The Legend of Zelda: A Link to the Past
8.5
The Legend of Zelda: A Link to the Past

Jeu de Nintendo EAD, SRD et Nintendo (1991Super Nintendo)

Ca faisait longtemps que la SNES Mini me faisait de l’oeil. Elle n’a peut-être que 21 jeux dont une bonne moitié que j’ai déjà faits sur d’autres consoles, mais je trouve sa sélection qualitative et comprenant des titres rarement réédités jusque-là (FF6, StarFox…). C’est la mini console que j’avais le plus envie d'acquérir, même si je ne cracherais pas sur les minis MegaDrive ou PC-Engine dans le futur.


Près de 4 ans après sa sortie, j’ai enfin réussi à en avoir une en occasion. Au moment où je la branche, mon cerveau part déjà dans tous les sens : quel jeu aura l’honneur d’être lancé en premier ?
Earthbound, un classique de la console qui est le tout premier jeu que j’ai émulé (sans jamais le finir) ? StarFox 2, le jeu inédit qui justifie à lui seul l’achat de la machine ? Donkey Kong Country, que je vais enfin pouvoir faire ailleurs que sur ma bête Game Boy Color ? Super Mario Kart, que certains considèrent encore comme l’épisode le plus technique de la série ?


Et puis, presque machinalement, j’appuie sur A au moment où l'avant-dernier jeu de la liste apparaît : The Legend of Zelda: A Link to the Past. Et je suis renvoyé 10 ans en arrière, ce qui est approprié au vu du titre.



Light World



Sorti en 1992 (et réédité sur GBA en 2003, ce qui est la version avec laquelle je suis le plus familier), ALTTP renoue avec le gameplay du premier Zelda, après les expérimentations du deuxième épisode (dont on attend encore un remake, par pitié Nintendo laissez les Oracles tranquilles et refaites un jeu qui en a réellement besoin !). On évolue donc dans un monde parsemé de donjons, en vue aérienne…


Mais tout ça on s’en fout, le jeu commence directement dans la maison de Link, où ce dernier est réveillé par un message télépathique. Et si j’ai beau jouer à la version anglaise, cette première réplique est à jamais gravée dans ma mémoire de joueur.



A l’aide ! A l’aide ! Je suis prisonnière dans le donjon du château.
Je m’appelle Zelda. Je suis dans le donjon du château. Pitié,
aidez-moi !



En quelques mots, l’ambiance est posée. Notre oncle, que l’on soupçonne d’avoir reçu le même message, s’aventure seul dehors. Il fait nuit, il pleut à verse et, malgré les recommandations de Tonton, le joueur sort à son tour de la maison, une simple lanterne en poche. Le château est bien gardé, la musique est oppressante, mais un petit buisson en retrait attire notre attention. Il s’agit d’un passage secret menant aux cachots, où l’on retrouve notre oncle mortellement blessé. Dans son dernier souffle, il nous lègue son épée et son bouclier et nous exhorte à sauver Zelda. C’est le coeur brisé que l’on abandonne le seul membre de notre seule famille et que l’on franchit la porte menant au premier ennemi du jeu…


Cette introduction est tout simplement magistrale. Tout y est : l’ambiance, le contexte, l’émotion, les bases du gameplay. En à peine deux minutes, on a fait quasi-table rase de tout ce qu'avait apporté Zelda 2 et les développeurs donnent enfin à Zelda 1 les moyens de son ambition. La suite du jeu enchaînera les réussites jusqu’à la conclusion, prévisible mais ô combien satisfaisante.


Est-ce qu’on joue à un Zelda pour son scénario ? Non, mais ce n’est pas ce qui va m’empêcher d’en parler. Au cours de son aventure, Link rencontrera une galerie de personnages tantôt loufoques, tantôt tragiques. Qu’il s’agisse du vieux sage Sahasralah au nom imprononçable, de la sorcière avide de champignon, des forgerons nains, du voleur muet, de l’entomologiste malade, du vieil homme attendant le retour de sa petite-fille kidnappée par Aganhim… Ces personnages n’ont la plupart du temps qu’une ligne de dialogue, mais ils donnent à Hyrule et au Dark World une profondeur et un charme inexistants dans les premiers opus.


La mise en scène (ou plutôt, son absence) en 16-bits permet également à tout un chacun de s’imaginer chaque scène, l’intonation des personnages… Mon passage préféré du scénario, outre l’introduction, c’est probablement la quête annexe du jeune flûtiste. Un petit gars plein de vie que vous avez peut-être croisé dans la première partie de l'aventure, qui se retrouve piégé dans le Dark World, mourant et incapable de bouger. Sa dernière volonté est d'entendre la mélodie qu'il jouait autrefois. Pendant ce temps dans l’auberge d’Hyrule, son père noie son chagrin dans la boisson, désirant seulement voir son fils une dernière fois.
C’est simple, mais c’est touchant et relativement non-intrusif. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer que dans Twilight Princess, cette petite quête aurait pris 3h à faire, toutes bourrées de cinématiques larmoyantes et avec Midona qui conclut "Dis donc, qu’est-ce qu’il est méchant Ganondorf, il faut vite qu’on aille le battre pour empêcher d’autres tragédies du genre !".


Je pense que c’est ce que j’aime le plus dans Zelda 3 : ce monde qui n’est certes pas aussi grand que dans les jeux suivants mais qui est bourré de détails et de secrets qui donnent envie de s’y replonger. D’ailleurs, lorsque j’ai été hospitalisé et que je n’avais que ma GBA comme console, c’est le jeu auquel j’ai le plus joué alors que je l’avais déjà fini quelques semaines auparavant. Je parcourais les terres d’Hyrule et du Dark World afin d’obtenir les quarts de coeur que je n’avais pas trouvés, au passage je découvrais des secrets comme la mystérieuse abeille d’or ou la goule doublant notre réserve de magie. Tous les Zelda ont un monde passionnant à explorer, mais je trouve que celui d’A Link to the Past est le plus plaisant à parcourir. Ni trop large, ni trop vide.


Et puis il y a plein de petits non-dits que j'apprécie, ça permet de faire sa propre histoire. Le fait que la lanterne, le tout premier objet qu'on obtient dans le jeu, est cruciale lors du combat contre Ganon, ça accentue le côté "vengeance" du combat : Ganon est responsable de la mort de notre oncle, alors on se sert des outils qu'il nous a laissés pour l'abattre.
Ou le fait que les 3 boss d'Hyrule sont affrontés à nouveau dans le Dark World. Est-ce que c'est notre victoire qui les a expédiés là ? Le Dark World serait donc un Enfer ou un purgatoire éternel ? Tant de théories sont possibles.



Dark World



Tout ça c’est bien joli, mais quid du gameplay ? Là-dessus, les habitués des Zelda récents seront en terrain connu : une douzaine de donjons à explorer, chacun contenant un objet utile au combat ou à l’exploration. Contrairement à la plupart des jeux suivants cependant, on ne peut équiper qu’un objet à la fois, ce qui est un peu dommage puisque les boutons L et R sont inutilisés.
C’est là que va intervenir ma première critique du jeu (qui est vraiment un point de détail plus qu’autre chose), c’est que dans toute la sélection d’objets proposés il y a un doublon (la canne de Byrna et la cape magique ont peu ou prou le même effet) et que certains objets ont des utilités limitées (deux des médaillons servent juste pour une énigme et la baguette de glace n’est utile que contre un boss). Ca réduit un peu la sensation de gigantisme de l’inventaire, mais les objets obtenus restent intéressants. Certains sont encore inédits à ce jour dans la série, comme la canne de Somaria, et les objets que je considère comme inutiles ont le bon goût d’être complètement optionnels.


Si la première partie du jeu est assez linéaire, le second acte est beaucoup plus intéressant puisque Link a, à un moment donné, 6 donjons à explorer. Si un ordre est conseillé par le jeu, on peut les faire presque dans l’ordre que l’on souhaite (certains donjons nécessitent un objet pour y accéder). On peut ainsi aller à Turtle Rock, décrit comme l’avant-dernier donjon du jeu, beaucoup plus tôt que prévu pour (re)sauver Zelda.
Si on aime les défis, c’est quelque chose d’intéressant à tenter je trouve, ça me rappelle la fois où j’ai battu Koga et Auguste avant même d’affronter Major Bob ou Erika dans Pokémon Jaune. On voit également l’héritage de Zelda 1 et 2 où l’on pouvait parfois entrer par erreur dans un donjon bien au-delà du niveau auquel on était. C’est quelque chose qui s’est perdu par la suite, de tête il n’y a qu’Ocarina of Time qui propose à un moment de ne pas faire les donjons dans l’ordre proposé par les développeurs (et ça ne concerne que deux donjons, pas 6).


Les énigmes que l’on rencontre dans ces niveaux sont généralement assez simples. Ne vous attendez pas à abattre des piliers pour faire tomber les étages supérieurs du donjon ou à jouer à Spider-Man avec votre grappin dans une cité au-dessus des nuages, Zelda 3 est plus sobre et récompense plutôt votre capacité à vous repérer dans l’espace. Et le fait est que ça marche plutôt bien, malgré quelques énigmes qui paraissent aujourd’hui datées (le jeu nous fait plusieurs fois le coup du "pousse un bloc random pour ouvrir une porte ou faire apparaître un coffre").
Heureusement le level-design a quand même bien progressé depuis Zelda 1 et les développeurs se sont libérés de la contrainte de faire des donjons avec des formes spécifiques. Je regrette un peu le donjon en forme de croix gammée cela dit, c'était rigolo.
...
Euh non, attendez, c'est pas ce que je voulais dire...


Enfin au niveau du combat, si Link est forcément un peu rigide comparé à ses futurs alter-egos, les mécaniques de jeu sont efficaces et plus permissives qu’à l’époque de la NES. Le fait qu’un coup d’épée effectue un quart de cercle au lieu d’un simple coup d’estoc permet de gérer plus facilement les ennemis.
Ce n’est pas pour autant que les boss seront une partie de plaisir ! ALTTP a une des sélections de boss les mieux équilibrées de la série, ils demandent une maîtrise parfaite de vos déplacements et la connaissance de vos hitboxes, et se contentent rarement d’exploiter l’objet que vous avez obtenu deux salles plus tôt. Dés le troisième donjon on rencontre cette horrible chenille qui peut vous faire recommencer tout le combat si elle vous fait tomber de l’arène, le premier boss du Dark World m’a donné des sueurs froides il y a 10 ans (d’ailleurs là je me suis bien préparé en stockant un maximum de potions et de quarts de coeur...tout ça pour le niquer du premier coup en prenant très peu de dégâts), la grosse mite (uh uh) peut et VA vous faire chier, le bandit Aveugle (oui c'est son nom) est quasiment un shoot’em up et Ganon nous présente ici son meilleur bossfight. A contrario, l'autre moitié des boss est plus simple et permet de souffler après des donjons parfois extrêmement longs (je pense au donjon de glace).


Mais bien sûr, comment évoquer ALTTP sans parler de ses musiques ? C’est le jeu qui a introduit le plus grand nombre de thèmes cultes de la série, qui sont encore remixés de nos jours : Hyrule Castle, Dark World, Death Mountain, les thèmes de Zelda et Ganon… Autant de musiques épiques qui donnent un souffle incroyable à l’aventure.
Ironiquement, c’est pourtant le point du jeu qui a le plus mal vieilli, la faute à Four Swords Adventure et surtout A Link Between Worlds qui ont réutilisé toute l’OST en la réorchestrant, supprimant ainsi les problèmes dus à la compression sur SNES. D’ailleurs je vais peut-être me faire allumer, mais je trouve que même sur le remake GBA ça sonnait mieux...
J’en profite donc pour poster une suggestion, si jamais un employé de Nintendo me lit : Ressortez A Link to the Past tel quel, mais avec l’OST d’ALBW. Je paye 60€ pour ça sans vaseline.


En écoutant ces musiques, on en oublie presque que si les graphismes sont charmants, le chara-design a été confié à un daltonien. Absolument aucun personnage du jeu ne ressemble à son artwork officiel, c’est hilarant : Link a les cheveux roses, Zelda est brune, Aganhim est vêtu de vert…



Sacred Realm



En parcourant le jeu, je ne pouvais pas m’empêcher de penser à l’héritage qu’il a laissé aux autres Zelda. Le découpage de l’aventure en deux phases, c’est lui. La notion de deux mondes, c’est lui. Les quarts de coeur, c’est lui. La barre de magie, c’est lui. Le grappin, c’est lui. Et même beaucoup d’éléments de level-design (les sauts automatiques, la Grande Clé…), c’est encore lui. Tous les Zelda sortis entre 1993 et 2017 ont été construits sur ses fondations, et celles-ci étaient réellement solides puisque peu de ces jeux sont considérés comme des échecs.


Mais c’est là que se pose la question à 400 francs (le prix d’un jeu SNES à l’époque) : est-ce que rejouer à Zelda 3 vaut le coup aujourd’hui ? Ses suites, ou plutôt ses dérivés, ne font-elles pas les choses aussi bien voire mieux ?
A mon sens, non. Zelda 3 n’est peut-être pas mon Zelda ou mon épisode 2D préféré (cet honneur allant à Ocarina of Time et aux deux Oracles respectivement), mais il remplit son contrat avec une maestria que ses suites ont bien du mal à atteindre. Certaines proposent des énigmes un peu plus recherchées au détriment du combat (Minish Cap, TWW), d’autres sont des prouesses visuelles mais se terminent en baillant (les Zelda Wii), d’autres encore donnent trop de clés au joueur pour qu’il soit bloqué par une énigme (les Zelda DS)... Et surtout, aucune n’offre la même liberté d’exploration qu’ALTTP puisque généralement les zones se débloquent les unes à la suite des autres et il est impensable de commencer un donjon sans avoir fait le précédent.
Même A Link Between Worlds, qui est le jeu le plus proche d’A Link to the Past dans sa construction (les deux titres partagent d’ailleurs la même carte !), peine à convaincre au vu du manque de challenge du titre.


Alors oui, Zelda 3 a encore un intérêt pour les joueurs de 2021. Il montre que la formule n’a pas besoin de gimmicks en tous genres et de dialogues à rallonge pour être efficace, il suffit d’un bon level-design et de faire confiance aux capacités intellectuelles du joueur. Et il sait être difficile, sans être aussi punitif ou injuste que les deux premiers jeux de la série.


Pour ma centième critique sur le site, j’avais envie de parler d’un jeu qui m’a marqué, de voir s’il avait supporté les affres du temps et de retomber quelques instants en enfance. Je suis heureux que la SNES Mini et son Zelda 3 soient passés par là juste à ce moment !

Sonicvic
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs jeux Zelda

Créée

le 31 mai 2021

Critique lue 94 fois

2 j'aime

3 commentaires

Sonicvic

Écrit par

Critique lue 94 fois

2
3

D'autres avis sur The Legend of Zelda: A Link to the Past

The Legend of Zelda: A Link to the Past
Baragne
10

Mon premier jeu sur la bête.

Je devais avoir dix ans environ, je sortais de quelques années plutot laborieuses sur la Nes face à des jeux souvent trop difficiles et que je ne comprenais pas toujours de par mon trop jeune age...

le 25 janv. 2011

22 j'aime

6

The Legend of Zelda: A Link to the Past
M4jora
5

1991 : A Link to the Past. 2000+ : A Link to the Trash

Je sais, je sais. On va sortir les fourches, les torches et lentement me regarder agoniser sur le bûcher. Et pourtant, si je m'écoutais je baisserais peut-être encore la note. Bon, tout d'abord il...

le 22 févr. 2014

16 j'aime

11

The Legend of Zelda: A Link to the Past
Lordlyonor
9

“La poésie est une aventure vers l'absolu.”

Citation de Pedro Salinas C'est pas forcément glorifiant de dire ça mais "The Legend of Zelda : A Link to the Past c'est sans aucuns doutes le meilleur jeu de son temps, mais son temps c'était il y a...

le 10 janv. 2021

15 j'aime

15

Du même critique

Pokémon
Sonicvic
5

Dilemme, depuis 1997

Pokémon est une série qu'il est très complexe de juger. 5 arcs différents, 6 régions, 19 saisons au compteur et plus de 700 épisodes en font un des animés les plus longs de l'histoire (voire LE plus...

le 13 oct. 2016

22 j'aime

7

Pokémon : Détective Pikachu
Sonicvic
5

Détective Piklichés

5 avril 2000. Une génération entière de jeunes enfants au cerveau formaté par TF1 regarde dans la même direction, celle de l'écran de cinéma de leur quartier. Devant leurs yeux, leur héros Sacha...

le 5 mai 2019

14 j'aime

Sonic Forces
Sonicvic
4

"Sonic is gone, Amy."

S'il est un jeu qui pourra se vanter de m'avoir fait passer un roller-coaster d'émotions entre son annonce et sa sortie, c'est bien ce Sonic Forces. Initialement sceptique à cause du retour de...

le 1 janv. 2018

13 j'aime

3