Hades
8.4
Hades

Jeu de Supergiant Games (2020PC)

(NB : aucun nom de personnage, d’objet ou de tout autre élément de jeu ne sera dévoilé, par souci de spoil)


Certains jeux, après les avoir finis, ne vous laisseront qu’une empreinte mémorielle éphémère. D’autres se démarqueront par une ou plusieurs qualités qui ancreront l’œuvre au plus profond de votre cœur. Hades en est un de ceux-là.



Un scénario tissé par les Moires elles-mêmes



Lorsque l’on achète et que l’on commence à jouer à ce genre de jeu, c’est-à-dire un rogue-like, la dernière question qui nous vient à l’esprit est : le scénario vaut-il la peine de s’y attarder ? Inutile de se poser cette interrogation et de tenter d’y répondre par soi-même sans y avoir joué, puisque la réponse serait probablement fausse. Par souci de gain de temps, voici la seule et unique réponse envisageable : le sujet est maîtrisé à la perfection.


L’histoire et tous les éléments du jeu feront en sorte de faire vaciller votre pauvre cœur qui ne s’attendait pas à tant d’authenticité et de justesse. A chaque ligne de dialogue, vous vous languirez de la richesse des références utilisées et de leur véracité. Les plus amateurs d’entre nous découvriront ou redécouvriront certaines histoires mythologiques, certains personnages, certaines légendes. Les plus connaisseurs, eux, se feront un plaisir de voir à quel point le domaine qu’ils apprécient tant se voit magnifier tel un diamant parfaitement poli.


Au fil de l’histoire, de nouveaux personnages viendront vous aider dans votre quête, ou bien vous empêcheront malignement d’arriver à vos fins. Certains vous seront lointainement familiers, voire totalement inconnus. D’autres animeront votre âme d’une passion intense, et vous vous complairez à appuyer sur votre touche pour continuer les dialogues et en apprendre toujours plus sur telles divinités, tels héros ou tels ennemis. Car oui, ce qui fait la principale force scénaristique du jeu, c’est son nombre de lignes de dialogues gargantuesque. Chaque personnage ou entité rencontrée, aussi infime soit-elle dans cet océan de narration, se fraiera une place dans l’histoire, dans votre histoire, et changera drastiquement votre façon d’appréhender votre progression au sein du jeu. Bien qu’ils partagent votre sort et résident tous avec vous, au sein du Royaume des Morts, tous les personnages sont bels et biens vivants. Chacun ressent des émotions et est proie à diverses sentiments. Et, au fil du temps, par le biais de dialogues aussi bien écrits les uns que les autres, vous forgerez des relations puissantes avec vos Ombres favorites, qui vous laisseront de jolis souvenirs que vous n’oublierez pas de sitôt. Rien de tel que quelques récits d’épopées oubliées pour revigorer votre cœur et vous regonfler à bloc avant la prochaine tentative. Et quand je parle de tentative, je mets le doigt sur la finalité même du jeu, l’objectif principal de votre quête : votre évasion.



Une beauté visuelle approuvée d'Apollon



Oui, vous l’aurez compris, la seule chose que vous devrez véritablement faire dans ce jeu sera de vous échapper. Tout ce pourquoi vous investirez vos efforts sera pour préparer votre prochaine évasion des Enfers. Pour cela, vous passerez par différentes régions du monde souterrain, toutes aussi magnifiques les unes que les autres. La direction artistique est véritablement grandiose, en tout point. Que ce soit la façon dont les personnages sont représentés, la sensation de puissance qui émane de leur aura, la beauté et la richesse visuelle des lieux par lesquelles vous passez, tout est fait pour vous en mettre plein la vue. Un jeu dont le thème principal est la mythologie grecque se doit d’être digne du support scénaristique qu’il utilise. Pari gagné. N’importe quelle parcelle de couleur, n’importe quelle particule de lumière est parfaitement à sa place pour glorifier un tableau déjà fabuleux. Bien que le jeu ne soit qu’en semi-3D, il retranscrit en tout point tout ce qu’il y a de plus épique dans le genre. Les animations sont claires et bien finies, et chaque coup porté à son ou ses adversaires n’en est que plus exaltant.



Un gameplay aussi nerveux qu'Hermès



Assez blablaté sur ce qui fait la réelle profondeur du jeu, et attardons maintenant sur la partie pour laquelle chaque joueur achète et joue à un rogue-like digne de ce nom : le gameplay.


Comme tout rogue-like, votre héros devra faire face à plusieurs hordes d’ennemis, chacune contrôlant une salle particulière, et pour progresser au sein de ce « donjon », vous devrez vaincre tour à tour groupe d’ennemis et boss pour atteindre votre but.
Pour vous faciliter la tâche (ou peut-être l’inverse ?), vous aurez à votre disposition toute une panoplie d’armes de styles complètement différents. Rien ne se ressemble, et chaque arme avec laquelle vous jouerez possèdera ses propres atouts et faiblesses. De plus, vos outils de combats pourront être améliorés de différentes manières. Ces upgrades les rendront basiquement plus puissantes, et certaines améliorations iront même jusqu’à changer totalement le style de jeu propre à l’arme. Ainsi, plus on avance dans le jeu, plus il y a d’armes et de styles différents à notre disposition pour nous sortir de ce taudis. Aucune tentative d’évasion ne se ressemble, et pour inciter le joueur à changer régulièrement d’arme, le jeu offre un bonus de ressources à une arme choisie aléatoirement avant de commencer une nouvelle évasion. Et quoi qu’il arrive, les Enfers sont en perpétuel mouvement : il n’y aura donc aucun chemin prédéfini à l’avance, chaque partie sera différente de la précédente et de la suivante. Aussi, le héros aura accès a une sorte d’arbre de compétences qu’il pourra améliorer au fil de son évolution, et qui lui donnera des bonus permanents non négligeables pour mener à bien sa quête.



La mort au Royaume des Morts



Malgré tout, rien n’est jamais gagné, et une erreur peut être fatale. La plupart des ennemis possède des patterns plutôt simples et faciles à assimiler. Mais dans le feu de l’action, une menace oubliée peut vite se transformer en une mort certaine (même après y avoir passé plus d’une cinquantaine d’heures de jeu). Le gameplay est dynamique et exigeant, et ne laisse que peu de place à la déconcentration. De ce fait, chaque victoire sur un boss est méritée et vraiment satisfaisante. Quant à la mort, il est parfois possible d’y échapper, mais elle finit toujours par nous rattraper. Et même si cela peut sembler frustrant au premier abord, la réalité en est toute autre. Quel bonheur de rentrer chez soi après s’être fait massacrer et de pouvoir dépenser les jolies babioles amassées au cours de son aventure pour se renforcer et repartir de plus belle. Car la vengeance n’est peut-être pas le meilleur des sentiments, mais elle en est le meilleur des soulagements. Sans parler du fait que certains personnages, auxquels vous n’aurez probablement jamais pensés, pourront vous proposer leur aide dans votre quête, et vous offrir une assistance plus que bienvenue. Mais parfois, le sang devra couler et pieds et mains devront être liés pour pouvoir profiter de certains avantages. Chacun de nous choisira donc ce que bon lui semble pour naviguer à travers les terres chtoniennes, et se frayer un passage jusqu’à la surface.



Une ambiance sonore digne d'Euterpe



Pour finir, comment pourrais-je ne pas parler de la bande son du jeu ? Une pensée amicale et sincère à toutes les personnes sourdes qui y joueraient sans avoir la chance de pouvoir écouter la beauté musicale offerte par Supergiant Games. Dès le début du périple, la musique vous enveloppe d’une ambiance énergique et épique. Les combats, déjà très dynamiques, le sont d’autant plus à l’écoute de la musique, sans parler des affrontements de boss complètement jouissifs pour les yeux comme pour les oreilles. Quel plaisir de pouvoir arpenter les Enfers grecques accompagné d’une musique de même acabit ! Tous les styles sont présents, du gros son puissant et violent, en passant par de petits passages d’ambiance, au morceau calme, nostalgique et… triste. Triste pour ce qu’il est, pour ce qu’il représente, et triste par la mise en scène qu’il accompagne. Chacun se fera son propre avis sur la chose, mais en ce qui concerne cette musique en particulier, et vous la reconnaîtrez sans grande difficulté, tous seront d’accords pour dire qu’elle représente ce dont le jeu a de mieux à offrir : une aventure, une épopée, une pureté. Voilà ce en quoi Hades est unique, et occupe une place toute particulière dans mon âme.


Certains jeux sont vite finis et vite oubliés. D’autres éveillent en nous une adoration inébranlable et nous animent d’une passion débordante et insatiable, une sensibilité rare que seul un chef-d’œuvre ne pourrait révéler. Hades en est un de ceux-là.

LuBu
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le 7 janv. 2021

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Lu Bu

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