The Last Of Us Part 2 est un jeu à part pour moi. De 1, point finalement mineur, car il met au centre de l'intrigue un personnage homosexuel. De 2, et ce qui confère le coup de maître de cet épisode, c'est dans son traitement juste, réaliste, maîtrisé, grandiose et intéressant du thème de la vengeance.


Soyons simple : Last Of Us 2, niveau Gameplay, c'est Last Of Us 1 en affiné. On a 2 ou trois armes en plus, une mini phase d'open world (de petit world), un peu plus de phase de plate-forme, des cut-scene plus convaincante, 2 ou 3 nouveaux "infectés"... mais voilà. Il ne faut pas s'attendre à une "évolution", plus à une amélioration. Et c'est tant mieux vu comme le 1 était jouissif à ce niveau. C'est p'tète juste dommage qu'il n'y ait pas plus de variété dans le gameplay (très survie), alors que le 1 proposait notamment de rencontrer un protagoniste dans sa base perso, une base alliée et permettait de varier davantage les sensations survie/securité je trouve. Là c'est remplacé par plus de relations entre les différents protagonistes (franche amitié, amitié contrainte, romance impossible, amour naissant, haine etc.) à travers des flash-back, parallèle avec d'autres perso et tout. Ça donne un aspect légèrement plus anxiogène que dans le 1, mais passons.


Mais là où le 2 tire son épingle du jeu, c'est dans le thème qu'il traite : la vengeance .
Ici il ne s'agit pas d'une histoire de vengeance stylée à la Tarantino. Non : c'est une vengeance cruelle, froide, implacable, comme on "aimerait" la voir dans sa forme la plus dure. Pas de chichi, pas de surenchère, pas de sensation uniquement jouissive, pas de fantasmagorie d'une vengeance qui résout tout, et le droit de tuer. Le jeu montre selon moi ce qu'aucun film n'a réussi à créer sur ce thème : une atmosphère réaliste qui parcours les étapes d'un désir de vengeance dans une réalisation novatrice. Le support "jeu vidéo" est sublimé par ce jeu. Les phases d'interaction vengeresse sont proposées comme pleines de sens tant on les fait au début comme un besoin (et une envie) qu'on partage avec le personnage qu'on incarne, pour se nuancer et placer le joueur dans une position progressivement différente, ce qui renvoi immédiatement à ce que parcours le personnage incarné : un dilemme perpétuelle entre désir et moral, une empathie en confrontation avec une colère constante, et un besoin de justice qui se heurte sans arrêt au sens profond de la notion de justice et d'équilibre.


Et tout ça, avec un dénouement, d'un point de vue jeu vidéo ET mise en scène, absolument magistral.
Ce jeu ne vaut la peine d'être jouer que pour cette aspect : cet expérience où l'on est ni spectateur, ni acteur, mais le juste rôle pour que l'histoire délivre avec la force d'une superbe réalisation et d'un scénario cousu de fil d'or une sensation digne des fins de meilleurs films.
Il n'y a pas de facilités, les réactions des PNJs en jeu s'inscrivent superbement dans les affrontements, les rebondissements sont fréquent tout en restant bienvenue et la narration très original. Le jeu des acteurs/pnj FR (la grande majorité) est réussie par leur justesse, l'originalité du traitement (finir le jeu avant de juger) vaut le détour, ces décors envahis par la végétations absolument fantastique, la variété des scènes d'affrontement adaptée...


Il s'agit à nouveau d'un coup de cœur tant c'est avant tout la justesse émotionnelle du thème abordée qui prédomine. La forme, cruelle, plonge le joueur dans un univers sans pitié où le danger perpétuel d'un monde post-apo divisé est au centre du style du jeu.
Cette opus inscrit encore plus Naughty Dog dans un savoir-faire narrativo-ludhique remarquable où la survie se retranscrit dans un gameplay soigné, et s'incorpore parfaitement bien dans un message porté par un scénario palpitant. Des contre-temps par ci par là viennent ternir légèrement la progression générale et l'ambiance aurait pu gagner à quelques "pause" salvatrice, mais peut-être cela ne fait-il que servir une fin qui peut, selon moi, se targuer d'être une de celle les plus réussies de l'histoire des fictions, au sens large.


NB : Bien sûr, il est à déconseiller aux âme sensible, à part si ça leur fait plaisir : à ce sujet, je recommande de faire le 1 remastérisé sur PS4 avant car il a très bien vieilli et donnera vite une idée de l'ambiance du 2.

Olve
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 14 juil. 2021

Critique lue 58 fois

Olve

Écrit par

Critique lue 58 fois

D'autres avis sur The Last of Us Part II

The Last of Us Part II
F_b
5

Imagine jouer des personnages que tu détestes pendant des dizaines d'heures.

(Pas de spoilers, je resterai aussi évasif que possible sur le scénario.)Je suis amer. Non parce que le jeu et son histoire sont différents de ce que j'attendais. J'attendais rien. Non parce que ces...

Par

le 3 sept. 2022

93 j'aime

50

The Last of Us Part II
LeMalin
9

No country for Young Girls

C'était un après-midi humide à Seattle. Une virée en centre-ville, loin de la journée shopping habituelle. Dans les boutiques : reliques d'une vie lointaine, bricoles à amasser, silences de...

le 4 août 2020

57 j'aime

1

The Last of Us Part II
Nicolas_S
10

Every, last, one of them.

(Critique avec spoiler) Le générique se lance et la sensation est la même, celle du vide, d’avoir une seconde fois vécu quelque chose d’unique. The Last of Us se plaçait comme un récit d’espoir,...

le 25 juin 2020

57 j'aime

7

Du même critique

Death Stranding
Olve
7

168 heures, seul, au milieux des échoués

L’œuvre d'Hideo Kojima, lors de son annonce, a sonné à mes oreilles comme une curiosité teintée de génie, où se côtoie quand même une certaine condescendance et de l'opportunisme.Au final, après y...

Par

le 15 janv. 2020

4 j'aime

1

Hearthstone
Olve
7

Un jeu de carte dans un jeu vidéo ? Lol. Ou pas.

[Joueur de la béta - ancien joueur de Magic - Anti-PayToWin ] J'ai toujours trouvé absurde l'idée d'un jeu vidéo sur un jeu de carte : le concept m'a trjs inspiré une impression entre la stupidité...

Par

le 14 févr. 2014

4 j'aime

La Fille des enfers
Olve
7

Esprit vengeur

" Bien fait pour elle ! Nah ! ". C'est ce que se disait l'enfant en moi en regardant le premier épisode et c'est avec cette satisfaction puérile (mais j'm'en fiche d'abord !) que j'ai commencé à...

Par

le 9 févr. 2011

4 j'aime