Singularity
6.4
Singularity

Jeu de Raven Software et Activision (2010PC)

Dernière sortie FPS avant l'été, Singularity se doit de donner une bonne dose de gunfights avant de permettre aux gamers de laisser à l'abandon leurs chers PC. Singularity est un mix de nombreux genres, l'horreur pour ses monstres et ses effets de surprise, le FPS pour ses combats et l'aventure pour les nombreux moments de réflexions et son histoire. On pourrait même dire qu'il y a un peu de plate-forme. Vous devrez manipuler le temps pour réparer vos erreurs, des erreurs que paradoxalement, vous avez créé alors que vous n'étiez pas encore né. Ça promet.

Une histoire dans un FPS

Tout commence lorsque vous arrivez en hélico sur l'île de Katorga-12, située non loin de la côte orientale de la Russie. Frêle marines prêt à en découdre avec ceux qui vous attendront en bas, votre mission est de découvrir les raisons des fortes émissions de radioactivité aperçues grâce aux nombreux satellites qui gravitent autour de notre belle planète. Pas de chance, les russes sont arrivés sur l'île abandonnée les premiers et font exploser une bombe IEM avant que vous touchiez le sol. Les deux hélicos américains plantés, il ne reste que deux survivants, vous et un certain Devlin. Vous devrez d'abord le retrouver avant de chercher à comprendre ce que les russes faisaient sur cette île il y a de ça 55 ans. Si le début du scénario est vu et revu, la suite est nettement plus intéressante. L'URSS menait sur l'île des recherches sur un nouvel élément, l'E99. Cet élément pourrait permettre de réaliser des bombes plus puissantes que l'arme atomique américaine. Ses capacités ne s'arrêtent pas là et il serait aussi possible de manipuler les objets sans effort voire, de manipuler le temps. On ne peut plus fier d'avoir découvert la raison des problèmes sur l'île en cinq minutes de jeu (ou en la lisant dans les divers tests qui parsèment la toile), votre plaisir n'est malheureusement que de courte durée. Une onde temporelle balaye l'île et vous transporte en 1955, là-bas, vous allez sauver le professeur Demitchev. Grave erreur puisqu'en survivant, il va changer la face du monde.

Il va donc falloir réparer vos conneries, mais Katorga-12 n'est pas le monde des Bisounours. Manipuler l'E99 sans trop en connaître les conséquences a provoqué la transformation physique des habitants. En gros, ils sont devenus débiles, très forts et ils sont reconnaissables par leur peau sombre presque noire. Certains courent très vite, d'autres peuvent se téléporter et d'autres ont une ouïe hors norme (il faut dire qu'ils sont aveugles. On ne peut pas vraiment parler de zombis puisqu'ils ne sont jamais morts, plutôt de mutants. D'ailleurs, vous ne croiserez jamais un corps se relever tout seul. Il faudra donc se dépêtrer de ces mutants et comme si cela ne suffisait pas, les hommes de Demitchev ont investi l'île en grand nombre. Il sera donc peu aisé de progresser sur l'île où une ambiance macabre règne, en effet, Katorga-12 est abandonnée depuis plusieurs décennies après qu'une catastrophe ait décimé la majeure partie des habitants. Les cadavres jonchent le sol et ces mutants boostés à l'E99 ont la désagréable habitude de surgir quand on ne s'y attend pas.

Pour éviter que Singularity sombre dans le FPS horror banal, Raven Software a disséminé quantité de notes, d'enregistrements audio et parfois même, des vidéos pour en savoir davantage sur les expériences menées sur l'île mais aussi la personnalité des différents protagonistes. Cela ressemble nettement à Bioshock qui n'était cependant pas le premier à utiliser cette méthode. Si cela passe bien dans le titre de 2K Games, dans Singularity, les enregistrements audio sont parfois mal placés, un peu comme si tout le monde se trimbalait avec un magnétophone dans sa poche. Il est dommage alors de ne pas avoir privilégié la vidéo car ces séquences sont souvent de très bonne facture. Les expériences des scientifiques auraient justement pu servir de prétexte à de nombreuses vidéos, dans Singularity, vous en croiserez trois de ce genre contre une bonne trentaine d'enregistrements audio. Singularity n'en reste pas moins un FPS possédant un bon scénario, pas vraiment nouveau tant la course à l'armement en contexte de guerre froide est un sujet traité et retraité. Vos interventions dans le passé ont une influence sur le futur même si l'on regrette que notre influence sur les structures soit si faible. Si l'on pourra accuser des séquences prévisibles, le scénario n'ennuie pas et tient bien la route.

Un bon FPS ?

Proposer un scénario respectable ne suffit pas, il faut que le gameplay suive. Singularity a un atout de taille, le Manipulateur Temporel ou MT pour les intimes. Vous allez rajeunir ou vieillir les objets, les monstres et les hommes. C'est indispensable pour assurer sa survie et sa progression sur l'île. C'est aussi l'occasion de faire quelques puzzles honteusement chiants qui se résument bien souvent à vieillir une caisse pour la faire passer par un tunnel où elle n'aurait jamais pu passer autrement avant de la remettre à son état normal et la poser ensuite sur le sol. Le but étant pour notre héros de ne pas avoir à escalader un muret et aux développeurs, de ne pas faire des animations supplémentaires que de toute façon, nous n'aurions même pas vu (FPS oblige).
Si l'on fait abstraction de ces phases ennuyeuses à souhait, le MT a bien d'autres fonctions. La bulle temporelle en est une, si une dizaine d'araignées mutées foncent sur vous, cette bulle pourra ralentir le temps à l'intérieur et donc, toutes les araignées qui s'y trouvent, vous pourrez alors réfléchir sur quelle arme utiliser pour faire un beau massacre. Autre fonction plus ou moins efficace, la répulsion, qui ne sert strictement à rien si on ne l'améliore pas, elle permet de projet au sol les ennemis voire de les tuer sur le coup. Il y a enfin le vieillissement, qui, s'il est associé à une forte dose d'E99 pourra transformer un humain en mutant. Dans le cas contraire, l'homme tombera sous le poids des années. Il est dommage de ne pas pouvoir rajeunir l'ennemi, il aurait été amusant de rendre la jeunesse à un garde, pourquoi pas quand il avait cinq ans ?

Outre le MT, des armes plus conventionnelles seront à votre disposition. Fusil d'assaut, fusil à pompe, arme de poing à base de cartouches à E99 et fusil de précision. Un peu plus puissant, une mitrailleuse Gatling et un lance-grenade. Une autre arme, plus amusante cette fois, est tirée des différentes expériences menées sur Katorga-12. Elle répond au doux nom de Seeker, lorsqu'une balle est tirée, le temps ralentit pour éviter de se faire canarder pendant notre balade, et vous guidez la balle jusqu'à sa cible à l'aide de la souris. Vous pourrez alors éviter les barricades, les boucliers voire tuer un ennemi dans une pièce confinée.

Manipulateur Temporel et armes conventionnelles pourront être améliorés grâce à des mallettes et l'E99 que vous ramasserez durant votre promenade. L'augmentation de la capacité du chargeur et de la puissance de frappe ainsi que l'accélération du rechargement seront les trois caractéristiques améliorables pour les armes. Le MT pourra quant à lui accroître sa zone d'effet et disposer d'attributs particuliers (régénération, précision...). Mais pour le dire simplement, le shotgun sera votre meilleur compagnon d'armes, Raven Software a fait un choix réaliste qui ne sied pas toujours aux joueurs, en effet, un coup de plombs dans le corps de n'importe quel mutant et il ne se relèvera pas. Toujours est-il que cela ne facilite pas forcément le jeu car pour arriver à faire des ravages, il faudra se rapprocher de l'ennemi et par conséquent, courir le risque qu'il vous saute dessus et trouve votre gorge à son goût. Néanmoins, même les néophytes du FPS devraient se lancer au moins dans le mode de difficulté intermédiaire.

Un multi inutile

Après avoir terminé les trois fins possibles de Singularity qui ne demandent pas de refaire tout le jeu mais simplement recharger la dernière sauvegarde. Il sera temps de quitter Katorga-12 pour s'essayer au multi. Les développeurs nous proposent deux modes de jeu, le Team Death Match habituel et un mode nommé Extermination. Le second est forcément plus intéressant que le premier, il s'agit pour les humains de prendre le contrôle de trois points sur la map. A charge pour les mutants de défendre ces points. Humains et mutants auront le choix entre différentes classes, si cela change le physique des mutants et donc leurs aptitudes, les humains n'ont droit quant à eux qu'à des pouvoirs particuliers à savoir la téléportation, la répulsion, la guérison et le camouflage. Le MT n'est pas présent pour ne pas déséquilibrer le multi. Cela n'aurait pas été dramatique étant donné que les serveurs sont plutôt déserts et qu'un multi pour un jeu comme Singularity apparaît être très anecdotique.

Pas suffisamment peaufiné

En définitive, Singularity propose de bonnes choses comme les différentes projections dans le passé, les décors qui varient malgré la petitesse de l'île ainsi que le manipulateur temporel. Cependant, le jeu peut vite devenir agaçant avec ses puzzles aussi inutiles que faciles, il est impossible durant la partie de faire des choix entre laisser quelqu'un vivre ou mourir, ou détruire un lieu plutôt que le laisser tel quel, quand un jeu manipule le temps, il aurait été intéressant d'avoir de tels choix à faire. Cela aurait permis qui plus est d'avoir des fins vraiment différentes et pas des épilogues déterminés par notre seul et dernier choix qui a lieu deux minutes avant la fin du jeu. Singularity reste trop cantonné à la mode du FPS très scripté quand un Bioshock nous force lui à refaire deux fois le jeu pour connaître les deux fins. L'ambiance, correcte, aurait pu être meilleure si la qualité sonore était au rendez-vous. Vos enceintes 5.1 ne serviront ici à rien, ce qui est dommage surtout quand le jeu tente de vous faire entendre des bruits derrière votre dos. Pour couronner le tout, d'autres bugs viennent entacher Singularity. L'Unreal Engine 3 permet de raccourcir les temps de chargement en chargeant les textures d'abord en faible qualité puis en qualité maximale, le problème ici est qu'à plusieurs reprises, les textures en qualité maximale ne seront jamais chargées et autant dire qu'au minimum, c'est moche. Les joueurs curieux feront aisément abstraction de tous ces défauts, mais probablement pas pour 50 euros.
pathfinding
6
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le 10 oct. 2010

Critique lue 388 fois

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