If it ain't broken, don't fix it.
Dieu que le premier contact est désagréable. Il faut dire qu'Abe glisse, met du temps à réagir, et que globalement les contrôles au stick semblent atrocement imprécis. La moindre phase de plateforme est un véritable calvaire, et j'irais même plus loin en disant que les contrôles sont parmis les pires que j'ai jamais rencontrés...
... heureusement, une mise à jour est venu corriger cela, et les développeurs ont rendu la possibilité au joueur d'utiliser les contrôles "old school". Bénédiction ! On appuie sur une gâchette pour courir, les sauts sont beaucoup plus simples à réaliser... vraiment, je ne comprends même pas pourquoi les développeurs ont essayé de s'écarter de ce schéma. Je tiens à préciser que je n'ai jamais joué au jeu original, donc je ne dis pas ça par simple nostalgie.
Quoi qu'il en soit, c'est à partir de là que j'ai pu véritablement commencer à apprécier Oddworld et son univers ; le gameplay n'était plus (trop) un obstacle.
Chicken Run
L'histoire voit Abe, le Mudokon, s'échapper d'une usine surdimensionnée, Rupture Farms, où il était auparavant balayeur. C'est au hasard d'un couloir qu'il a assisté à une keynote révélant le prochain produit de la firme : du Mudokon surgelé ! Abe va finalement se muer en messie pour son peuple et revenir le tirer de cette monstrueuse firme capitaliste.
Le scénario est simple, mais le monde archicapitaliste d'Oddworld, ses créatures domestiquées pour être abattues, le retour à un mode de vie plus traditionnel d'Abe, ont évidemment une grande résonance chez le joueur. C'est aussi une critique du grand patronat qui peut sacrifier en toute impunité ses ouvriers sur l'autel du profit. Ces problématiques sont très contemporaines.
Au final, ce n'est pas si difficile de s'immerger dans l'univers d'Oddworld.
Follow Me !
Le gameplay, à part pour ce qui est des problèmes susmentionnés, est plutôt ingénieux. Le pouvoir de possession (bloqué parfois par des inhibiteurs) permet de créer des puzzles originaux et est assez jouissif. De même les Scrabs et Paramites apportent des challenges variés.
Malgré tout, malgré les contrôles corrigés, certains enchainements de sauts doivent être réalisés à la frame près (ou quasiment), et on meurt très très très souvent. Abe's Oddysee est un véritable die and retry, mais de ces die and retry imprécis et donc frustrants. On est loin de la précision d'un (au hasard) Super Meat Boy. De surcroit, Abe a des points de vie, et si par malheur il ne vous en reste plus qu'un, certains segments deviennent vraiment tendus.
Heureusement, en plus des checkpoints (souvent trop espacés), les développeurs ont laissé la possibilité au joueur de réaliser une sauvegarde rapide à n'importe quel moment. Et croyez-moi, lassé de recommencer de bout en bout de longs segments pour à chaque fois mourir devant l'obstacle final, vous allez vite prendre l'habitude d'abuser de la sauvegarde rapide et d'enregistrer votre progression après chaque difficulté. Le problème, c'est que ce faisant, on a l'impression de ne pas jouer le jeu comme les développeurs espéraient qu'on y joue. Selon moi, il y a un problème de dosage quelque part.
Abe peut communiquer avec les Mudokons pour les sauver, c'est une bonne idée, mais ca reste quand même bien relou de s'adresser dix fois de suite à des Mudokons, leur dire "Hello", puis "Follow Me". Quand il n'y a aucun danger, on aurait aimé pouvoir s'adresser à tous d'un seul coup.
Conclusion
Si j'étais parti, dans un premier temps, pour asséner un 4 ou un 3/10 à ce jeu, il faut bien admettre que le correctif apporté par les développeurs gomme une bonne partie des imprécisions du gameplay. Reste un jeu de puzzle plateforme intelligent, engagé, plutôt joli, mais encore très frustrant par moment. Il faut avoir les nerfs solides ! Au final on obtient un bon jeu, dont je pense me souvenir un moment, mais je ne suis pas sûr de le recommander tout autour de moi.