Considéré comme un véritable mythe du RPG, vient un jour où, « tout bon joueur qui se respecte », se doit de faire Planescape Torment. Et ce jour est arrivé. Et j'en ressors! Le jeu est bien à la hauteur de son mythe ! J'entre maintenant plus en profondeur de ce titre si particulier.

On incarne Sans-nom, un mec qui se réveille à la morgue, le corps couvert de cicatrices. Charmant ! Un crâne volant vient à sa rencontre et lui parle des tatouages que notre héros a dans son dos. Seulement, Sans-nom ne sait pas trop quoi en penser car il est amnésique ! Alors, le coup du héros amnésique, ce n'est franchement pas la première fois qu'on voit ça. L'idée étant généralement que le joueur découvre le monde en même temps que le héros. Sauf que pour Planescape Torment, c'est différent. En effet, l'histoire ne consiste pas à devoir sauver le monde, mais vraiment à retrouver son passé. Et il s'avère que Sans nom en a vécut des choses, car en plus de ça, il est immortel ! Commence alors une longue quête avec Morte, le crâne volant, afin que Sans-nom sache qui il est, et, accessoirement, répondre à une énigme : Qu'est ce qui peut changer la nature de l'Homme ? Je ne sais pas vous, mais tout de suite, on sent que le jeu a la prétention d'être différent de ce qui se fait d'habitude dans le genre. Loin de moins l'idée de vouloir lancer le débat WRPG VS JRPG, mais on n'est pas dans un univers d'Heroic Fantasy, ni même dans la peau d'un héros blondinet qui doit sauver le monde du grand Vizir qui a volé les 7 pierres magiques du destin. Mieux encore, Planescape Torment se veut être un jeu de rôle plus intelligent et profond que ce qui se fait d'habitude. Oubliez donc ces RPG où les combats sont tellement nombreux qu'ils frisent le beat'em all, Planescape Torment est finalement plus proche du livre dont on est le héros. Et le terme « livre » est on ne peut plus adéquat pour ce jeu. N'y allons pas par quatre chemins, Planescape Torment est réputé pour être bavard, et cette réputation n'est pas usurpé. C'est bien simple, le style d'écriture dans le jeu est celui du roman, avec des descriptions des personnages et de leurs expressions. De ce fait, le livre qui est fournis avec le jeu (du moins, sur le site GOG.COM), ne fait que reprendre les dialogues du jeu, et réadapter l'action. Le livre fait tout de même 455 pages (et il est intégralement en anglais) ! Aussi, l'univers est très riche et profond, avec une ambiance assez morbide et magique à la fois. Le macabre ne fait pas dans le gore bête et méchant, mais plus un style qu'on a pu connaitre avec Sanitarium. Soyez prévenu que, par exemple, Sans nom commence son aventure dans une morgue entourée de cadavres écorchés en putréfaction. Et même si Planescape Torment est très différent, ce n'est pas pour autant qu'il dénigre la concurrence. Le moteur est celui de Bladur's Gate, les règles sont du Dungeons & Dragons, et il y a même des références à Final Fantasy durant certaines attaques spéciales des ennemis, qui font alors carrément l'objet d'une vidéo.


Le héros a peut être l'apparence de la créature de Frankenstein en version musclé, ce n'est pas pour autant qu'il est très fort. C'est pourquoi il faut de préférence suivre la voix « souhaité » par les développeurs, la voix du dialogue plutôt que du combat. Ca peut paraitre cul cul vu comme ça, voir même utopiste, surtout pour un jeu où il est possible de tuer n'importe qui, et pourtant, c'est actuellement le cas. En fait, on gagne même beaucoup plus d'expériences en résolvant les problèmes des gens où en leurs demandant des informations, plutôt que par les armes. C'est le cas dans finalement peu de RPG. Il faut dire que ça tombe plutôt bien car les combats sont franchement nuls, le degré zéro de la subtilité. Tout le contraire des dialogues, qui sont incroyablement riche, et long, long, long...Parfois un peu trop peut être, si bien qu'on zappe des dialogues, pourtant bien écrit. Le héros a beau être immortel, ce n'est pas ça qui rendra le jeu facile, toute la difficulté résidant dans le fait de bien comprendre ce qu'il se passe afin de bien savoir à qui parler, quoi leurs dire, qu'est ce qu'il faut chercher à apprendre ou à obtenir... De même, si on dit une grosse connerie à un personnage, ça peut avoir des conséquences assez terribles. Il faut donc éviter d'envoyer systématiquement chier tout le monde histoire de faire gonfler une jauge »bad guy » qui n'existe même pas, car dans Planescape Torment, nos choix ont de vrais conséquences. Et c'est lorsqu'on se retrouve à devoir batailler avec tout les habitants des nations mortes par exemple que l'on comprend notre douleur et notre erreur. Bref, les dialogues priment sur les combats. Et c'est un choix on ne peut plus judicieux. Avoir un tel univers pour le voir gaspillé par du combat à la chaine plutôt que de vivre à l'intérieur de l'histoire, ça aurait fait mal au coeur. Seul hic alors, il est parfois très difficile de tout suivre et de deviner ce qu'il faut faire. Planescape Torment fait partie de ces jeux où on a le droit d'utiliser une solution sans trop de remords. On me dira, des jeux où il y a une solution à écrire, rien que ça, ça n'existe plus trop de nos jours. Mais ne nous égarons pas. Planescape Torment, c'est avant tout une histoire. Ca aurait pu être gênant si le jeu était dépourvu de possibilité, un peu comme un digital comic ou un livre à lire sur un écran, mais ce n'est heureusement pas le cas. Les dialogues et les situations sont très riches en choix et possibilités, d'ordres moraux ou autres. De même, les partenaires de jeux qu'on engage se parlent entre eux et peuvent avoir une influence sur les dialogues ! Il ne s'agit peut être que de petits sprites vu de haut, et pourtant, on plonge assez facilement dans l'histoire et on s'attache beaucoup aux personnages dans cet univers fantastique, car le tout est incroyablement audacieux et cohérent à la fois ! Classishit, vous ajoutez à ça le fait que le jeu a bien vieilli visuellement, et que les musiques sont très fortes et dégagent une véritable aura.

On pourrait dire que Planescape Torment, c'est comme si Dostoïevski écrivait un livre dont on est le héros, mais vu que nous sommes des gens sérieux qui ne sont pas des adeptes de la branlette intellectuelle sur des choses qu'on ne comprend pas, je vais plutôt me contenter de dire que Planescape est un jeu culte, difficile d'accès par sa nature à vouloir plus reposer sur le dialogue que sur le combat, ainsi qu'un univers très mature et profond dont la thématique n'est pas l'amour entre adolescent et la lutte entre le bien et le mal. C'est donc forcément un jeu à faire, sauf si on est vraiment réfractaire aux dialogues ou aux univers morbide, forcement.
leo03emu
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le 11 nov. 2010

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