Développeurs: Rockstar
Editeur: Take Two
Date de sortie: 30 avril 2008
Plateformes: PS3/XBOX 360/ PC


(Test réalisé à partir d'une version PS3)


8 ans après le séisme provoqué par la sortie de Grand Theft Auto IV dans l'industrie vidéoludique, 3 ans après le tsunami de son successeur Grand Theft Auto V, j'ai eu l'envie de revenir sur cet épisode marquant dans la série.
Remis d'un cinquième opus ayant remporté tous ses paris haut la main, que vaut vraiment ce GTA IV ?


Liberty City. Un nom qui à lui seul fait briller le regard. La promesse d'un lieu de richesse et de réussite sans précédent. Car LC n'est pas qu'une simple ville, non. C'est tout un idéalisme qu'elle représente, toute l'attractivité dont est capable le rêve américain ! Des lumière de Star Junction aux ruelles sales et sombres de Bohan, tout semble Terre Promise. Et s'il y en a bien un qui espère trouver sa place dans cet El Dorado des rêves, c'est bien Niko Bellic.
Originaire des pays d'Europe de l'Est (dans la région des Balkans), Niko fuit une vie misérable dans une nation en guerre. Le faste de cette puissante Amérique ne l'a pas épargné, d'autant plus que voilà 10 ans que son cousin Roman y est installé, jouissant selon ses dires d'une vie de luxe, cédant volontiers aux plaisirs de bonne chère et de la chair entre autre. Malheureusement pour notre ami slave, il s'apercevra bien vite que la capacité de son cousin à embellir la réalité (voir à mentir tout simplement) n'a d'égal que son talent pour s'attirer les pires ennuis: endetté jusqu'au cou auprès d'individus peu fréquentables, issus du milieu de la basse mafia de la ville, travaillant jour et nuit au sein d'une entreprise de taxis et propriétaire d'un studio délabré dans le quartier le plus pauvre de la ville; sa vie de playboy milliardaire semble bien loin. Et c'est le coeur et la tête pleins de rêve que Niko Bellic débarque en ville.
A partir de là, les deux cousins vont se retrouver pris dans des événements les dépassants complètement, leurs liens étant souvent mis à mal. Et malgré tout, Niko semble déterminé à retrouver quelqu'un coûte que coûte pour lui faire payer sa trahison, le poussant à venir le rechercher jusqu'à Liberty City...


Avant d'aller plus loin dans l'analyse du jeu, il est bon de souligner sa qualité principale: son scénario ! On le sait, Rockstar dispose toujours de ce talent inné de nous livrer des personnages, principaux comme secondaires, toujours haut en couleurs et très bien soignés. Avec GTA IV, c'est l'intrigue en elle-même qui prend un air de thriller passionnant. Exit la petite frappe qui se revendique Tony Montana et Don Corleone réunis, au revoir le gangsta du ghetto imposant son respect. Ici, le scénario est imposant, travaillée, pleins de rebondissements, faisant comme toujours intervenir une multitude de protagonistes différents.
Et puis GTA, ce n'est pas qu'une distribution de violence gratuite faisant le bonheur des médias, c'est aussi et surtout une satire de la société toujours bien sentie. La vraie force de Rockstar d'ailleurs: ce cynisme omniprésent, cet humour noir, cisaillant, parfois à peine dissimulé. D'avantage mis en avant et maîtrisé qu'auparavant, ici tout le monde en prend pour son grade: riches, pauvres, politiciens, flics, voyous, obèses... On oscille sans cesse entre la blague ou le sous-entendu. Et puis ce sont des faits de sociétés qui sont également relevés, à l'image de Roman faisant allusion aux minorités ethniques:
"Les gens fuient leurs pays pour se retrouver avec ceux qu'ils ont fuient"
Plus que jamais, la maturité a prit en grade dans ce GTA, au delà de son univers et des thèmes qu'il aborde. Moins enclin à la plaisanterie (tout en conservant un humour noir et piquant), plus sérieux; on sent une volonté de faire là un jeu adulte dans tout ce que cela sous-entend.


Et puisque l'on en est au chapitre des évolutions, c'est bien au niveau technique que cet épisode était attendu. Alors certes, de nos jours le titre s'avère bien moins impressionnant, mais il faut songer à le replacer dans son contexte d'origine. A sa sortie, GTA affichait, visuellement parlant, un véritable bon en avant par rapport à son dernier épisode en date: GTA San Andreas. L'équipe s'étant déplacé à New York même, on retrouve bien le gigantisme de la Big Apple, ses longues avenues toutes quadrillées à angle droit. Evidemment moins variée que la map de SA (qui proposait, outre la ville, campagne et désert); ici Central Park (Middle Park) s'avère la seule touche de verdure. Cependant, Rockstar ne livre pas une carte générique pour autant. En effet, jamais le soucis du détail n'avait été poussé aussi loin ! Les ruelles sales comptent leurs lots de détritus, sacs poubelles et autre papiers journal volant. Par opposition, Star Junction (le simili Time Square) détonne de par ses néons aux couleurs vives, point de lumière au coeur de la ville. Quant aux intérieurs, ils sont minutieusement détaillée, et l'on s'en rend compte aux premières heures de jeu avec le studio miteux de Roman et ses posters. Alors certes, le jeu pêche parfois sur certaines animations encore un peu rigide (notamment les sauts, lourds et assez étranges à voir au premier regard), ainsi que certains PNJ de seconde zone ayant visiblement bénéficiés de bien moins de travail. Anecdotique cependant tant le gigantisme et le soucis du détail est ici poussé à son paroxysme. De plus, le vrai tour de force technique se présente dans la disponibilité de cette map immense sans chargement ! Enfin, pour dire vrai, vous aurez affaire à un long écran de chargement au lancer du jeu puis plus rien (si ce n'est un bref lors des lancements de missions). Mais une fois en pleine partir, phases de jeu et cinématiques s'enchaînent sans interruption aucune, ce qui est très plaisant pour le joueur !
Mais les évolutions ne s'illustrent pas seulement sur le plan graphique. Il faut également compter sur un moteur physique (Euphoria) entièrement remanié pour l'occasion. En plus d'une multitude de détails s'affichant plus facilement sur cette nouvelle génération de machine, le jeu génère d'avantage de PNJ sur les trottoirs et de véhicules dans le trafic. Aussi il n'est pas rare de se retrouver bloqué dans les bouchons à la sortir d'un pont ou en plein coeur de Star Junction. Là encore, le réalisme de l'ensemble saute aux yeux. De plus, Euphoria gère parfaitement les collisions, entre voitures qui se déforment, pneus qui éclatent et passants violemment percutés qui sont éjectés plusieurs mètres plus loin (avouez, on l'a tous fait !). La localisation des dégats est aussi très bien rendus, une balle dans le genou faisant tomber à terre l'ennemi pour d'avantage de réalisme (oui encore !). Un dernier mot sur les PNJ justement, qui cette fois-ci semblent vraiment animés d'une vie propre et ne déambulent pas juste pour faire joli. Ils rentrent ou sortent des fast food, se baladent à Middle Park, hèlent des taxis, répondent à leur cellulaire... Ils vivent vraiment !


Le cellulaire qui m'amène justement à une transition de ce test vers un point capital du gameplay: le téléphone portable !
En votre possession dès le début du jeu, vous en serez dépendant tout le long de votre partie ! C'est bien simple, tout passera par cet outil: appels de vos différends contacts pour fixer de nouvelles missions principalement, vous pouvez également personnaliser le fond d'écran et la sonnerie ! A ses balbutiements dans SA, le cellulaire est vraiment maniable ici ! Niko pourra de lui-même appeler ses contacts pour prendre rendez-vous, et s'ils ne répondent pas vous aurez le droit à un répondeur personnalisé pour chaque !

Des rendez-vous justement qui participent à approfondir un aspect RP de ce quatrième opus. En effet, pour les personnages clés que Niko rencontrera, des liens d'amitié se créeront, que le joueur est libre de renforcer à sa guise. Appeler de temps en temps Little Jacob pour manger, aller boire un verre ou encore assister à un spectacle et à terme, il vous proposera de vous rendre service avec une de ses capacités (dans le cas présent, la vente d'armes). Notez toutefois qu'il pourra également vous appeler de lui-même, et que les heures d'appels selon les contacts que vous désirez joindre font varier leurs disponibilités. Sachez aussi que vos connaissances n'ont pas toutes les mêmes goûts, et que si Roman se montre friand de sorties régulières dans le club de strip du coin, votre crush rencontré sur Love-Meet risque de moins apprécier la virée nocturne. Réalisme, quand tu nous tiens...
Cependant, l'aspect RP, s'il englobe tout cet aspect des relations, se montre étonamment limité dans d'autres domaines, aux qualités pourtant loués dans San Andreas. Ainsi il faudra dire adieu au coiffeur et tatoueur, et les magasins de vêtements se montrent aussi limités que le stock qu'ils proposent. Dommage, là ou GTA se montre maître en matière de liberté, il se révèle étonnament peut permissif quant à la gestion de Niko Bellic. Egalement, au chapitre des disparitions, c'est avec regret que je constate l'absence des célèbres boutiques Ammunitions, remplacées par de miteux dépots d'armes, rapidement obsolètes puisque votre armement sera le plus souvent fourni par Jacob et ses prix cassés ou tout simplement récupérés lors des gunfights.


Et s'il y a bien un point sur lequel le titre s'est considérablement amélioré, c'est bien les échanges de coups de feux. Auparavant similaires à un affrontement de playmobils, on est aujourd'hui en présence de phases d'actions en accord avec leurs temps. Le syndrome Gears of War est passé par là et le système de couverture prend ses aises. Perfectible lors des déplacements en intérieurs, il n'en reste pas moins globalement agréable à utiliser, permettant même d'arroser sans visée précise pour rester à couvert. La grande variété des armes dynamise le tout, et le joueur aura tôt fait de troquer son 9mm pour shotguns, AK-47 et autres lance roquettes.
Autre amélioration en ce qui concerne les combats qui se porte sur les affrontements aux corps à corps. Un simple système de coup et d'esquive pour répondre directement par la suite. Assez lourd dû à l'inertie de base du personnage, ce ne sera certes pas le plus utilisé mais ça a au moins le mérite d'être là. Dommage toutefois que l'on soit pratiquement obligé d'encaisser une série de coups à partir du moment où on en prend un.
Quand au deuxième point capital du gameplay dans un GTA, à savoir la conduite, on note là aussi une vraie révolution. A tel point que les premières virées seront assez difficiles à appréhender, la faute à un frein à main un peu trop violent. Prenez garde aux virages pris à la corde raide après une pointe de vitesse, vous finirez au mieux en toupie, et plus probablement dans le mur ! Passé un petit temps d'adaptation vous vous y habituerez vite n'ayez crainte, mais on pourra toujours pester contre un effet "savonette" dans les virages. Là encore, la diversité est de mise et libre au joueur de conduire voiture banale comme de course, camions, motos et hélico. Une diversité moindre que précédemment il est vrai, exit quad et surtout le fameux jetpack, sacrifiés sur l'hotel du sacro saint réalisme. De même, il n'est plus possible ici de participer aux fameuses missions ambulances, seules les missions flics ont éte sauvegardées, bien que remaniées. Les missions taxis quant à elles, ont pu être conservées à la faveur du scénario par le biais de Roman.


Les fameux yellow cabs de New York. En effet, difficile d'imaginer la Big Apple en passant à côté d'eux. Aussi Rockstar a tenu à leur offrir une fonction. La map s'avérant mine de rien assez étendue, libre à vous d'emprunter un taxi quelconque pour rejoindre votre mission, un ami ou un quelconque point que vous aurez préalablement défini. Et mine de rien, vous en aurez assez régulièrement besoin, n'ayant pas toujours un véhicule sous la main (bien sûr, nous restons dans un GTA, le car jacking reste donc une activité quotidienne). A ce propos, il est amusant de remarquer que tous les PNJ ne réagiront pas de la même manière à vos agressions, tout dépend du quartier et de leur nature propre. Un petit détail qui, tout de même, renforce encore et toujours le réalisme de ce GTA IV. Vous pouvez toujours conserver une voiture personnelle et la garer face à votre planque (ce qui fera office de sauvegarde), mais attention à ne pas la perdre quelque part sur la map sous peine de ne jamais la retrouver !
Avec toutes ses suppresions citées précédemment, la question qui vient naturellement à l'esprit est la suivante: que faire en dehors des missions ? GTA étant une série réputée pour son aspect "bac à sable", offrant tout un tas d'activités autres que le suivi pur et simple des missions scénaristiques. Et bien justement, pas grand chose... Et c'est bien là où le bas blesse. Ce ne sont effectivement pas deux trois parties de billard, fléchettes et autre bowling qui vous occuperont bien longtemps. Prétexte à occuper les virées avec les connaissances de Niko, leur intérêt n'ira guère plus loin. De même, certaines possibilités sont tellement optionnelles que le joueur les oublient tout simplement, à l'image du métro aérien ou encore du lavage automobile, totalement anecdotique.
Je parlais en début de texte de l'importance du scénario et il semblerait bien qu'il ai prit toute la place pour ne laisser que bien peu de disponibilités à côté. Alors certes, vous aurez toujours une poignée de véhicule à voler, quelques courses à faire entre deux contrats d'assassins mais il faut bien le reconnaitre: ce GTA n'a plus l'aspect rempli qu'offrait son prédécesseur. Aussi le joueur se contentera bien souvent de se concentrer sur l'histoire, plaisante à suivre bien que parfois un peu confuse.
Car à trop vouloir introniser tout un tas de personnages secondaires, Niko se retrouve à tuer pour le compte de n'importe qui, agissant tel un sous fiffre n'ayant pas toutes les cartes en main pour comprendre la partie se jouant autour de lui. Ainsi l'on se retrouvera à fréquenter la mafia russe comme italienne, sans parfois trop réfléchir. Niko Bellic a beau justifier le tout par son manque d'argent, le joueur lui n'en a guère besoin dû à l'absence de réelles activités à côté. Un petit coup de mou dans le scénario vers le milieu du jeu, à relativiser cependant, le début étant véritablement excellent, et la fin aussi (les fins même, le jeu en comportant deux alternatives, une première dans la série !).


Comptez donc sur une excellente durée de vie comme d'habitude, 30 à 40h de jeu pour faire le tour du scénario, et bien d'avantage pour celui qui vise les 100% (bon courage à lui d'ailleurs pour trouver tous ces maudits pigeons !) A cela on peut (pouvait) y coupler le multi, mais je n'en parlerai volontairement pas ici, GTA Online intronisé en 2013 représentant réellement l'expérience multijoueur vue par Rockstar.
Enfin un mot sur la bande sonore, avec une mention spéciale pour le doublage en VO, juste parfait en tout point (une fois n'est pas coutume avec les jeux Rockstar Studios). De même les bruitages sont tout à fait convenable et les radios délivrent bon nombre de morceaux d'artistes divers et variés, il y en a vraiment pour tous les goûts (Vladivostok FM !)


Alors que penser de ce GTA IV ? Véritable réussite next gen ou échec cuisant ? On parle là de l'épisode le plus controversé de la série, et même si c'est à la mode de dénigrer chaque nouvelle mouture, force est d'admettre que le bilan n'est pas entièrement positif.
Oui mais voilà, avec le destin de Niko Bellic, Rockstar s'est décidé à travailler d'avantage son scénario, et nous offre là une aventure digne d'un excellent polar. Ceci au détriment d'une mise en scène moins délirante sur les missions, qui resteront surement moins en tête que d'autres épisodes précédents (bien que j'ai personnellement beaucoup apprécié le braquage !).
Doit-on pour autant parler d'échec, voir d'erreur avec ce quatrième opus ? Certainement pas ! Les qualités communes à Rockstar sont au rendez-vous: des personnages bien écris, une map toujours aussi dense, un second degré et un humour encore plus noir et cynique qu'à l'accoutumé. Le tout couplé à une violence mature qui s'assume (oui ça parle de drogue, d'armes et de putes, on le sait tous, pas besoin de jouer les offensés).
Enfin, techniquement, Grand Theft Auto s'érige vers une autre sphère en adoptant un ensemble beaucoup plus actuel dans sa réalisation. Le renier ne serait que pure folie. Messieurs de Rockstar, merci de nous avoir offert ce titre, je n'oublierai pas de sitôt Niko Bellic et ses compères !

David_AVINENC
10
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Créée

le 22 avr. 2016

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David_AVINENC

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