Silent Hill 2
8.6
Silent Hill 2

Jeu de KCET, Team Silent et Konami (2001PlayStation 2)

In my restless dreams, I see that town... Silent Hill

Silent Hill 2 ou cette oeuvre à l'ambiance unique, cette ambiance qui nous transcende, ce malaise continu d'où ressort tant de beauté, tant de magie... Une cruelle beauté, une sublime marque malsaine que l'on traine d'un bout à l'autre du jeu.

L'aventure se construira autour de l'exploration de différents lieux, que le joueur devra traverser pour progresser au fil de l'intrigue. Lâché dans Silent Hill, il devra partir en quête d'éléments, d'indices, d'items, afin de poursuivre. Pour cela, il devra faire face à bon nombre d'énigmes, mais surtout il devra faire face à de redoutables monstres. Le concept est simple, mais terriblement attachant pour peu que l'on aime l'exploration (et en tant que grand fan de Tomb Raider, comment ne pas être conquis ?), et que l'on n'a pas peur d'avoir peur.
Si les énigmes ne sont pas toujours difficiles, on ne pourra que saluer la présence de différents modes de difficultés pour celles-ci, ce que je n'avais vu dans aucun jeu vidéo auparavant (mais peut-être suis-je inculte). Les munitions et soins ne sont pas spécialement rare en mode Normal, pour peu qu'on les économise un maximum, mais il y en a de moins en moins si l'on change le mode de difficulté.
Mais bon, avec tout ceci, on obtient un jeu envoûtant.

Envoutant, oui c'est le mot. Quand l'on entre à Silent Hill, on n'en sort que lorsque l'aventure est finie, ou que l'on a des nerfs trop fragiles pour survivre.
Notre héros reçoit une lettre de sa femme décédée, qui lui demande de la retrouver à leur endroit préféré, cette ville, Silent Hill. Alors, nous nous y rendons, pour retrouver notre femme, pour comprendre le fin mot de cette histoire... Nous y allons avec nos blessures, avec la peine que l'on traîne car l'on ne s'est jamais remis de sa mort, avec toute la mélancolie du monde. Et nous y allons, et nous y sommes, et nous voilà dans le monde malsain, moche, crade, dégueu de Silent Hill.
Ce jeu réussi l'impossible, c'est à dire mixer la mélancolie au malsain, à nous donner envie de vomir tout en nous émerveillant, à nous rendre mal à l'aise, à nous angoisser tout en nous rendant triste, mais tout en nous sentant bien. Et rien que pour ça, ce jeu vaut tout l'or du monde.

Et si l'on arrive à un tel résultat, c'est par cette histoire terriblement prenante, que l'on ne lâche pas, que l'on ne lâche jamais, grâce à ces musiques belles, très belles, à ces cinématiques magnifiques dotées d'une réalisation à tomber par terre, à ces personnages à la profondeur et la justesse indescriptible, à cette ambiance crée et soutenue tout le long de l'oeuvre... Mais aussi grâce à son bestiaire de monstre immonde, mais non moins charismatique (Pyramid head, si tu me lis !), à ces décors qui peuvent nous repousser, nous révulser tant ils sont malsains, plein de sang, plein de moisissure, grâce à cette ambiance sonore juste crade, faite de bruits quand ce n'est pas de la musique, oui mais de bruits infâmes qui nous traverse et fait battre nos coeurs encore plus rapidemment.
Silent Hill 2, ce chef d'oeuvre, oui.
Un hymne à la perfection. Si le jeu a des lenteurs, il les assume. Mieux, il les a désiré. Si le joueur arpente souvent des lieux vides, ce n'est que pour mieux saisir leur passé, leur mélancolie, et craindre à chaque instant ce qui pourrait lui arriver. Ce n'est que pour mieux être repoussé par les visions malsaines qu'ils nous envoient, ce n'est que pour mieux être surpris. La surprise et l'inattendu font partis des maîtres mots de ce Silent Hill 2. A chaque instant pourrait apparaître une vision des plus inattendus, ou un son furtivement entendu chargé de mystère.
Un symbolisme fort nait alors de chaque instant que l'on vit avec le jeu, et le tout se recoupe et l'on comprend en analysant bien que tout à un sens, rien n'est laissé au hasard.

Silent Hill est une série qui voulait faire comprendre qu'on pouvait faire ressentir toute sorte d'émotion humaine dans un jeu vidéo. Ce Silent Hill 2 en est encore aujourd'hui la plus grande preuve. Le jeu ne vous fera pas que ressentir de la peur, ou de l'adrénaline, il vous mettra constamment mal à l'aise et vous plongera dans votre humanité, vous retranchera dans votre propre faiblesse, vos propres tourments, et fera naître en vous une certaine tristesse. Et le sentiment de fin sera magnifique : celui d'avoir accompli une oeuvre inestimable.

Personne ne ressort indemne de Silent Hill. Aucun personnage. Aucun joueur.

Créée

le 20 juil. 2011

Critique lue 3.3K fois

59 j'aime

5 commentaires

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59
5

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