Silent Hill 2
8.6
Silent Hill 2

Jeu de KCET, Team Silent et Konami (2001PlayStation 2)

Quand on parle de survival horror, deux titres nous viennent immédiatement en tête: Resident Evil et Silent Hill (voire Project Zero et Dino Crisis pour les plus connaisseurs). Force est de constater que ces deux séries ne jouent pas dans le même domaine, là où Resident Evil nous propose un gameplay plus nerveux (RE4) ou plus difficile (RE 1 à 3), Silent Hill lui puise sa force de son scénario impeccable et de son ambiance hors du commun. En soit, on peut rapidement reprocher à la série d'être trop simple, et un joueur aguerri aurait tout intérêt à passer directement au niveaux de difficultés supérieures s'il veut pouvoir s'intéresser au jeu, car si un resident evil vous stressera tout du long par le manque progressif de soins et de munitions, vous ne serez jamais (ou presque) dans le besoin dans Silent Hill. Ces deux séries jouant sur un tableau différent, je tiens à dire que j'aime ces 2 séries pour des raisons différentes et que pour moi la comparaison n'a pas lieu d'être. Silent Hill est simple oui et alors? Le scénario de ce jeu est tout simplement extraordinaire, bien loin devant les petits scripts de série B que nous propose Resident Evil.

Silent Hill 2 se passe quelques années après le premier Silent Hill. Si aucune allusion au premier épisode n'est faite, la continuité va au plus simple: Alessa l'être tout puissant qui a attribué ses particularités démoniaques a Silent Hill a disparu, cependant Silent Hill existe toujours et semble être devenu une sorte de Purgatoire qui attire les âmes en perdition. Car oui, les personnages du jeu ne sont pas tombés ici par hasard, ils ont tous un rapport avec la mort d'une tierce personne et perdus dans leurs propres névroses et démences, ils erreront dans la ville pour des raisons complètement différentes. Oubliez cette merde immonde de Silent Hill 2 Revelation 3D où n'importe quel péquin peut arriver dans la ville et se balader affronter des monstres, NON! Silent Hill est un endroit entre les réalités qui reflète le tourment de ceux qui y sont. Les personnages ont tous leurs fantômes et tous leurs enfers, en soit, ils n'ont aucune raison de coopérer ou de s'associer, ils se croisent mais ils ne peuvent rien faire pour aider les autres, tout juste peuvent-ils s'aider eux mêmes. Ici, pas d'ados débiles et de speech lycéen on se demandera toujours comment avec un matériel aussi dense que Silent Hill on a pu nous pondre un deuxième film aussi nul. Quand on voit la force de ce que représente le symbolisme de Silent Hill dans la série on ne peut que s'indigner d'avantage devant cet ignoble teenage movie de suite de m... . Bref, je vais abréger ma haine envers SH 3D et continuer ma critique car si je m'écoutais je pourrais continuer très longtemps.

Le contexte étant posé, nous suivons James Sunderland, un écrivain sans histoires qui revient à Silent Hill, 3 ans après le décès de sa femme. En effet, indépendamment des événements qui ont impliqués Alessa, James et sa femme Mary ont séjourné à l'hôtel de la ville et passé des vacances mémorables. Une lettre, envoyée par Mary prétendument décédée incite James à revenir à Silent Hill et a rejoindre l'hôtel où ils avaient séjourné. Nous suivons alors James dans son propre pandemonium, placé face à ses propres doutes et contradictions, forcé de reconnaître qu'il se ment à lui même et donc obligé de reconnaître le vérité peu à peu. Le jeu a une intensité psychologique rarement vue dans un jeu, nous sommes littéralement plongé dans la psyché de James; pourquoi est il ici? pourquoi cherche-t-il à ne pas voir la vérité? pourquoi est-il poursuivi par le Red Pyramid Thing, reflet de son âme tourmentée et de sa culpabilité? Le jeu est d'une profondeur incroyable digne des plus grands thrillers, clairement le jeu se place à un niveau cinématographique, tant les incursions des différents personnages ponctuées de répliques qui tuent marquent les esprits. Les autres personnages sont tout aussi réussis, entre Angela, une fille névrosée complètement folle, Eddie, complexé par son physique et totalement malsain, Laura la petite fille de huit ans qui apparemment ne semble pas voir de monstres et Maria, une copie conformer de Mary qui vous vous en doutez a un rôle primordial dans l'enfer de James, force est de constater que chaque personnage est mystérieux et réussi. On s'intéressera à chacun d'entre eux, tout en réfléchissant aux raisons qui ont pu conduire chacun d'entre eux en ces lieux,. La narration est sans problème l'un des éléments les plus réussis de ce jeu, et c'est cette maîtrise qui fera aisément passer ce jeu dans la catégorie de culte pour tout ceux qui y ont joué.

Pour ce qui est de la musique c'est du tout bon, comme d'habitude avec cette série, la bande son est mélancolique, morbide, flippante, posée. Nous sommes dans un jeu qui pose les choses en douceur et jamais brutalement. Les scènes du jeu n'en sont que plus réussies, on est largement dans la moyenne haute de la mise en scène dans un jeu vidéo. Au niveau gameplay disons le, vous ne stresserez jamais, pour quelqu'un qui se donne la peine d'explorez les zones et la ville, les objets de soin et munitions ne manqueront jamais. En revanche, vous stresserez à cause des changements de décors du dark world, à cause des brutales apparitions du Pyramid Thing, de l'ambiance morbide et glauque à souhait, des zones fermées qui titilleront votre claustrophobie, bref Silent Hill possède une force de sensation exceptionnelle. Le jeu est ponctué d’énigmes dont vous pouvez définir le niveau de difficulté en même temps que vous choisirez le niveau de difficulté du jeu, si en mode normal les énigmes restent accessibles sous condition de se donner la peine de réfléchir, les énigmes du niveau supérieur sont nettement plus cocasses et vous demanderont de bien vous creuser les méninges. Le jeu dispose de plusieurs fins différentes n'ayant pas les mêmes implications, dont une impliquant la rédemption de notre pauvre James. Le jeu se permets même de s'auto-parodier puisque l'une de ces fins est complètement délirante, ponctuée d'un générique de fin totalement hilarant et absurde.

Silent Hill 2 n'a à mon sens, aucun vrai défaut, du moins aucun capable de me faire oublier ses qualités. Avec une narration impeccable, des personnages profonds, une mise en scène léchée et une ost qui déboîte, techniquement le jeu n'a aucun soucis majeur et seulement d'indéniables qualités. Si certains y critiqueront un gameplay peu original, et un jeu trop simple, je répondrais que le jeu s'apprécie sur cette simplicité qui permet de mettre plus encore en relief la morbidité de l'ambiance de cette tuerie. Ici, on ne farme pas des munitions et des armes, on cherche seulement à s'extirper de cet enfer en résolvant des énigmes parfois retorses. A mes yeux, Silent Hill 2 est l'un des meilleurs jeux d'horreur jamais réalisés, ainsi que l'une des romances noires et psychologiques les mieux scénarisées. A la fois philosophique et symbolique, la trame nous amène nous même à nous poser de multiples questions, sur le jeu lui même qui laisse libre à une quasi infinité d'interprétations, mais aussi sur nous mêmes et sur le sens de notre vie. Un grand cru et un jeu d'exception, un jeu que je recommanderais sans aucuns soucis. Un jeu que j'adore tout simplement.

Créée

le 5 janv. 2015

Critique lue 744 fois

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Algernon89

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