Outland
6.7
Outland

Jeu de Housemarque et Ubisoft (2011PlayStation 3)

C'est par un concours de circonstance que j'ai découvert Outland. Pour tout vous dire, c'est Memento qui devait initialement tester le titre. Mais un imbroglio (une sombre histoire de code) a fait que la critique m'est revenue. J'ai vraiment reçu Outland comme un cadeau et après seulement quelques minutes de jeu, j'ai réalisé que je devais sincèrement remercier Memento d'avoir voulu parler de cet ovni. Passé complètement inaperçu, j'espère pouvoir vous transmettre tout l'amour que j'ai pour ce titre afin de le valoriser un tant soit peu. Nous savons que la pierre que nous apportons à l'édifice gigantesque de la communication d'un jeu vidéo est dérisoire, mais à notre mesure, nous essayons au mieux de mettre en lumière les productions qui nous touchent. C'est le cas pour Outland.

Développé par le studio indépendant finlandais Housemarque, déjà responsable du sympathique Dead Nation et de la série des Stardust, Outland est un jeu de plate-forme 3D, doté d'un gameplay en deux dimensions. Mais avant de vous parler des mécaniques de jeu ou de vous exposer le scénario, discutons de la direction artistique qui est tout simplement sublime. Impossible de le nier, c'est la première chose qui frappe. Dans des contrastes profonds de noir et de fluo, Outland est un véritable feu d'artifice. Vous l'aurez compris en un coup d'œil, le titre arbore une ambiance mystique. Entouré d'une aura spirituelle, le jeu vous transportera à travers les symboles et autres allégories célestes qui magnifient chaque détail. Thématisé en fonction du lieu visité, l'esthétisme de chacun des cinq niveaux du titre a bénéficié d'une attention particulière. Et attendez vous à être d'autant plus béat une fois le jeu en main. Votre personnage, anonyme mais à la quête épique, s'illustre par sa combinaison très typée TRON, mais surtout par son animation fluide et détaillée. Les déplacements de votre avatar sont limpides et suivent de la plus belle des manières les envolés langoureuses de la bande-sonore. Hypnotisant !

Outland s'imprègne d'une atmosphère faite de dieux, de fin du monde, de rêves et de magie, et le traduit à l'écran par un jeu simple dans sa tournure, mais abyssale dans sa sensibilité. Si l'on aurait pu regretter l'emphase d'une voix-off, qui, entre chaque monde vient un peu briser l'intimité établie entre le jeu et nous, la narration respecte tout de même bien la retenue et la pudeur du récit proposé. Pleine de sagesse et de simplicité, l'intrigue vous place dans la peau d'un élu qui devra faire face à des déités au sein d'une lutte séculaire. Mais le plus remarquable, c'est que Outland convint dans sa démarche autant sur l'esthétisme que sur le gameplay. Ce dernier va, en effet, retenir autant l'attention, sinon plus, que la direction artistique chamarrée du titre. Le jeu pourrait être comparé au Prince of Persia originel ou à Flash Back dans son exécution. Le comparo pourrait se tenir si le jeu n'était pas passé par la case mixeur afin de le lier à un autre genre : le shoot ! Alliance improbable pour ne pas dire impossible, le défi est ici relevé de la plus belle des manière. Hommage à Ikaruga et Silhouette Mirage, shoot emblématiques développés par le mythique studio Treasure, Outland parvient par une simple feature à amalgamer subtilement deux mondes pourtant antinomiques. Comme à l'époque des bornes d'arcades, vos ennemis vous assaillent de boulettes, mais, moins mobile qu'un vaisseau spatial, votre héros devra jouer des couleurs pour survivre et se dérober sous les murs d'énergie façon manic shooter. C'est là que la référence avec la bipolarité de certaines productions Treasure se fait prégnante. Par l'action d'une touche, votre avatar changera de teinte, passant du bleu au rouge. Ainsi drapé de la nuance du bien ou du mal, vous serez insensible aux boulettes de la couleur arborée. Mais vous pourrez aussi frapper vos contrevenants, qui cette fois, doivent être de la couleur opposée. Un ballet de tonalité rouge et bleu rythme ainsi votre avancé dans les niveaux. Si le début de l'aventure sait se faire progressif pour mieux vous inculquer les différents rouages de gameplay, la suite et fin du périple sait rester digne de son inspiration première.

Mais Outland étonne aussi par sa maturité et sa clairvoyance à réinterpréter les poncifs du médium. Les créatifs de chez Housemarque témoignent avec leur création de l'amour qu'ils portent à une génération de jeu, sans pour autant s'enfermer dans le conformisme ou le conservatisme. Sous le statut de studio indépendant, les développeurs finlandais font avec les moyens disponibles un jeu réellement moderne, qui peut sans aucun problème s'inscrire dans une démarche répondant à un désir contemporain. Outland n'a pas l'inventivité, la génialité d'un Flower ou la prétention d'un Braid ou d'un Limbo, du coup il ne surprendra peut-être pas autant. Mais personnellement c'est ce qui m'a beaucoup touché. Comme Mercury Steam l'a fait avec Castlevania : Lords of Shadow, Outland transcende des routines refluées d'antan et qui s'apparentent, si elles sont utilisées aujourd'hui, à des mécaniques surannées. C'est personnel, mais j'aime qu'un jeu moderne me fasse ressentir des émotions passées, mais avec la technicité et les moyens actuels. Si vous êtes dans mon cas, Outland va vous faire pleurer de bonheur. Les références sont pléthoriques : Metroid, Castlevania, Ikaruga ; mais font aussi écho à des conceptions plus globales : la construction des niveaux, les puzzles à résoudre, les défis demandés, les pouvoirs offerts sont autant d'exemples qui parleront à ceux qui ont connu les jeux vidéo autrement que par Call of Duty. C'est un détail pour certains, mais Outland remets sur selle des notions qui nous m'ont fait aimer le médium. Les exemples fourmillent, je prendrai donc le plus éloquent pour illustrer mes dires : les boss. Nous avons déjà constaté lors d'une précédente analyse que les emblématiques ennemis de fin de niveau se faisaient plutôt rares. Outland contrebalance ce constat en ressuscitant les boss. Comme le veut la tradition ils sont majestueux, imposants, sublimes et leurs affrontements est long, difficiles et périlleux. Comme stipulé plus haut, Outland ravive des émotions un peu oubliés. Ces boss soufflent à gorge déployée sur les cendres encore frémissante de notre nostalgie. Ici, l'épreuve de fin de stage est attendu comme une récompense par le joueur, car ces duels sont inventifs, originaux et surtout extrêmement plaisants.

La seule ombre au tableau est qu'il y a de grandes chances que vous ne lisiez jamais cette critique et plus important encore, que vous n'entendiez jamais parler de ce jeu (bon pas vous du coup !). De plus en plus d'éditeurs de renom entrent dans l'arène du jeu dématérialisé dotés de superbes productions. Néanmoins, je trouve qu'il y a véritablement un problème de communication pour ces titres. Sans tomber dans un abreuvage abusif de la presse, qui n'a de toute façon que pour résultante pernicieuse que de noyer l'actualité, les éditeurs pourraient un peu plus soutenir ces titres. Je pestais donc un peu vigoureusement contre Ubisoft pour ce manque de moyen donné à Outland, mais après réflexion, je pense que l'embargo établi jusqu'à ce jour (date de sortie du jeu sur PSN, demain pour le XBLA) n'est qu'une manière détournée de canaliser le focus sur le jeu. Une technique roublarde et peu onéreuse pour concentrer les tests sur une courte durée.

Rares sont les jeux qui nous étonnent, nous émerveillent et nous comblent de joie à tous les niveaux. Outland est l'un d'entre eux ! Plus qu'un hommage de qualité, ce titre est un ravissement et un véritable témoignage des développeurs pour tout un pan de notre industrie. Que dire de plus, la direction artistique est sublime, la maniabilité est parfaite (le contrôle du personnage est total !), les graphismes sont magnifiques, l'animation est excellente, etc. Au final, passé ses 5 niveaux et ses 7 – 8 heures de jeu pour le solo, je n'ai rien à lui reprocher. Si j'en fais un peu des caisses, c'est parce que ce jeu m'a réellement touché et encore, j'aurais pu en faire beaucoup plus et vous parler des différents pouvoirs, du mode coopération, des secrets à dénicher partout et de la myriade de détails que cache ce jeu. Bourré de subtilités, Outland finit par vite passer du petit jeu dématérialisé à celui de perle qu'il serait dommage de rater. S'il est petit par son prix (10 euros, quasi le prix d'un DLC de 30 minutes !) et par son réseau de distribution, Outland est grand, immense, géant par l'expérience qu'il propose et le bonheur qu'il m'a fait ressentir.
Med
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le 27 avr. 2011

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Mehdi El Kanafi

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