"I think I just found my new Portal." - Abed Nadir, étudiant.
La course à la puissance. Sur les dix dernières années, les machines ont constamment été un cran en retard sur les jeux vidéos qu'elles sont censées faire tourner. 3D toujours plus polygonale, environnements et shaders toujours plus sophistiqués, le saute-mouton frénétique entre cartes graphiques et jeux vidéos est l'un des grands avatars du semi-cliché "alalah dans le monde de l'informatique, il faut toujours avoir le dernier gadget".
Mais du coup, nous avons fini par oublier qu'à présent, nos machines nous permettent de faire tourner des jeux absolument splendides, pour peu qu'ils appartiennent à un monde un peu plus... "ancien". Comprendre ici : celui des jeux de plateforme en 2D. Ainsi, Limbo, petit jeu indépendant ayant fait ses débuts sur XBox Live Arcade, est un petit bijou esthétique, exemple parfait de ce que nos cartes graphiques, certes à la traîne sur Crisis, savent facilement rendre en 2D.
Mais bien plus qu'une démonstration technique, Limbo a un sens incroyable de l'atmosphère, avec son univers tout en noir et blanc, son ambiance minimaliste particulièrement sombre, et le mystère ambiant de cette évocation de mauvais rêve. À cela s'ajoute une réalisation superbe : des décors impressionnants et subtils, presque aucune véritable cinématique pour neutraliser temporairement l'expérience immersive (c'est là le nouvel art des jeux vidéos, et ça n'est pas pour me déplaire), beaucoup de fluidité dans la progression.
L'histoire est très simple car quasi-inexistante : un petit garçon se réveille dans le monde cauchemardesque susmentionné, sans la moindre explication, le but étant de retrouver sa petite sœur. La suite consiste essentiellement à progresser dans cet univers, d'une part en survivant à ses occupants - tous hostiles -, d'autre part en résolvant des puzzles, pour certains particulièrement cérébraux. Le tout, avec un gameplay tout-à-fait agréable pour ce qui me concerne : les quatre flèches directionnelles et la touche alt (pour les actions) suffisent, l'environnement très intuitif faisant le reste.
Réalisation grandiose, tout dans l'atmosphère, pas de cinématique, des puzzles successifs : tout cela m'évoque beaucoup deux jeux de VALVe - Half-Life, mais surtout Portal. Forcément, l'univers de Limbo n'a pas la richesse des locaux d'Aperture Science, mais c'est tout simplement parce que ce petit jeu indépendant n'en n'a pas l'ambition. C'est une petite œuvre, terminable en 3 heures, qui se suffit pourtant à elle-même. Sans avoir le pitch énorme de la physique des portails, son gameplay et son style sont suffisamment léchés pour me plaire. Pour ma part, je l'ai eue sur le Mac App Store pour la modique somme de 8€, ce qui me semble parfaitement raisonnable.
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