Her Story par MacCAM

Attention ! Cette critique est bourrée de spoiler

Les jeux en FMV sont rares, trop rares même. Si bien que le simple fait de mentionner ce genre devrait vous esquisser un léger rictus vous rappelant à quel point la seconde moitié des années 90 n'a pas réussi à engranger que de bonnes choses, notamment sur le plan vidéoludique. Si ce n'est pas le cas, alors la prononciation du terme FMV devrait tout autant vous intéresser que vous étonner, mais surtout vous faire poser une simple question : « qu'est-ce qui a bien pu pousser un développeur à faire revenir ce genre de jeu sur le devant de la scène ? »

Her Story est atypique, c'est un pléonasme. Il faut dire aussi que se retrouver à taper des mots-clés dans une barre de recherche afin de recouper des morceaux de vidéos (et plus particulièrement d'interrogatoires) à partir d'un ordinateur datant des années 90 n'est pas des plus fréquents. C'est ce que fait pourtant Her Story, titre sur lequel le développeur laisse le champ libre au joueur sans lui laisser le moindre indice, si ce n'est préremplir la barre de recherche de vidéos d'un simple mot : MURDER. Pas d'intro, pas de cinématiques impromptues, pas de chapitres, ni même de véritable fin… et c'est là la plus grande force d'Her Story ! Laisser au joueur le soin de tout découvrir, que ce soit à travers les images ou les mots prononcés par Hannah, dont certains finiront taper dans cette fameuse barre de recherche. Barre de recherche qui nous permettra, parfois, de déceler d'autres morceaux manquants de ce qui semble être un puzzle géant.

Sur ce point-là, Sam Barlow, le réalisateur du jeu, fait un sans-faute : le concept est original, fonctionne, et a captivé à fond le joueur que je suis… du moins dans un premier temps. Car le titre dont il est question ici perd un peu de son intérêt une fois un certain gap atteint. Concrètement, Her Story est composé de deux parties bien distinctes, deux parties qui n'existent pas dans le récit, mais que le joueur que je suis s'est formé tout seul dans sa petite tête. En effet, nous sommes emmenés tôt ou tard à comprendre qu'il n'y a que deux cheminements possibles à cette histoire. L'un dans lequel il y a en réalité deux personnes différentes qui sont interrogées, Hannah et sa sœur jumelle Eve ; et un autre dans lequel Hannah et Eve sont une seule et même personne, physiquement tout du moins. Le problème avec ça c'est que le développeur a fait en sorte de porter notre attention uniquement sur ce point précis : une fois qu'on rentre dans cette phase où on cherche à savoir si Hannah a réellement une jumelle ou souffre d'un dédoublement de personnalité, tous les autres personnages, toutes les autres intrigues, et même le meurtre même deviennent secondaires. Ainsi, on ne cherche plus à s'intéresser aux autres personnages du récit, mais plutôt à pousser notre vision des faits, à trouver tous les indices qui vont dans le sens où Hannah possède deux personnalités, ou ceux qui vont dans le sens qu'Hannah possède une jumelle. Et le tout a été méticuleusement orchestré par l'auteur pour qu'il n'y ait pas une vraie réponse à notre enquête. Je dois avouer que ce principe m'a beaucoup fait penser à Basic Instinct de Paul Verhoeven. À l'exception près que Sam Barlow n'est pas Paul Verhoeven et que je prends encore, plus de six ans après mon premier visionnage, toujours plus de plaisir à découvrir des théories et concepts fou concernant le film du Hollandais violent.

Ainsi, quand je disais plus haut que le jeu était en deux parties que le joueur se formait lui-même dans sa tête… c'était là où je veux en venir. Her Story possède une première partie captivante, où l'on tente de recoller chaque indice, de faire attention aux moindres détails… et une seconde où on comprend où le développeur souhaite nous mener, une partie où l'on comprend que prendre des notes (comme je l'ai fait) n'est finalement que facultatif, si ce n'est inutile.
C'est donc pour cela que j'en suis ressorti globalement déçu. Her Story est un titre que je souhaitais faire depuis un bon bout de temps et à la vue des retours que l'on m'a fait à son sujet, je m'attendais certainement à quelque chose d'encore meilleur.
Cela reste malgré tout un jeu à faire, ne serait-ce que pour son concept. Et puis l'utilisation de la FMV reste ici pertinente sans pour autant tomber dans le cringe à cause de la présence d'acteur(s) en surjeu(x). De mon côté, il ne me manque plus qu'à jeter un œil à Telling Lies, autre jeu du développeur et lui aussi en FMV.