Finalement hallucinant

Final Fantasy XIII est un film vaguement interactif qui semble avoir fait tout son possible pour ne pas être apprécié des gens normaux. Comme souvent, bon nombre d'idées de départ sont plutôt bonnes, ici, un univers où les humains sont cocoonés par des espèces d'esprits divins, placés au milieu de leurs disputes et en sont les jouets souvent impuissants. Malheureusement, tout cela est alourdi par une brochette de personnages assez improbables, insupportables, ou les deux. Entre un rasta dont la chevelure sert de nid à un poussin, le boloss blondinet qui a fauché son imperméable à Nestor Burma, un ado en pleine crise incapable d'être raisonnable et une jeune fille dont la doubleuse a visiblement eu pour instruction de jouer comme dans hentaï, il ne reste que deux personnages vraiment attachants. Outre que c'en devient franchement embarrassant, tout ce petit monde récite à longueur de cinématiques, elles-mêmes assez longues et nombreuses, tout un tas de poncifs et de clichés, abaissant le film à la hauteur philosophique d'un Café du Commerce. Surtout, l'histoire, portée sur des ellipses osées, est confuse et incompréhensible. Fort heureusement, un petit manuel de propagande (tout y est dit et redit et reredit une dizaine de fois) permet parfois de mieux saisir certaines finesses.

La partie interactive illustre à merveille l'imposture intellectuelle de FF XIII. Alors que le thème central est, semble-t-il, de lutter contre le destin et les desseins des Dieux, le joueur n'a absolument pas le moindre choix dans ses mouvements ou interactions, ni le moindre mot à dire dans quoi que ce soit. Son seul rôle est de servir de pom-pom girl lors de différents affrontements, ou plutôt, de pom-pom girl mélangée à un entraîneur criant des conseils sur les bords du terrain. S'il est relativement intéressant de choisir les bonnes combinaisons de stratégies pour en finir au plus vite avec les adversaires, cela ne répond pas à une question fondamentale. Quelle est l'utilité de se déplacer si c'est uniquement pour aller de combat en combat dans un immense couloir ?

La grande originalité de ce Final Fantasy XIII, finalement, réside dans l'univers et la direction artistique. Les ennemis sont tout droit sortis d'un cauchemar de cuisinier, puisque l'on affrontera entre autre des tomates farcies géantes, des homards mayonnaises de différentes espèces et le fruit de la fusion entre des méduses et différentes autres créatures : chiens, oiseau... Tout cela est très varié et comprend même des dinosaures ! L'ensemble est très coloré et très plaisant à l'oeil. La bande originale est un exercice assez particulier où les compositeurs semblent s'être lancé le défi de trouver les musiques les moins adaptés possibles. Une forêt myazakienne sera ainsi assaisonnée du vomi auditif subi sur Fun Radio ; le reste est à l'avenant, au choix complètement oubliable, insupportable et parfois, très rarement, à peu près dans l'ambiance.

Ni un bon jeu, ni un bon film, le seul intérêt de Final Fantasy XIII, grâce à ses choix artistiques osés, son histoire saugrenue et ses personnages improbables, est qu'il permet de se faire un bon trip hallucinatoire sans absorber la moindre substance.