Bon autant le dire de suite, je n'ai pas joué aux précédents Deus Ex et je ne compte pas le faire. Ce jeu est donc ma première incursion dans ce monde cyberpunk (mais pas vraiment) où les transhumanistes seraient aux anges.

Un des points originaux de Deus Ex : Human Revolution (DEHU) vient de son contexte, nous sommes plongé en plein dans une guerre d'espionnage industrielle (plutôt violente) qui sévit entre les grandes sociétés concevant des augmentations humaines. Le héros, Adam Jensen, est impliqué professionnellement car responsable de la sécurité d'une de ces entreprises, Sarif Industries, et personnellement car une proche à lui est victime de cette guerre au début du jeu.

DEHU est un jeu qui fait rêver, le héros est bourré jusqu'à la moelle d'augmentations, il peut voir à travers les murs, avoir un téléphone implanté dans le cerveau pour communiquer en toute discrétion, un dispositif anti-gravité peut lui permettre de chuter de n'importe quelle hauteur, il dispose de poumons modifiés pour pourvoir absorber des gaz nocifs ou encore un corps pouvant subir sans broncher des chocs électriques importants, et j'en passe.
Le joueur pourra ainsi au cours de la partie en gagnant des niveaux activer ces différentes améliorations, chacune lui ouvre de nouveaux horizons et de nouvelles possibilités de progression à travers les niveaux du jeu.

Justement le level design est d'une qualité indéniable, il s'adapte très bien aux différentes augmentations et le joueur dispose d'une liberté conséquente quant au choix du parcours à prendre pour arriver à ses fins, un bon pirate pourra s'ouvrir de nombreuses portes, un gros bras cassera les murs ou déplacera de gros objets pour se frayer un chemin, on peut aussi se la jouer bourrin et dézinguer à tout va, ou être une ombre invisible et passer sous le nez des gardes, chaque augmentation est gratifiante.
Cependant les niveaux aussi ouverts en terme de possibilités soient-ils sont assez similaires, il y a énormément de bureaux en open space, et les couloirs qui vont avec, beaucoup de hangars de stockages et enfin deux villes assez sombres toute en hauteur où il ne fait pas bon vivre qui regorgent de ruelles étroites.
Aficionados de la nature s'abstenir.

Très bon point : le jeu pose son identité visuelle, le ton noir et or omniprésent est reconnaissable au premier coup d'œil, que ce soit les menus ou les décors on dénote cette touche. Cela donne un cachet certain au jeu mais étouffe la diversité que l'on pourrait attendre, les décors sont froids et un peu répétitifs.

Côté ambiance musicale, la bande son accompagne bien l'univers futuriste de l'œuvre avec des morceaux faisant un peu penser à du Mass Effect.

Niveau gameplay le jeu est magnifié par ses mécaniques d'infiltration, du très bon boulot qui nous change de toutes les tentatives faites par d'autres productions où les gardes ne nous entendent pas alors que l'on marche tranquillement à 3 mètres ou ne disent rien quand ils remarquent le corps de leur collègues. Ici le champ visuel est très bien respecté, passer ne serait-ce qu'une secondes à la périphérie suffit pour alerter, si on laisse un corps trainer aux vues d'autres gardes ou mêmes de caméra et robots de défense, c'est l'alarme assurée. Et celle-ci change les patrouilles des gardes qui dans un premier temps viennent tous dans le coin où le joueur a fait le mariole puis font des rondes dans les alentours avant de revenir (après une durée qui varie mais qui peut être plutôt longue) à leur patrouille initiale. Pour ceux qui recherchent le challenge, le mode de difficulté maximale (Deus Ex), promet une sentence irrévocable, repéré par un robot ou un garde, le héros meure en 2-3 secondes, s'il a toute sa vie, sous le feu ennemi. Le système de couverture est toutefois efficace et bien pensé, les déplacements de cachette en cachette sont fluides et l'augmentation de camouflage rendant invisible consomme énormément d'énergie, n'allouant que quelques secondes de disparition visuelle (mais pas sonore, héhé faut pas déconner). Petit bémol, quand même assez ridicule, les gardes ne rentrent pas dans les conduits d'aération et ne montent pas aux échelles, ces deux éléments deviennent des points de repli rêvés et un peu abusés.

Pour ceux qui voudrait au contraire se la joueur bourrin, le jeu propose un FPS très sommaire qui rempli tout juste son boulot mais ne pose clairement pas le héros en position de force, les armes sont toutefois variés et si le joueur gère bien la place (voir achète des améliorations pour augmenter la taille de son sac) dans son inventaire il pourra disposer d'un arsenal complet où chaque arme peut subir des améliorations basiques (+ de dégâts, + de munitions, silencieux…).

L'histoire et la quête principale sont à saluer, on a plaisir à voguer à travers les méandres du complot, mais au niveau gameplay ce n'est pas vraiment le nirvana, les objectifs sont trop souvent "Va du point A au point B" (certes les moyens de faire ca sont nombreux mais tout de même). Et pour ce qui est des missions secondaires, elles sont variées et complètes mais en trop petit nombre, c'est dommage car le plaisir est vraiment présent lors de celles-ci. En somme le jeu souffre d'un trop peu niveau contenu.
Un défaut notable concernant les missions secondaires réside en l'impossibilité d'accomplir certaines d'entre elle sans un bon niveau de piratage, ainsi le joueur ne voulant pas investir dans ces améliorations se voit bloqué, c'est un peu contraire à l'esprit du jeu.

DEHU regorge de personnages intéressants, les rôles secondaires sont travaillés et bien interprétés, même les PNJ de base disposent tous de lignes de dialogues qui leur sont propres, par contre ils ne sont pas très mobiles. Le jeu dispose de phase de dialogue à choix multiples qui peuvent aboutir à divers effets, ce système est bien réalisé et apporte sa pierre à l'édifice en proposant des réponses et comportements adoptables variés. L'interaction avec les PNJ aurait été un sans faute si l'animation faciale avait suivit, c'est avec regret et parfois une envie de rire que l'on regarde le mouvement des lèvres totalement en désaccord avec le travail de doublage des acteurs, dommage.

Quelques mots sur le DLC le chaînon manquant : Contrairement à beaucoup de personnes je n'ai pas ressenti l'ellipse quand j'ai joué à la campagne principale. Le Chainon Manquant (CM) s'imbrique en effet entre deux chapitres de l'histoire principale. De qualité exemplaire, son histoire est appréciable et sa durée de vie très correcte, mais c'est quand même un peu rude de repartir à zéro en ce qui concerne les augmentations, vu que l'on ne peut pas utiliser sa sauvegarde du jeu complet.
Eorak
7
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le 15 janv. 2013

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Eorak

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