And what about a heavy umbrella ?

Difficile de juger Heavy Rain, parce qu'il tente de taper dans différents genres et carrément médias pour convaincre d'une révolution dans le jeu vidéo. Et finalement, qu'aperçoit-on ?

Graphiquement, effectivement, c'est très beau. Les visages sont photoréalistes - ou peu s'en faut -, les expressions sont très crédibles et oui, personnellement, je me suis bien pris d'affection pour le bon père de famille. Le détective privé est pas mal non plus.

Maintenant, parlons du scénario. Bien écrit, plutôt soigné, il a tout de la bonne production américaine et tient en haleine... encore heureux, parce que dans la foulée, là où Heavy Rain se veut révolutionnaire, c'est quand même dans l'approche narrative. Et ça, c'est précisément mon credo. Alors David Cage a-t-il réussi à bouleverser le monde du jeu vidéo ? Non, loin de là. La qualité d'écriture ne doit pas se substituer aux procédés narratifs qu'ont élaboré, au fur et à mesure, les jeux vidéo afin de gagner en légitimité. La narration que présente Heavy Rain emprunte plus au cinéma qu'au médium qu'est le jeu vidéo et de ce point de vue, la progression dans le récit n'y gagne absolument pas. Finalement, la peur de perdre un personnage n'est pas lié à un rapport émotionnel avec les protagonistes, mais plus à un aspect de compétitivité : le challenge, c'est de finir avec tout ce petit monde en vie. On est loin de la velléité de l'équipe de Cage, qui vendait le jeu comme un nouveau support narratif. Et que dire des interactions ? Est-ce réellement révolutionner le jeu vidéo que de nous faire ouvrir chaque porte, lever le coude à chaque envie de boire et bercer les bébés rencontrer ?

Quantic Dream se fourvoie dans sa quête d'une narration réactualisée du jeu vidéo et livre un bon film interactif, aux élans hollywoodiens, loin des préoccupations réelles et des réflexions qui auraient pu en faire un grand jeu.