Souvent considérée comme une référence au moins visuelle au sein des consoles de chez Sony, l’oeuvre Killzone : Shadow Fall fait donc partie intégrante du line-up de lancement de la PlayStation 4. Mieux, elle se place (ou est placée, suivant l’angle d’analyse) au rang de « démonstration graphique de la next-gen ». Quand vient l’heure du test, nous sommes donc en droit de placer la barre très haut.


On insère la galette dans le joli monolithe japonais, et nous voilà parti pour tester le titre de Guerilla et Sony. Dès le menu puis l’introduction du jeu se multiplient les effets de parasites, de particules, de lumières vacillantes et autres artifices de ce genre. Du déjà vu et pas que dans le jeu vidéo, mais après tout, on ne peut en vouloir aux jeux de line-up de surenchérir un peu le côté « regardez tous les nouveaux effets que le GPU peut gérer, maintenant ». Une fois le scénario lancé, nous tombons rapidement dans un tutoriel faisant office à la fois de démo technique et de prise en main du gameplay.



AGUICHEUR SANS ÊTRE SIMPLISTE



Dès les premiers niveaux proposés, l’objectif de Guerilla est clair : nous en mettre plein la vue. On ne va pas se mentir plus longtemps, c’est très largement réussi de ce côté là. Le crédit en revient au level-design d’un premier niveau particulièrement travaillé. Certes, l’environnement aux thématiques à la fois de la ruine et de la jungle aident énormément, puisque nous avons là deux terrains particulièrement propices aux petits détails, aux fourrés éparpillés, aux hautes herbes, mais aussi à la multitude de particules éparpillées sur une map particulièrement ouverte. Le tout s’annonce d’excellent augure quand le joueur se surprend, entre deux fusillades, à regarder les magnifiques effets de lumière du soleil couchant filtrer à travers les grands feuillus d’un premier environnement presque référence à la planète des Ewoks de Star Wars, sans les satanés créatures, fort heureusement. Même en regardant nos pieds, le sésame tant attendu nous est offert : les textures sont extrêmement détaillées, des façades au pierres qui jonchent le sol. Enfin, le joueur console n’a plus à rougir face aux joueurs PC. Et ça, c’est une petite victoire.


Ce qui est étrange lorsque l’on constate les grands succès de la PS3, c’est que nombreux sont les jeux acclamés par la critique dont le gameplay est relativement pauvre. Prenez un Uncharted ou un The Last of Us, avec un peu de recul, le joueur emploie trois boutons, et basta. Ici, Killzone reprend les touches classiques des FPS, mais c’est du côté des actions que l’affaire se corse. Pas de mini-map, pas de repère de hauteur, pas de bonus d’équipement : les armes se comptent sur les doigts de la main et ne sont pas forcément plus puissantes que celles des vos adversaires. Le radar se déclenche à la main, de manière répétée, et demande une certaine dextérité, particulièrement dans le feu de l’action. Enfin, votre drone deviendra rapidement votre meilleur allié tant que vous saurez lui donner des commandes sommaires (attaque, bouclier, étourdissement et grappin) grâce au touchpad central, le tout dans un bon compromis entre application dans l’exécution et rapidité de la reconnaissance. On doute que, sur des genres de jeu ultra-balisés niveau gameplay comme celui-ci, les développeurs pourront faire vraiment mieux.



DU BEAU… AU BORING



C’est peu dire que nos attentes sont comblées face à ce premier niveau extrêmement bien pensé. Certes, l’absence totale de mini-map devient handicapante une fois la fusillade terminée, le joueur est laissé dans des phases de plateforme pas franchement passionnantes. La difficulté de l’IA est plutôt bien dosée, et le mode difficile offre son lot de challenge sans être non plus insurmontable. Si nous n’avons pas encore parlé du scénario, c’est qu’il reste assez simpliste (sans tomber forcément dans la niaiserie) : une guerre éclate entre deux populations, les Vektants et les Helgasts. En jeu, colonisation, assouvissement et paix fragile entre les deux camps. Rien d’aberrant, mais nous sommes loin de l’imagination créatrice d’un Bioshock. Ça serait en demander beaucoup.


Ce Killzone là pourrait donc recevoir une note presque parfaite si les différents chapitres qui parsèment le mode solo avaient la même teneur et la même qualité que son premier. Seulement, dire de Killzone : Shadow Fall qu’il est un jeu aux maps ouvertes serait une grossière erreur. Ne nous méprenons pas, les différents environnements proposés sont riches, de l’espace à la ville en ruine, de l’étage d’immeuble pris d’assaut par les terroristes aux couloirs nauséabonds des bidonvilles des cités « par delà le mur ». Pourtant, cette sensation d’être pris par la main dans des couloirs plutôt exigus est particulièrement désagréable. Elle disparaît un peu lors des séquences de zigouillage en masse, mais hérisse sérieusement les poils lors des passages en mode plateforme, terriblement… chiants, n’ayons pas peur des mots. En réalité, les jeux de lumière et de textures des niveaux ont beau être particulièrement réussis, nous n’avons que très rarement réussi à sentir cet effet « seul au milieu du chaos et de la ruine » que promettait le jeu, du fait précisément du caractère exigu de la grande majorité des situations.



LA WARZONE DE L’OUBLI



Heureusement, sans rien dévoiler du scénario, la fin de la campagne solo apporte du dynamisme, aussi en réaction à un gros ventre mou du jeu. Concernant le multi, parfois critiqué pour son aspect un peu « bourrin » lors des derniers opus de la série, Shadow Fall en revient à une formule très classique. Trop même, puisque le système de rang et d’améliorations des armes reste assez transparent. S’il est plutôt fun à jouer de manière casual, la progression est assez limitée et n’incite pas vraiment, sauf pour les aficionados du multi FPS sur console, à entamer une réelle seconde vie.


L’interface, organisée en « Warzones », n’a d’originale que le nom. Surtout, les classes semblent peu équilibrées puisque le level-design des maps fait souvent la part belle aux snipers de par leurs nombreuses ouvertures et petites cachettes surplombant, le plus souvent, des zones de convergence uniques. Pour faire plus court, soit on meurt en kamikaze dans une fusillade générale entre 20 joueurs, soit on y passe en ayant le malheur de s’être arrêté quatre secondes sur le chemin. A vous de faire renverser cet état de fait.


Evidemment, loin de nous l’idée d’avancer que ce Killzone : Shadow Fall fait partie des ratés du line-up de la PS4. Au contraire, le gameplay bien léché et la baffe graphique nous font dédramatiser certains choix de level-design ou certaines phases de jeu questionnables. Il en reste que Killzone : Shadow Fall pose les bases, au moins techniques, de ce que doit être le FPS sur next-gen. Il fallait bien cela pour se démarquer des Battlefield et Call of Duty, même si on tend à penser que Guerilla aurait mieux valu se concentrer sur les mondes ouverts plutôt que d’essayer d’instaurer des variations mal maîtrisées.


À lire sur hypesoul.com

Hype_Soul
6
Écrit par

Créée

le 17 nov. 2015

Critique lue 221 fois

Hype_Soul

Écrit par

Critique lue 221 fois

D'autres avis sur Killzone: Shadow Fall

Killzone: Shadow Fall
HarmonySly
4

Patte folle

En temps normal, je n'ai rien contre Killzone. Un peu comme Lenny Leonard des Simpsons, c'est une licence qui se donne du mal pour gagner l'estime de ses pairs, alors qu'intrinsèquement c'est juste...

le 13 août 2014

11 j'aime

5

Killzone: Shadow Fall
Yautja
5

Critique de Killzone: Shadow Fall par Yautja

Oui, c'est superbe, même pour un joueur venant du PC, ça reste vraiment très joli. Le problème, c'est que c'est à peu près tout. Plus classique tu meurs. Dirigiste les 3/4 du temps. Des ennemis...

le 15 déc. 2013

11 j'aime

Killzone: Shadow Fall
DuffMan
5

Le syndrome Guerrilla

Guerrilla est sans aucun doute le jumeau de Crytek : d'excellent créateurs de moteur graphique mais de piètre conteur de jeux vidéos. Si Killzone ne volera pas sa carte de tueur de rétine graphique...

le 25 déc. 2013

9 j'aime

Du même critique

La Tour 2 contrôle infernale
Hype_Soul
7

La lourdeur de ces vannes

15 ans. Il aura fallu 15 ans pour que le légendaire, le mythique La Tour Montparnasse Infernale connaisse sa suite sur grand écran. 15, soit deux fois l’âge mental cumulé des personnages créés par...

le 15 janv. 2016

27 j'aime

1

Captain America : Civil War
Hype_Soul
2

Il a quatre (vingts) laquais

Après Batman VS Superman, d'autres héros se foutent sur la gueule : ceux de Marvel. En fine bête vulgaire qu'elle est, la maison de Stan Lee dégomme tout au centuple. Résultat ? Rien. L'univers...

le 14 avr. 2016

25 j'aime

16

The Life of Pablo
Hype_Soul
5

Name one genius that ain’t crazy

Voilà maintenant plusieurs mois que Kanye West nous fait tourner en bourrique avec son dernier album. D’abord So Help Me God, puis Waves, ensuite Swish jusqu’à ce que The Life Of Pablo soit la...

le 15 févr. 2016

23 j'aime

1