informations, très fournit en révélations qui donnent un goût de trop, une overdose de sensations parfois contradictoires. Au final, le scénario de Death Stranding n'est pas très complexe mais la façon dont il est amené l'est bien plus. Hideo kojima nous transmet sa vision du monde en filigrane, un propos qui est la continuité de ce qu'il transmettais déjà dans les Metal Gear, sa vision n'a pas changé si ce n'est qu'il amène ici quelque chose d'assez nouveau dans son traitement. Une vision bien plus positive en fin de compte de l'humanité et sa captacité à se reconstruire dans l'adversité.


Death Stranding est, comme on pouvait s'en douter avec les derniers trailers précédant sa sortie, un jeu concept. Un jeu auquel vous n'avez jamais joué auparavant, soyez-en certains. Tant techniquement que dans le traitement de l'action ou même dans son scénario, tout y est atypique. Avec ce genre de partie pris, autant dire que vous allez adorer ce jeu comme il est possible que vous le trouviez détestable. Mais définitivement, jouez-y, c'est une expérience quoiqu'il arrive.

Phiron
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes E3 2016 : Les jeux les plus marquants et E3 2018 : Les jeux les plus marquants

Créée

le 13 nov. 2019

Critique lue 453 fois

Phiron

Écrit par

Critique lue 453 fois

D'autres avis sur Death Stranding

Death Stranding
_arabiianprince
9

La corde et le bâton (dans la gueule)

Voici enfin Death Stranding, le fameux jeu devant représenter la renaissance d’Hideo Kojima après s’être gentiment mis à la porte de Konami suite à l’une des affaires les plus incroyables du monde du...

le 17 nov. 2019

52 j'aime

10

Death Stranding
Taff
4

Achetez le d'occase au pire.

Le saviez-vous ? J'ai toujours rêvé d'être testeur de jeu vidéo, donc aujourd'hui je vais tester DEATH STRANDING (et raconter un peu ma vie tant qu'à faire) « Suis tes rêves ! », c'est un des trucs...

le 15 nov. 2019

45 j'aime

23

Death Stranding
Moizi
9

Aussi bon que con

C'est très rare que je m'intéresse aux exclusivités Sony, mais Death Stranding m'intriguait et j'ai été ravi de voir qu'ils allaient le porter sur PC. Il faut dire qu'en voyant les images je ne...

le 2 sept. 2020

44 j'aime

10

Du même critique

Perdus dans l'espace
Phiron
3

"La SF pour les nuls"

C'est comme ça qu'on aurait pu sous-titrer Perdus dans l'espace. Quand on part sur une idée de scénario déjà 1000 fois traitée, il y a deux solutions. Soit on fait quelque chose d'inintéressant ,...

le 14 avr. 2018

31 j'aime

3

Altered Carbon
Phiron
9

Ain't no grave can hold my body down.

A l'heure où Netflix nous pond une série par week end. Voici que ces derniers décident de s'attaquer à une thématique canon de la science-fiction. Il le fallait bien, après avoir (trop) donné dans le...

le 3 févr. 2018

9 j'aime