Kratos, c'est sûrement le plus grand héros du jeu vidéo et je pèse mes mots. Il a tout ce qu'on attend d'un personnage vidéoludique: Ce barbare sanguinaire est surpuissant, doté d'un charisme et d'une présence écrasants, physiquement impressionnant, sans pitié, culotté, torturé, ayant un lourd passé marqué sur son visage buriné, cruel mais paradoxalement renversant d'humanité! C'est donc un immense plaisir de jouer un personnage qu'on aime tant (oui, ça fait glauque de le dire comme ça mais j'ai pas d'autres mots).
C'est tellement exutoire de manipuler un pur anti-héros qui tue tout le monde (enfants et femmes y compris), défonce tout sur son passage et n'a aucun sens moral. Et bizarrement, le jeu ne tombe jamais dans la complaisance malsaine car les développeurs ont toujours un regard ambigu sur Kratos. Il est vu vraiment comme un taré mental, enclavé par sa folie...
Ce beat them all a comme originalité une toile de fond s’inscrivant dans la mythologie grecque, une des plus grandes forces du jeu. Et les développeurs y sont aller à fond, ce n'est pas juste pour faire joli et exotique sur les décors: on retrouve déjà plein de fameuses icônes (les Olympiens, les Titans, les Moires etc..) qui sont magnifiquement designées tels des personnages de comic-book, c'est juste ouf! Nan mais matez-moi la dégaine de Hadès (1) ! Le level design n'est pas en reste avec son environnement respectueux de l'imagerie mythologique des grecs et de nombreux paysages somptueux qui m'ont fait plus d'une fois décroché la mâchoire (2), c'est ultra immersif! L'histoire emprunte aussi à pas mal de contes légendaires comme celui d'Atlas, un super moyen de réviser son cours d'histoire tout en s'amusant en quelque sorte. Puis ce sera l’occasion de trucider des griffons, des cyclopes, des minotaures et autres harpies ; une expérience de jeu vidéo assez unique, héhé! Bref, une belle modernisation de la mythologie grecque sans la pervertir ni la simplifier (même si quelques pisses-froid rechigneront sur quelques anachronismes et erreurs évidentes).
Graphiquement parlant, rien à redire, c'est juste parfait: Ça fourmille de détails, les innombrables couleurs qui nous pètent à la gueule sont superbes, les environnements sont gigantesques et variés (on voyage entre l'Enfer et les temples divins en passant par les recoins les plus crades du corps de Gaïa), certains paysages ressemblent presque à des tableaux picturaux et l'architecture des niveaux révèle un travail de malade mental des graphistes.
Et quelle agréable surprise de voir les gars de SCE Santa Monica Studio soigner la mise en scène autant que si c'était un film. On admire, que ce soit lors des cinématiques ou des sessions in-game, une réalisation dantesque, élevant le jeu vidéo au rang d'oeuvre d'art. Ce savoir-faire permet de créer une dimension épique jamais égalée, ponctuée de séquences tout simplement instantanément cultes (le combat de Kratos et Cronos en mode David et Goliath (3) ) comme celles installant une ambiance puissamment émotive et une poésie macabre. On prend aussi encore plus conscience du délire et de la démence meurtrière de Kratos jusqu'à parfois le ressentir à travers quelques effets de style très judicieux(la caméra subjective par exemple). God of War dépoussière donc le jeu vidéo en délaissant le cadrage rapide pour un point de vue filmique, tout simplement...
L'équipe a fait un effort pour l'histoire (ouais bon, ça reste une simple quête vengeresse), la mettant plus en avant par la réalisation et établissant une introspection du passé de Kratos assez touchante, humanisant presque le personnage. C'est pas un chef d'oeuvre de ce côté là, on est d'accord. Mais çà a au moins le mérite d'essayer et de même réussir sur certains aspects et passages. Pour ne pas être non plus tout le temps plombant, le jeu fait preuve parfois de second degré et d'auto dérision dans certaines situations décalées ou absurdes, dans le comportement parfois ridiculement extrême de Kratos ou dans la gratuité de la violence ou du sexe, c'est assez comique!
Allez, assez de blaba, parlons sérieux maintenant, parlons gameplay: 3ème opus de la saga, cet épisode se place sur le mode de la surenchère: plus d'armes, de pouvoirs inédits, de mouvements, de coups etc... Un gameplay toujours aussi intuitif et facile à manier dés les premières minutes. On aura jamais atteint à ce point le ressenti de la violence extrême avec ces QTE qui poussent le niveau d'implication dans les combats jusqu'à son paroxysme. Rien que le fait d'arracher la tête d'Hélios en live et en gros plan détermine le level du truc quoi! C'est jubilatoire de bout en bout de pulvériser une armée de centaines d'ennemis ou de faire face à des boss ayant 20x la taille de Kratos. On peut pester sur une certaine répétitivité dans les bastons, dans les dernières heures particulièrement mais c'est tellement contrebalancé par une variété de phases de jeu sensationnelles (plate-forme, course, énigmes, échauffourées titanesques, cinématiques interactives etc...) qu'on pardonne facilement cet écueil. Les mises à mort, marque de fabrique de la série, sont toujours aussi gores; parfois insoutenables et nous livrant des cours d’anatomie express.
Apothéose homérique de la saga et du genre, God of War 3 est une maîtrise totale et une gifle à tous les niveaux! Une honte qu'il ne soit pas présent dans le top 111...
(1) http://www.selectgame.com.br/wp-content/gallery/god-of-war-3-02/god_of_war3_73.jpg
(2) http://www.aeriesguard.com/var/crypte/storage/images/media/images/god-of-war-iii-playstation-3-ps3-1242/95348-1-fre-FR/god-of-war-iii-playstation-3-ps3-124.jpg
(3) http://www.youtube.com/watch?v=P1ompKbegok
