L'Odyssée d'Abe fait partie de mes meilleurs souvenirs vidéoludiques, un soft allant à contre-courant de l'industrie, et le faisant tellement bien qu'il a mis -presque- tout le monde d'accord. On y suit la destinée d'Abraham Lure, dit Abe, qui va par mégarde découvrir un jour que…oh et puis non, je vais laisser cet exercice au jeu lui-même. Voici donc le texte d'introduction de la version téléchargeable sur le store français de la PS3 :


"L'ouvrier doux qu'Abe a découvert que ses employeurs aux fermes de rupture prévoient d'employer son Mudokons semblable comme ingrédient principal dans leur dernier produit, Mudokon saute. Comme n'importe quel Mudokon décent, Abe vise à sauver ses pairs. Il également est déterminé pour chercher la justice dans sa bataille pour réduire les fermes corrompues de rupture. Le joueur assume le rôle d'Abe, et doit s'échapper de l'usine avant l'embarquement sur une recherche périlleuse pour reconstituer le sien les personnes une fois nobles."


Je…hum…heu…je pense que Google Trad s'en sortirait mieux… Faut tout faire soi-même à ce que je vois…(et dire que celui de l'Exode d'Abe est encore pire…). Bon, ben reprenons.


Abe est un mudokon. Et comme la grosse majorité de son espèce, c'est un esclave, à la solde d'une autre race, les Glukkons. Quelque peu insouciant et plutôt satisfait de sa condition (c'est qu'il a plusieurs fois été élu "employé" du mois!), il travaille comme balayeur dans les locaux de l'usine alimentaire RuptureFarms, dirigée d'un membre fantôme de fer par Molluck. Un jour, il surprend par hasard une réunion secrète des actionnaires qui, pour contrer des profits en très nette baisse, décident à l'unanimité de sortir un tout nouveau produit : une sucette…au goût de mudokon.


Pris de panique (qui ne le serait pas?), Abe fuit à toutes enjambées pour finalement réussir à s'évader de l'usine. Il finit par faire une mauvaise chute qui le laisse KO, et a tout à coup la vision d'un shaman, Big Face, l'intronisant élu du peuple, et lui assignant la mission de libérer ses congénères de l'emprise des Glukkons. Mais Abe devra tout d'abord faire ses preuves afin d'acquérir la puissance des glorieux anciens, le Shrykull, nécessaire à cette périlleuse tâche…


Et ça part plutôt mal. Il n'y a qu'à le regarder, le Abe, il n'est pas vraiment taillé pour le costard de héros. Il a beau avoir une bonne bouille, il est surtout chétif, seul et sans armes. Et ça se vérifiera très vite en cours de jeu : un contact avec l'ennemi ou encore un saut mal négocié aboutira toujours au même résultat : du pâté d'Abe en croûte. Il a cependant pas mal d'atouts en sa faveur…


Tout d'abord, s'il est effectivement très fragile, il n'est paradoxalement pas si faible que ça. Ses capacités physiques sont étonnantes : il peut courir relativement vite et prendre un certain élan pour sauter plutôt loin, se suspendre ou se hisser à la force de ses frêles bras, se mettre en boule à la Samus Aran, ou encore se faufiler sans faire de bruits dans une démarche qui rappellera aux connaisseurs Twinsen, le héros de Little Big Adventure. Et puis, il y a le gamespeak et l'envoûtement…


Le gamespeak est un système d'intéractions utilisé par Abe pour communiquer, principalement avec ses congénères. En maintenant L1 ou L2 plus un bouton d'action (X, O…), on a accès à différentes commandes comme "salut!", "suis-moi", "attends" ou quelques actions spécifiques comme péter ou siffler, qui feront l'objet d'énigmes au cours de l'aventure. Quant à l'envoûtement (L1+L2), il permet de prendre le contrôle des Sligs, les larbins des Glukkons…enfin, quand aucun suppresseur d'incantation n'est visible à l'écran (la grosse boule rouge). Comme la plupart des espèces peuplant Oddworld, ils ont leur propre langage, même si plus limité. Ils sont surtout pratiques pour faire le ménage parmi les rangs ennemis (sligs, slogs) grâce à leur très efficace mitraillette, mais attention à ce qu'un pauvre mudokon ne soit pas dans la ligne de mire ! Une fois la besogne effectuée, on se débarrasse de notre marionnette d'une bien horrible façon : en se kamikazant (notez le petit rire limite sadique que lance Abe quand son esprit "retourne" dans son corps…).


L'Odyssée d'Abe est un jeu difficile à faire rentrer dans des cases, proposant un mix savamment dosé de plateforme, d'action, d'aventure, d'infiltration et de réflexion. Oui, tout ça à la fois. Les sligs ayant une vision quasi nulle dans l'obscurité (mais une très bonne ouïe!), Abe doit apprendre à utiliser à son profit les différentes zones d'ombres pour progresser à leur insu, et réaliser sa tâche première : libérer ses congénères, en les guidant jusqu'aux "portails-oiseaux", qui s'activent grâce à l'envoûtement. Mais avant cela, il faudra souvent résoudre une énigme à base de leviers à activer et de bombes à désamorcer…


Une fois sorti de RuptureFarms, on fera connaissance avec une faune un peu plus sauvage, tels que les fougueux Scrabs ou les ingénieux Paramites, deux espèces traditionnellement vénérées par le peuple mudokon, qui leur ont dédié à chacune un temple. C'est à ce moment-là qu'on doit désapprendre tout ce qu'on a appris, car se faufiler dans la pénombre ne sert à rien contre elles, nous repérant vraisemblablement à l'odeur…mais il y a TOUJOURS un moyen de tromper la vigilance d'un ennemi gênant dans L'Odyssée d'Abe ! Comme je suis sympa, je vais vous donner une astuce pour les Scrabs : leur passe-temps favori étant de se défier les uns les autres dans une lutte à mort, arrangez-vous donc pour qu'ils se rencontrent, ils se désintéresseront alors complètement de vous ! Ça ne marchera cependant que quelques secondes, les combats étant très brefs…


Niveau plastique, on a une 2D léchée du plus bel effet, à une époque où Sony pressait les développeurs pour faire uniquement de la 3D. Mais la forte personnalité qu'est le sieur Lanning n'a sans doute eu aucun mal à imposer sa vision. Les décors sont très disparates (usine, désert, forêt, temple…) et la faune étonnamment crédible. Le level-design est un modèle du genre, et la plupart des environnements qu'on peut distinguer en arrière-plan sont bien souvent des destinations passées ou futures. Et puis on a les cinématiques, d'une beauté ahurissante pour l'époque, mélangeant avec un certain brio sérieux et petites touches d'absurdité.


Un mot enfin sur l'environnement sonore, et notamment sur la VF on ne peut plus réussie du jeu, qui est peut-être même supérieure à la VO. Faut dire que le doubleur d'Abe est particulièrement bon. Quant à la musique, on a principalement affaire à des thèmes d'ambiance qui savent se faire discrets, entrecoupés de mélodies plus rythmées lorsque l'action prend le relais de la réflexion.


Mais alors…L'Odyssée d'Abe est parfait ? Malheureusement non. Le gros défaut du jeu, c'est son système de sauvegarde automatique pourrave, dont les checkpoints sont parfois TRÈS espacés. Sur certains passages, le droit à l'erreur est minimal et le retour au début de la séquence très souvent vécu comme une injustice. L'autre bémol, certes de moindre importance, c'est qu'on ne peut sauver les mudokons que un par un, ce qui suppose de nombreux allers-retours parfois un peu fastidieux, sachant qu'il y a tout de même 99 mudokons à sauver (50 "seulement" sont nécessaires pour prétendre à voir la vraie fin). Des erreurs de jeunesse qui seront corrigées dans ce chef d'œuvre qu'est l'Exode d'Abe qui, s'il n'est pas la perfection, s'en rapproche tout de même fortement…


EN BONUS, VOICI QUELQUES CHEAT CODES :


Choix du niveau : au menu principal, maintenez enfoncé le bouton R1 et faîtes Bas, Droite, Gauche, Droite, Carré, O, Carré, Triangle, O, Carré, Droite, Gauche.


Toutes les cinématiques : au menu principal, maintenez enfoncé le bouton R1 et faîtes Haut, Gauche, Droite, Carré, O, Triangle, Carré, Droite, Gauche, Haut, Droite.


Cheat vocal : en cours de partie, maintenez enfoncé le bouton R1 et faîtes Triangle, Haut, O, Gauche, X, Bas, Carré, Droite.


Pets verts : en cours de partie, maintenez enfoncé le bouton R1 et faîtes Haut, Gauche, Droite, Carré, O, X.

Wyzargo
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le 19 août 2016

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