Rage
6.4
Rage

Jeu de id Software et Bethesda Softworks (2011PC)

Après quatre ans de développement pendant lesquels les fans trépignaient, attendant la sortie du nouveau FPS des spécialistes du genre, RAGE débarque enfin! Il s’annonce nerveux, apocalyptique, mais qu’en est-il réellement?


Doit-on encore présenter id Software, le studio spécialiste des FPS dont il a été le meilleur vendeur? Wolfenstein 3D, Doom, Quake, on ne compte pas beaucoup de jeux chez la bande de John Carmack mais chacun a marqué son temps et fut excellent. En 2007, lorsque RAGE est annoncé à la QuakeCon, certains furent déçus de devoir encore attendre un Doom 4 mais d’autres comme moi ne pouvaient cacher leur joie devant le concept proposé: dans un monde détruit (du déjà vu), on incarne un mercenaire, un homme sans nom qui va survivre et nettoyer au karcher toute la racaille du coin. Entre temps, Borderlands est sorti, mais ce n’était que l’apéritif, la mise en bouche pour patienter le coup de maître.


Nous sommes en 2035, la Terre a été frappé par un astéroïde de la taille de la ville Gif-sur-Yvette, ou un peu plus gros, et a retourné la planète bleue en un joyeux bordel. Mais dans les hautes sphères, on a anticipé le bordel en créant Arche, un plan de survie envoyant sous terre des humains cryogénisés avec le kit de survie qui va bien. Mais c’est comme partout, les plus faibles ont péri tandis que les plus costauds sont toujours là, dont vous. Le réveil est dur, la bouche pâteuse, mal aux cheveux, ça ressemble aux toilettes du Queen, mais vous sortez quand même.



Killing in the name of



Vous n’avez rien d’autre qu’une combinaison à la con et marchez parmi ces décors détruits et sans vie. C’est là qu’un drôle de mec vous saute dessus prêt à vous égorger, accompagné d’un ami mais avant d’avoir pu faire quoi que ce soit on vous sauve la vie. Merde, vous voilà déjà endetté. Votre sauveur vous récupère et vous emmène à bord de son buggy et vous dresse le topo de la vie sur Terre, la nouvelle. Pour faire simple, il y a des survivants dans des camps surprotégés et le Wasteland (ça ne vous rappelle rien?), sec et sauvage, est dangereux et peuplé de bandits ou de créatures étranges. Le début du jeu fait office de tutorial, ça vous apprend le principe assez simple du jeu: un FPS avec une fausse liberté d’action et des missions à faire à gauche à droite pour gagner de l’équipement ou de l’argent, denrée rare vous l’avez deviné. Ne voulant en faire qu’à ma tête, j’ai décidé, au lieu de suivre le chemin de la map vers ma mission de prendre une autre route et j’ai mangé une roquette en pleine tronche au détour d’un virage. Une liberté d’action certes, mais pas complètement, si vous n’avez pas débloqué telle arme permettant de tuer le salaud planqué avec son lance-roquettes.


Hormis ce détail et les murs invisibles empêchant d’accéder à tel ou tel endroit du décor, RAGE impressionne. Dès les premiers pas, il se dégage quelque chose, une ambiance (quoiqu’un peu statique par moment), une finition quasi parfaite. Le monde qui nous entoure semble vaste et dangereux, c’est par moments beaucoup trop calme, donc inquiétant, tout cela est renforcé par la qualité graphique mais nous reviendrons plus tard sur ce sujet qui divise énormément. Là où id Software montre son plus savoir-faire, il s’agit bien évidemment des combats. Dès les premiers gunfights, on est dans autre chose que CoD, DNF et compagnie. Les animations des ennemis laissent sans voix, l’IA ne s’avère pas parfaite mais tient bien la route, jamais ils ne viendront se jeter sur vous bêtement, sauf ces gros tarés équipés de torches enflammés qui attendront le moment où vous allez recharger pour vous sauter dessus. Les dialogues lors des combats, assez cocasses par moment, vous rappellent que c’est vous qui attaquez et que vos adversaires ont tout leur temps et sont plusieurs. Attention donc aux grenades qui pleuvent par moment. Grâce à id Software, fragger redevient un plaisir, on bouge, on contourne l’ennemi, on lui éclate sa tronche. Souvent imité, jamais égalé, dit-on. C’est ici plus qu’approprié.



Ô désespoir



Si les combats vous régaleront, leur facilité risque de vous déconcerter un tantinet. Tout comme l’ensemble du jeu, soyons clair, c’est plutôt facile. J’ai débuté en normal mais je suis vite passé en difficile pour un peu plus de challenge, heureusement d’ailleurs que l’on peut changer la difficulté en cours de partie. Mais ce n’est rien comparé à la polémique du moment et qui a entouré la sortie de RAGE: les graphismes. Alternant le sublime et le gerbant, le jeu surprend. Dans les intérieurs principalement, on admire de jolies mises en scène graphiques, le screenshot est évident, mais par moment, où en se rapprochant davantage des décors, certaines textures sont baveuses, pixelisés comme pas possible. Id Software a essayé d’éviter de voir deux fois la même texture dans le jeu, ainsi, chaque tag est unique par exemple. Malheureusement, et gros bémol sur ce point, c’est au détriment non pas de la fluidité du jeu, parfaitement optimisé mais de l’affichage en lui-même. En jouant, si vous tournez rapidement, les textures apparaissent floues durant une seconde et deviennent nettes. Une drôle de sensation, je ne vous le fais pas dire. La version PC a même eu droit à un traitement de faveur particulier. Si aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre, lors du lancement, les joueurs équipés de cartes graphiques ATI avaient d’énormes problèmes de compatibilité et d’affichage, les mauvais pilotes ATI étant sortis en même temps que RAGE. Depuis, cela s’est arrangé, on peut davantage configurer son jeu sur ce point là, pour ATI ça ne merde plus et pour nVidia (les winners) ça marche mieux que jamais.



Moi un rageux?



Vous êtes attendus? Vous pourrez finir RAGE rapidement en un peu plus d’une dizaine d’heures. Pour les autres, qui prennent leur temps et explorent le jeu, ce sera plus long. Car en effet, RAGE propose des activités touristiques plutôt sympathiques, comme la destruction de buggys dans des courses à la Mario Kart, mais revisité. Un mode que beaucoup de joueurs déclarent inutiles mais s’il n’y était pas, ils râleraient tout autant. Dommage cependant que la dernière partie de l’histoire et la fin soient si bâclées. Bref, vous et votre buggy œuvrez pour gagner de l’argent, afin d’équiper ce dernier de mitrailleuses, de lance-roquettes et autre arrangements utiles à votre survie. Étant donné que la majeure partie (pour ne pas dire la quasi-totalité) de vos déplacements se feront à quatre roues, mieux vaut sortir couvert. Autre activité, le jeu de carte, assez simple, il s’agit d’une sorte de jeu rôle dans lequel vos cartes et celles de l’adversaire s’affrontent et le dernier debout gagne. Évidemment, pour gagner, vous devrez vous procurer des cartes rares à dénicher lors de vos escapades armées.


Beaucoup de missions vous attendent également. C’est sur ce point d’ailleurs que l’empreinte de Bethesda Softworks, qui édite le jeu, se voit. Outre la figurine du Vault-Boy que vous trouverez, l’ambiance très Fallout se fait ressentir par moment dans ce monde détruit, tout comme son nom, le Wasteland, emprunté aux derniers opus de la saga. Si bien sûr les missions principales servent la trame du jeu, beaucoup sont optionnelles et s’obtiennent en parlant à un peu tout le monde, en se faisant aborder parfois comme ce vieillard qui vous a repéré, vous, l’étranger fraîchement débarqué, et qui veut que l’on sauve sa femme, mourante. Ce système au final est plutôt dirigiste et linéaire car il consiste à parler à quelqu’un, d’aller d’un point A à un point B, de buter tout le monde et de revenir. Heureusement que la partie shoot est un régal. Vous devrez également faire attention à l’Autorité, qui recherche les gens comme vous contre une forte somme d’argent, mais ça, je vous laisse le découvrir. Les dialogues avec les PNJ, comme ceux des combats, sont assez bien foutus et les animations étant superbes, on est dedans. Le fonctionnement global du jeu repose sur ces missions vous permettant d’obtenir diverses choses, comme des armes ou de l’équipement, ou même des plans de fabrication. Ne revendez pas tout ce que vous ramassez, certaines babioles se révèlent utiles pour vos armes notamment. Le système de la débrouille, n’est-ce pas?


RAGE est une bombe, il est excellent, il déchire, c’est un FPS parfait mais agrémenté de petites touches RPG qui donnent au jeu cette impression de répétitivité. Techniquement beau et fluide, le jeu nous fait voyager, id Software ne s’est pas loupé là-dessus et chaque gunfight est jouissif. Un peu trop facile par contre, RAGE souffre d’une fin bâclée.

RobinBeaugendre
8
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le 16 juin 2016

Critique lue 178 fois

Robin Masters

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