Spice Opera

Voilà, c'est fait, j'ai enfin fini le fameux Mass Effect, qui traînait depuis pas mal de temps dans ma (trop) longue liste de softs en attente d'être joués (il ne m'en reste plus qu'une soixantaine…). Le jeu est très loin d'être parfait, mais garde suffisamment d'attraits pour nous emmener jusqu'au bout sans aucun déplaisir, à part peut-être quelques petits moments de crispations (on y reviendra).

Tout ce que je savais de Mass Effect avant de me lancer, c'était le minimum syndical : un univers riche, un scénar' qu'on me disait captivant, des graphismes poussés, un gameplay pas trop mal fichu, ou encore une durée de vie fort moyenne… Si tout cela s'est plus ou moins révélé vrai (quoique 40h pour un premier run, c'est pas si mal), j'aurais peut-être bien aimé être aussi averti de ses quelques limites techniques…

Oui, disons-le d'entrée de jeu, Mass Effect est fini à la truelle, donc très loin d'être optimisé. Et de ce que j'en sais, ça concerne aussi bien la version 360 que cette version PS3. Déjà, on peut citer les nombreux micro-chargements qui freezent l'action quelques instants, pouvant se révéler assez gênants lorsqu'ils interviennent dans certains affrontements un peu âpres, genre un combat de boss. Surtout que des chargements, on en a déjà partout, symbolisés par ces foutus ascenseurs, qui ont un peu le même rôle que les portes dans les anciens Resident Evil ; sauf que là, ils ne prennent pas cinq secondes mais plusieurs dizaines… On dirait vraiment que le jeu est presque trop ambitieux pour la bécane d'origine… Ou alors, c'est juste que c'est un jeu BioWare, et que la technique, c'est juste pas leur truc…

J'aurais aussi pu mettre dans ces défauts techniques l'IA, notamment à cause de ses quelques aberrations, comme des équipiers qui essaient d'atteindre leur cible à travers les murs, ou encore certains ennemis qui restent cachés dans leur coin sans bouger même lorsqu'on vient les y déloger…mais finalement, j'ai plutôt été assez agréablement surpris par l'IA générale du jeu, et principalement celle de nos acolytes, qui sont plutôt actifs et prennent quelques initiatives pertinentes en fonction de l'action. Bon par contre, ils ne suivent pas toujours les directives du chef…

Tant qu'on est dans ce qui aurait pu être mieux peaufiné, citons les phases en Mako, l'espèce de tank spatial servant à parcourir les différentes planètes qu'on est amené à explorer. Son maniement est assez horrible, à cause de ce stick droit qui sert à trop de chose : c'est lui qui imprime la direction générale du véhicule, qui gère la rotation de la caméra et qui en plus dirige le curseur de tir… Je vous laisse imaginer ce que ça peut poser comme problème quand on est entouré d'ennemis… En plus, il n'est pas aidé par le relief très accidenté (euphémisme) de certaines planètes, qui sont quelquefois un calvaire à arpenter (oui, Novacrux, c'est bien de toi que je parle).

Mais dans l'ensemble, le gameplay s'en tire avec les honneurs. Et encore, je n'ai joué qu'en Shepard soldat, ce qui, de l'avis de beaucoup de joueurs, semble être la moins intéressante des configurations à jouer. Je tenterais peut-être un nouveau run en biotique (peu ou prou la magie dans Mass Effect), mais j'ai surtout joué en soldat pur car c'était ce qui me semblait le plus logique d'un point de vue roleplay. Et je n'ai pas vraiment été déçu, les gunfights étant plutôt rythmés, les équipiers utiles et les ennemis globalement assez mobiles et pas trop cons. Le parti-pris munitions "illimitées"/ échauffement de l'arme est très intéressant, et les possibilités de customisation assez nombreuses, permettant à chacun de jouer à sa façon. J'aurais par contre à redire sur le système de couverture auto parfois entravant, ou sur la vitesse de déplacement un chouia lente, mais ça reste de l'ordre du détail.

Pour finir avec ce qui fait un peu tâche, citons quelques éléments d'interface pas toujours très bien pensés, principalement le fait de devoir automatiquement prendre dans l'escouade un équipier dont on souhaite faire progresser les statistiques, ou encore l'absence d'un marqueur clair qui nous indiquerait si on a déjà visité telle ou telle planète. De même, la carte aurait gagné à nous laisser voir tous les niveaux d'un lieu et pas seulement l'étage sur lequel on se trouve…ou en tout cas, au moins les endroits déjà visités…

Allez, on en vient à ce que Mass Effect propose de meilleur : son univers de science-fiction, admirablement bien pensé. Le contexte géopolitique est maîtrisé, les tensions entre les différentes races sont bien exploitées, et ça fait plaisir de voir que pour une fois, l'espace n'est pas dominé par les êtres humains, aussi bien en nombre qu'en importance. On peut cependant regretter que chaque espèce soit plus ou moins cantonnée à son carcan bien défini (krogans = bourrins décérébrés ; turiens = guerriers ; asaris = plaisir ; volus = commerçants…), et qu'au final, ce sont bien les Humains qui sauvent la galaxie. D'ailleurs, si on remplace "Humains" par "Américains" et "Galaxie" par "Terre", on a parfois un peu la désagréable sensation d'être devant un blockbuster hollywoodien…

Mais bon, le jeu contient assez de nuances de gris pour que la pilule passe mieux : on a déjà une équipe hétéroclite, composée de deux humains, un turien, un krogan, une asari et une quarienne, qui contrebalancent cette impression lors de quelques échanges verbaux (si bien sûr on prend le temps d'aller faire causette). Et puis on a maintes fois l'occasion de remarquer les travers de l'espèce humaine lors de nos passages à la Citadelle (coucou Udina), mécontente de son statut de race "mineure" alors qu'elle est la dernière arrivée dans l'échiquier (et qu'elle bénéficie de pas mal de privilèges)…

Le meilleur, c'est qu'on peut y mettre son grain de sel, grâce aux nombreux dialogues à choix multiples qui s'offrent à nous. Certes, je ne pense pas que la trame générale varie énormément, mais on peut influer pas mal de petits détails, notamment de par nos réactions avec nos interlocuteurs, pouvant miser sur la voie de la diplomatie ou au contraire ne faire aucune concession. Et le jeu ne nous oblige jamais à suivre la ligne de conduite initialement choisie. Dommage cependant qu'on finisse quand même "héros" même en étant un grand connard misanthrope…

Si j'avais quelques griefs à formuler, ce serait surtout qu'il manque à mon sens quelques petits plus qui auraient pu faire toute la différence (et faire grimper la note d'un, voire deux points). Le principal, c'est le manque de diversité dans les planètes visitables. J'entends par là que toutes ont la même gravité et beaucoup de caractéristiques semblables à notre bonne vieille planète bleue. Explorer des planètes ayant une faible/forte gravité (ce qui aurait joué sur le gameplay) ou encore des géantes gazeuses à bord de petits vaisseaux spatiaux aurait été un truc bien trippant. J'aurais aussi bien aimé voir des quiproquos liés au problème de la barrière de la langue ; dans Mass Effect, tout le monde parle anglais (enfin, français pour la version française du jeu), et c'est un peu dommage. Pour un peu, on se croirait dans Stargate SG-1…

Honnêtement, j'ai peu d'espoir que ces aspects soient "corrigés" dans les opus 2 et 3. Ce qui ne m'empêchera pas d'y jouer, maintenant que je suis happé (hypé?) par l'univers Mass Effect. J'espère maintenant juste que la partie technique soit mieux travaillée… Bref, épisode deux, me voilà !!