Firewatch
7.2
Firewatch

Jeu de Campo Santo et Panic Inc. (2016PlayStation 4)

Il est tout de même incroyable de constater à quel point, en cinq minutes d'un simple échange verbal, un petit jeu indépendant peut vous happer tandis que des gros blockbusters au budget énorme s'embourbent dans leurs prouesses techniques et peinent à construire des personnages attachants.
Loin de moi l'idée de comparer Firewatch à Call Of Duty, les deux titres n'ayant en commun qu'une vue à la première personne, mais serait-il si difficile pour le deuxième d'embaucher des conteurs de talent pour rendre le jeu moins bête ?


Retour à Firewatch donc. Soit Henry, 39 ans, marié à Julia, qui se retrouve à faire le garde-forestier pour l’été 1989 dans une réserve naturelle perdue au cœur du Wyoming. Endroit propice à l’introspection, le calme et la déconnexion d’une réalité parfois trop dure à supporter. Muni de votre radio, de votre compas et de votre carte, les tâches quotidiennes s’enchaînent dans un décor forestier de carte postale. L’exploration tranquille est à l’honneur, rien ne presse le joueur et on se surprend à se balader dans les recoins de la (petite) zone de jeu pour en découvrir les décors magnifiques, sublimés par une direction artistique très solide.


Notre seul contact sera la voix de Delilah, notre collègue et boss, garde forestière elle-aussi dans une autre tour de la région. Cette conversation permanente avec elle est peut-être le plus gros point fort du jeu. En plus de servir parfaitement la caractérisation des deux personnages, elle tiraille le joueur avec des choix de réponse toujours subtils, à l’instar des meilleurs épisodes des Walking Dead de Telltale.
Les dialogues sonnent toujours justes et nous font passer aisément du rire aux larmes tout en permettant à l’intrigue d’avancer sans faiblir jusqu’à un dénouement un peu abrupt qui décevra sans doute les plus habitués de ce genre d’histoire. On notera cependant que les auteurs sont assez malins pour toujours devancer le joueur dans ses réflexions (à la manière d’un Philip K. Dick dans Ubik par exemple) sans toutefois le prendre pour un imbécile.


Le jeu se pare parfois des atours du thriller angoissant et bascule alors dans une ambiance type Lost, ancrant encore plus Firewatch dans l’œuvre narrative par excellence et désamorçant ainsi le style « simulation d’exploration forestière » que certaines annonces avaient pu à tort lui donner.


Très maîtrisé, touchant, intelligent, artistiquement sublime mais techniquement un peu faible (certains ralentissements sont malheureusement à noter sur PS4), doté d’une histoire simple, prenant et puissante, trop court peut-être (4h à tout casser), Firewatch impressionne au final par sa capacité à mixer cinéma et jeu vidéo, laissant le joueur libre d’explorer des décors cohérents et superbes tout en lui imposant sans violence une intrigue passionnante.

HenriQuatre
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 25 avr. 2016

Critique lue 206 fois

2 j'aime

HenriQuatre

Écrit par

Critique lue 206 fois

2

D'autres avis sur Firewatch

Firewatch
boulingrin87
5

Comme une odeur de brûlé

Firewatch se divise en deux parties. La première est une promenade, un émerveillement tranquille, presque tendre, face à la souveraineté d'une nature magnifique. Il y a dans ce jeu un vrai parfum...

le 16 avr. 2016

40 j'aime

1

Firewatch
Yoth
4

Walker, Fire Watcher

Jolie histoire. Mais perso, ce que j'aurais bien aimé, c'est que les développeurs se posent la question suivante à un moment ou à un autre : "Pourquoi raconter cette histoire à travers un jeu vidéo...

Par

le 20 févr. 2016

25 j'aime

4

Firewatch
Linio
4

Parler, marcher.

Eh bien, voilà, j'ai joué à Firewatch. Et quand je dis j'ai joué, ça rime avec j'ai fini Firewatch, parce que finalement, quoiqu'on en dise le jeu est très court. J'ai du trop attendre Firewatch,...

le 13 févr. 2016

19 j'aime

2

Du même critique

Lost River
HenriQuatre
8

Ryan Macabre Gosling

S'il est une chose particulièrement forte à propos de Lost River, c'est bien son sens de l'esthétisme en dépit de toute linéarité dans le récit. En effet, si l'on ne comprend jamais tout à fait où...

le 7 avr. 2015

58 j'aime

12

La Rage au ventre
HenriQuatre
7

Grrrrr

Ah, un nouveau film d'Antoine Fuqua est toujours un plaisir à découvrir ! On ne sait en effet jamais si le bougre va nous pondre le prochain Training Day ou une série Z sans âme style Equalizer. Si...

le 22 juil. 2015

38 j'aime

3

Lucy
HenriQuatre
2

Universalité du pet

Lucy pose la question tout à fait légitime de la flatulence universelle. Que se passerait-il si une personne disposait soudain d'un anus si puissant que son souffle contiendrait à lui seul toutes les...

le 8 avr. 2015

38 j'aime

4