10.

Que ceux qui crient au scandale parce que le jeu n'est pas parfait s'arrêtent : je me fiche de votre perfection, ça m'emmerde la perfection. 10, parce que je n'ai que des bricoles à reprocher à ce jeu.

Je ne vous parlerai pas du scénario, parce que chaque petit élément dévoilé niera à une expérience unique qu'il faut vivre à fond. Etant un survival horror avec un virus (existant) qui a muté et a bousillé les 3/4 de l'humanité, au moins, le pitch principal sent le déjà vu, comme "28 jours plus tard" ou la BD "the walking dead".
Le reste, c'est epoustouflant.

Contrairement à la plupart des jeux du genre, le théâtre n'est pas imaginaire. Vous allez parcourir des lieux qui existent, ou plutôt qui existaient. Parce que, contrairement à la plupart des jeux du genre, le jeu ne se déroule pas à la contamination, ou un peu après... Mais 20 ans après.

En découle ce qui fait de ce jeu une oeuvre d'une richesse folle.

Sa direction artistique est incroyable. Le jeu est un survival, ce qui signifie que vous devez le jouer en niveau de difficulté correcte (qui dépend de votre niveau sur les autres jeux...). A la limite, vaut mieux qu'il soit trop dur que trop simple (je ne sais plus si on peut niveler la difficulté à la baisse). En effet, en le jouant comme ça, vous devrez vous creuser la tête et utiliser les éléments du décor à bon escient, et les armes dont vous disposez avec parcimonie. Chaque balle perdue est un drame renouvelé. Chaque ennemi est redoutable. Observez, imprimez, construisez votre stratégie et appliquer. Une bouteille claquée au bon endroit attire les zombies et vous permet de passer sans les tuer. Mais qui sait, peut être qu'un bidon d'essence est caché quelque part... La probabilité qu'il y en ait un vaut il que je prenne des risques?
La réponse à cette question guidera vos choix, pendant la grosse quinzaine d'heures que durera votre aventure.

Mais réduire le jeu à ces affrontements serait injuste. Souvent, vous explorerez ce monde dévasté, où la nature seule est maîtresse de ce sui fût jadis le symbole de la domination de l'homme sur elle. Vous constaterez les restes de luttes datant de 20 ans, d'une famille morte dans la souffrance. Que faisaient ils quand c'est arrivé? Les enfants se préparaient à aller à l'ecole? On fêtait un anniversaire? On jouait dans la cour? Dans la rue? En fouillant les maisons, vous lirez des lettres d'amour, des lettres de désespoir. Vous jetterez un oeil à une photo de famille...
Bref, non seulement, vous devez explorer pour survivre, mais ce faisant, vous verrez l'incroyable travail des développeurs pour mettre une consistance folle dans leur jeu.

En 20 ans, l'humanité s'est organisée comme elle pouvait pour survivre. Les instincts les plus vils s'expriment, les systèmes féodaux ont pris la place des sociétés organisées. L'homme est un loup pour l'homme. Vous apprendrez bien vite que l'ennemi n'est pas celui qu'on pense.

Ce monde, vous le parcourerez à travers 2 personnages. Joël, un survivant pas meilleur qu'un autre, qui a perdu son humanité au fil des ans. Et Ellie, une jeune ado qui n'a rien connu d'autre. Les discussions sont nombreuses. Leur peur, leur crainte, leurs envies, leurs passions... Vous apprendrez tout ou presque de ces personnages qui vous marqueront, par une qualité d'écriture jamais vue dans un jeu video, et que vous aurez vraiment du mal à lâcher.

Vous serez stressés, énervés, haineux. Vous connaitrez l'enfer et le bonheur d'y survivre. Vous contemplerez des décors d'une beauté saisissante. Vous rirez. Vous serez touchés, émus, tristes. Peut être lacherez vous une larme.

Pourquoi 10? Parce que jamais un jeu video n'avait procuré autant d'émotions.

Au chapitre des regrets :
Ce jeu est d'une sensibilité folle, mais réservé à un public averti. C'est crade, ça fout les jetons, c'est très violent. Certaines personnes qui auraient dû goûter à ça ne pourront tout simplement pas. Ce n'est pas un reproche, j'adore les survival horror, mais je regrette qu'il ne puisse pas toucher un public "sensible" qui l'apprécierait tout autant.
Ce jeu m'a tellement marqué que les suivants manquent de saveur. J'aimerais que d'autres s'en inspirent, tout en n'ayant pas d'illusion : tout le monde n'est pas capable de créer ça.

Créée

le 26 sept. 2014

Critique lue 291 fois

SoiM

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