Nier
7.9
Nier

Jeu de Yoko Taro, Cavia et Square Enix (2010PlayStation 3)

Nier est un jeu à l'image de son héros avec ses airs balourds masquant une sensibilité insoupçonnée. Il s'agit là encore pour moi d'une oeuvre majeure aussi bien sur le plan de l'innovation dans le gameplay que dans la repousse des limites dans la pureté et la puissance des idées déployées. Reste à espérer que le jeu vidéo et l'art en général saura en capter les échos qui résonneront toujours dans le coeur de maint joueurs.

Nier c'est avant tout un monde suintant de douleur, un monde abandonné de tout sens. Cela se retrouve dans le trait torturé, intrigant des personnages et des lieux, dans les chants nostalgiques aux allures d'oraisons funèbres, dans les personnages au regard vide et torturés par un monde en ruines. C'est aussi le déchirement d'une humanité ravagée par les folies des hommes du passé et par les ombres du présent.

La grande idée de Nier s'incarne dans cette aptitude à d'abord se faire passer pour une épopée classique contre le poison qui menace les hommes et le monde pour ensuite progressivement laisser s'insinuer des doutes sur la vérité du combat dont la deuxième partie du jeu (je parle du New Game +) révèle la teneur.
Le manichéisme, appui rassurant pour l'humanité qui ne trouve pas les réponses, quitte le jeu et ouvre un nouveau jour sur l'aventure : celui d'un malheur commun à tous entretenu par des conflits vides de sens. Les rôles s'inversent, la boucherie est vue désormais pour ce qu'elle est.

Ainsi le jeu débute par la peinture d'un homme voulant sauver sa fille du mal en allant massacrer un bon nombre de grosses bébêtes dans un A-RPG sanglant qui va progressivement s'enfoncer dans les bizarreries et les souffrances de son monde. La montée en puissance et en complexité rappelle sans nul doute des jeux s'annonçant de prime abord très moyens et simplistes comme Infinite Undiscovery et Divinity 2 mais qui découvrent progressivement une très grande richesse.

Au niveau du gameplay, la situation est ma foi du même type. Si au départ le gameplay semble très simpliste et limité, l'on découvre vite un jeu qui mêle avec intelligence et à propos bien des variations dans l'expérience de jeu en empruntant des idées de genres multiples qui n'ont a priori pas grand chose à voir avec le RPG. Phases de Schmup, lecture, nettoyage avec vue à la Diablo et bien d'autres sont au programme des réjouissances et contribuent à rendre l'expérience variée et donc très agréable.
L'humour et les référence souvent présents contribuent à nuancer cette tragédie de la plus belle manière, s'inscrivant parfaitement dans le polymorphisme de ce monde étrange.

J'ai longtemps hésité à mettre 8 (en fait 8,5) à ce jeu en raison de quelques phases maladroites et de nombreuses quêtes annexes de pex (sans doute imputables à un manque de budget du jeu comme Infinite Undiscovery ? ) mais les différentes fins m'ont progressivement fait glisser vers le 9, le jeu m'ayant éblouit de sa simplicité dans l'émotion, de la pureté des sacrifices désintéressés. Bref, Nier est pour moi une de ces plus en plus rares étincelles de sensibilité à la japonaise qui se meurt jour après jour sous les coups des ogres Aseptisation et Simulation.
La Fin D est pour moi un relent venu dans sa plus pure forme comme dans les temps passés, relents souvent obscurcis par la volonté de reconnaissance.

Une oeuvre simple, pure, sincère qui devrait faire vrombir les coeurs comme les miens.
Foulcher
8
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Créée

le 7 août 2011

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7 j'aime

Foulcher

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