Je n'ai jamais touché à Far Cry 1 ou 2. Mais quand j'ai vu les trailers de ce 3e épisode, j'ai vraiment eu envie d'y toucher. Comprenez bien : un FPS promettant une telle liberté, un tel décor, une telle faune, une telle ambiance, un tel bad guy, ça ne se refuse pas ! Si effectivement le jeu possède des qualités indéniables, FC 3 donne un bon aperçu de la définition qu'Ubisoft se fait du monde ouvert, et plus globalement de sa politique AAA au sens large. Et ça ma foi, ça passe ou ça casse. Voire : ça lasse. J'ai beau avoir passé 60h sur le jeu, je n'irai pas jusqu'à le recommander.


Voyons ça plus en détails.


Alors certes vous allez me trouver un brin masochiste de me perdre autant dans un jeu que je note 4/10, mais entendons nous bien, tout n'est pas à jeter dans FC3. En effet, et c'est là la grande force (la seule ?) des jeux Ubi, c'est que côté environnement, c'est toujours assez chouette de s'y balader. C'est joli tout plein, c'est relativement vivant, on a envie de tout voir. Côté maniabilité sans être awesome ça tient à peu près la route sur les armes, et le nombre et la variété des véhicules est appréciable (un des rares points que Fallout se doit de piquer à FC). Même si j'ai eu du mal à m'y faire au début, le système d'éliminations au corps à corps devient vraiment jouissif à jouer une fois les bonnes capacités débloquées : ils ont réussi à varier et étoffer la chose comme je n'avais jamais vu dans un jeu auparavant, et ça c'est top. J'ai également été agréablement surpris par la gestion du feu et des incendies dans le jeu, première fois que je voyais ça.
A noter de bien fichu également, Vaas (excellent doublage) et la scène d'intro, vraiment bien mise en scène, presque effrayante.
Oh et j'allais oublier : la bande son est vraiment excellente ! Du très mélodique au raggae techno en passant par les sons très bruts (dubstep) des missions qui savent très bien alourdir une situation : j'ai beaucoup aimé l'aspect musical ! Attention par contre aux voix des indigènes enregistrés à la pisse mais bon (on dirait du son venant de cassettes audio des années 90 -_-).


Oui mais voilà, malgré tout, le monde ouvert revendiqué ne l'est en fait pas tant que ça, et 1000 mécaniques viennent nous rappeler tout au long de notre partie que non, on veut bien te faire croire que tu maîtrises ton personnage, mais de là à ce que ça soit vrai, il ne faut pas déconner non plus. Exemples en vrac : vous avez une lampe torche, mais son allumage sera forcément automatique quand le jeu décidera qu'il fait noir (c'est à dire les cavernes et basta, la nuit dehors c'est niet). Une fois une mission engagée (parfois involontairement), surtout interdiction de sortir du périmètre, sinon échec ! Vous avez le loisir de choisir vos armes (youpi), mais en fait non car elles vous seront imposées une fois sur deux (ah). Vous pouvez grimper sur des corniches, mais seulement celles qui sont scriptées (lianes qui dépassent), sinon ben tu restes au sol. Un moment dans le jeu vous débloquerez une compétence pour cacher un corps : super ! Oui mais en fait non : c'est UNIQUEMENT lorsqu'on procède à une "élimination", et UNIQUEMENT en le trainant à reculon, très lentement et à l'aveuglette. Une fois le corps laché, il est impossible le récupérer et/ou déplacer. Quand on sort de Dishonored et de son système hyper confortable, ça fait un choc. Et puisqu'on parle des compétences, est-ce normal dans un jeu qui se dit libre d'avoir 2 crans de vérrouillage dans les branches de l'arbre ? Nom d'une pipe j'ai gagné mes points d'XP, j'invoque le droit de les dépenser ! Autre chose : chaque début de partie, chaque mort nous fera respawner non pas au dernier point de sauvegarde, mais dans une base random que le jeu aura choisi pour nous. Pfff. Et l'on atteint le summum du dirigisme lorsque sur une mission on vous imposera de tirer avec CETTE ARME (un sniper non furtif car hyper bruyant mais oui quelle riche idée), et surtout de CET EMPLACEMENT, au point de vous y clouer sur place. Et tant pis si vous voulez vous mettre à l'abri derrière un mur 2m plus loin, tant pis si vous vous faites alignés et tant pis si le jeu vous interdit de vous soigner.


Évoquons également la gestion désastreuse de tout ce qui est ressources : le jeu regorge d'argent, d'XP et de loot. Qu'à cela ne tienne, ça ne serait pas problématique si le jeu était structuré autour de ça, mais non : la moitié des armes sont offertes dans les magasins (?), la moitié des compétences est verrouillée une grande partie du jeu et 90% du loot n'est en fait que de l'argent déguisé, les 10% restants étant des peaux de bête servant à crafter de l'équipement... qu'on aura débloqué assez vite dès le début du jeu. Du coup, on se balade les poches et sa bourse toujours pleines, invidables et pire que tout : les coffres ne sont pas ouvrables si son portefeuille est plein : un comble !
Et puisque l'on évoque les coffres, la map regorge elle aussi du manque d'idées des développeurs : coffres bourrés de loot inutile, cartes SD qui n'apportent rien, lettres de soldats, et 2-3 quêtes annexes. On pardonnait cette quête au collectible inutile sur AC 1 (les drapeaux) car c'était le premier jeu de la sorte, mais 10 ans plus tard chers amis d'Ubisoft, il va peut-être falloir penser à autre chose pour masquer le vide de vos cartes, certes très jolies mais pas très fournies !


Mais le pire n'est même pas là. Car oui tout ce que je souligne ci-dessus, finalement, ce n'est qu'une histoire de goût, et plaira sûrement à plein de gens. Mais ce fond mes bons amis : ce fond ! Passons outre un scénario qui se prend tellement au sérieux qu'il en devient risible voire nanardesque sur certaines scènes (le héros qui avoue à ses amis americanos qu'il reste sur l'île car c'est "sa place" sans discussion, débat ni argumentation d'un coté comme de l'autre, non mais sérieusement ?), et pointons plus particulièrement ce nauséabond relent de colonialisme que je n'attendais pas du tout de leur part. J'en ai eu les jambes sciées. Nous jouons Jason, un fils à papa de touriste amerloque qui tout au long de la trame va apprendre à vivre aux populations locales, se tatouer comme un vrai ma'ohi, jusqu'à carrément prendre le statut de leader élu protecteur des coutumes de leurs ancêtres (qu'il prend pour siennes) et bla bla bla --> ???
Franchement, je n'ai jamais ressenti un tel malaise dans un jeu, et rien que cet aspect mérite à lui seul de ne pas dépasser la moyenne. Je n'ose pas imaginer les polynésiens (ou autres) qui joueraient à ce jeu, perso à leur place je le prendrais hyper mal. Je me suis quand même renseigné sur ce point, de peur d'avoir mal compris. Alors paraît-il que ceux qui voient du racisme dans ce jeu n'ont rien compris, qu'en fait FC3 est une métaphore et une remise en question de la place du joueur-jeune-blanc-occidental par rapport au jeu, et que toutes les scènes d'hallucinations ne font qu'illustrer ce propos, etc. Bon, pour une fois, je dois me situer dans la team 1e degré, car même en lisant les argumentaires, je n'ai rien ressenti de tout ça en jouant.


Bref, tout pourrait se résumer en une image, qui illustre bien les aventures de Jason "Maori El Blanco" Brody au pays des bons sauvages :


https://media0.giphy.com/media/l0HlKY36PyEotS1Ve/200.gif#3

Kaiser-Panda
4
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le 12 déc. 2016

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Kaiser-Panda

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