Si vous êtes ici, c'est sûrement que je n'ai pas réellement besoin d'expliquer ce qu'est Stellaris tant les jeux du studio Paradox s'adresse à un public de connaisseurs éclairés, pareils à de fins gourmets qui savent reconnaître une faille de gameplay malgré toutes les tentatives de noyer les poissons crédules dans la masse de contenu. Il faut dire que la réputation du studio n'est plus à faire depuis le développement du puissant moteur Clausewitz (oui, oui, du nom du célèbre théoricien militaire prussien) et le succès d'estime de licence telles que Crusader Kings ou Europa Universalis.
On attendait donc beaucoup de Stellaris, qui se devait d'augurer une nouvelle ère pour Paradox qui, à défaut d'avoir vraiment changé d'air, nous a au moins donné l'illusion le temps d'une partie que nous n'étions pas face à un jeu à l'emporte-pièce et dont la valeur totale avoisinerait, au bas mot, une centaine d'euros une fois bardé de DLC. La première année, Stellaris était certes plein d'ambitions et de bonnes promesses mais il fallait se rendre à l'évidence que le jeu était encore bien trop prisonnier des logiques de développement antérieures, ce qui a finit par faire de lui un Crusader Kings bas-de-gamme dans l'espace. Certes, il faut reconnaître à Paradox le courage d'avoir changé radicalement le gameplay en cours de route et en même temps, après la monstrueuse déculottée que s'est prise Imperator Rome à sa sortie, il aurait été dogmatique de ne pas voir le mur avant de le percuter. Il y avait de quoi faire de Stellaris un chef-d’œuvre, c'est indéniable mais les têtes pensantes du studio semblent en avoir décidé autrement.
En fait, à bien y regarder, même si Stellaris est bourré de qualités et saura ravir les fans du genre, il est paradoxalement plein de vides quand on commence à creuser un peu la surface complexe. Au départ, on ne peut qu'être impressionné par le nombre ahurissant de combinaisons d'empire et d'espèces possibles, le système de quêtes et d'event plutôt sympathique, l'arbre de tech "aléatoire", la conception des vaisseaux et les catastrophes de fin de partie. Il n'y à pas dire, on se sent à la maison tout du moins si l'on apprécie de prendre deux pages de notes avant de lancer une partie. Cependant, une fois passée la première lune de miel (à savoir la refonte complète du jeu en 2.6), c'est la douche froide de l'invitation romantique au MacDo. Le jeu est bourré de petits bugs exploitables, sans parler de l'équilibrage au fraise qui ne donne absolument pas envie de tester tous les "builds" d'empire possible tant certaine combinaison sont nécessairement gagnantes.
Et là, c'est le moment où je me lance dans la tirade des DLCs, exercice critique par excellence lorsqu'on en vient à verser de l'encre sur un jeu Paradox. Je n'ai rien contre les DLC fondamentalement et le principe me semble au contraire tout à fait respectueux des joueurs et des développeurs mais cela ne vaut uniquement que lorsque le DLC est une "prolongation" du jeu et non une "extension". La différence est certes ténue mais, à titre d'exemple, la plupart des gros contenu supplémentaire de Borderlands prolongent l'expérience de jeu sans pour autant être nécessaire à celle-ci. Si vous ne l'achetez pas, vous ne manquerez pas grand chose de Bordelands en lui-même. Or chez Paradox, on ne révolutionne peut-être pas le genre, mais l'on ne manque jamais de créativité vicieuse pour vous faire dépenser cinq fois le prix du jeu de base en vous regardant droit dans les yeux. Car voyez-vous, les DLC interagissent entre eux au fur et à mesure des mises à jour. Pour le dire plus clairement, vous avez peut-être acheter Utopia avec l'ambition de bâtir des mégastructures autours des étoiles de vos systèmes mais il vous faudra Fédération si vous voulez commencer votre partie avec une mégastructure déjà disponible. Ce qui est, il faut le dire, complètement ridicule puisque j'ai déjà payé pour obtenir ce type de structure et que le fait de créer une fédération a été implémenté gratuitement dans le jeu, ce qui me suffit amplement. Je récapitule donc, je dois payer 20 balles pour UNE seule et unique fonctionnalité du jeu qui concerne un DLC que je possède déjà. A ce prix là, je préfère encore en offrir une copie à un pote pour qu'on joue ensemble. Au moins, ce sera toujours plus fun.
Sans langue de fois cette fois-ci, je comprends bien qu'il faille faire tourner la machine et que tout ne fonctionne pas qu'avec la passion et la dévotion. L'argent gouverne le monde et je ne vais le refaire en jactant dessus. Ce qui m'agace, c'est bien plus cette impression de monétisation à outrance d'une communauté pourtant toujours au rendez-vous et prête à essuyer les travers d'un modèle économique inaltérable en s'investissant dans des mods, des guides et tout ce qui participe au final à rendre ces jeux bien plus accessibles qu'ils ne le sont. Paradox c'est le graal ultime de la micro-gestion et des 4X, un concept poussé dans un extrême qui échappe parfois à ses concepteurs mais qui pousse les fans dans leurs derniers retranchements. Stellaris est à la stratégie ce que Dark Souls est à l'action patiente et nerveuse, tout du moins sur le papier.
Parce que dans les faits, je remplacerai Dark Souls par Assassin's Creed Origins et la métaphore deviend soudainement plus cinglante mais tristement plus réaliste. Mais malgré tout, il garde comme la licence tant décriée d'Ubisoft, ce potentiel "en puissance" de revenir sur le devant de la scène.