Le jeu commence avec Geralt de Riv emprisonné dans les geôles d'un donjon. Un dénommé Vernon Roche, membre des forces spéciales temeriennes lui fait subir un interrogatoire afin de savoir comment se sont passé certains événements. Lesquels ? C'est le prologue qui va nous l'apprendre. Plus qu'un didacticiel, il pose les fondations de cette nouvelle aventure qui démarre en trombe. Geralt se retrouve en effet en plein siège du château de La Valette. Le roi Foltest l'a fait appeler pour l'aider durant l'assaut. Au programme, petite ballade dans le camp militaire, dialogues avec les soldats, combats et objectifs à remplir.

Cette mise en jambe est l'occasion de se rendre compte que The Witcher 2 reste tout comme le premier épisode un jeu de rôle très orienté aventure et action. Assez éloigné des RPG où les combats se déroulent au tour par tour, à coup de lancer de dés à 12 faces, The Witcher 2 se veut avant tout spectaculaire. Son univers pourrait sembler très classique avec son héros tueur de monstres et amnésique dans un monde d'heroïc fantasy. Et pourtant, on est très loin d'un Seigneur des Anneaux. En effet, le monde imaginé par Andrzej Sapkowski se veut beaucoup plus crédible et médiéval, même si la fantaisie reste omniprésente. J'entends par là qu'il y a effectivement les elfs, habitants de la forêt, les nains dans leurs mines, les dragons, les magiciens... mais il y a aussi les relations entre le peuple et la noblesse, la responsabilité des monarques, les tensions entre les différentes races... Bref, des choses belles et moins belles. Et Geralt, alors qu'il souhaite rester en dehors de tout problème politique, est plus ou moins amené à prendre partie. Il ne s'agit pas de cliquer sur l'icône bleu ou rouge pour dire si on veut être gentil ou méchant. Non, il s'agit de faire un choix, et d'en son impact jusqu'au bout. C'est un des piliers de la série : un univers plus mature que la moyenne où nos choix ont de réelles conséquences tout au long de l'aventure. C'est aussi un univers très attachant, vraiment très riche en personnages tout en ayant un aspect naturel. Je parlais d'un esprit médiéval et crédible, et c'est le cas : il n'y a pas de gentil roi et de prince sur son cheval blanc qui va sauver le monde et la jolie princesse. Par contre, il y a des rois qui portent sur leurs épaules leur responsabilité envers leur peuple et leurs soldats, mais aussi des mise à morts publics, de la prostitution, des beuveries, des guerres, de la xénophobie, du terrorisme... Et effectivement, oui, c'est tout de suite autre chose que l'heroïc fantasy habituelle.

Durant l'assaut du château de La Valette, Geralt de Riv est bien sûr amené à combattre, l'occasion de voir en action le nouveau système de combat. En réalité, il s'agit ni plus ni moins que du même système que pour le premier épisode, mais en mieux et plus dynamique. Rappelez-vous, on devait alors cliquer quand le curseur devenait en feu et choisir entre différents mode de combat, notamment léger, puissant ou groupe. Désormais dans The Witcher 2, le ciblage des ennemis se fait automatiquement, ce qui est beaucoup plus souple d'utilisation. Aussi, il n'y a plus ce système de mode de combat, c'est désormais à nous même de nous adapter face à la situation. Pour ce faire, on peut désormais esquiver les attaques ennemies en faisant des roulades, mais aussi utiliser des bombes, des pièges et des dagues. La magie est toujours de la partie ainsi que la nécessité d'adopter un certain rythme dans nos attaques. Ainsi, il ne faut pas cliquer frénétiquement lorsqu'on attaque. Ça ne rend pas nos coups meilleurs, bien au contraire. Attention cependant, les combats sont désormais aussi beaucoup plus durs et exigeant envers le joueur. Une attaque dans le dos est par exemple très efficace. Alors, lorsqu'on attaque un groupe d'ennemi, il faut bien veiller à ce que personne n'en profite pour nous prendre à revers. Un coup d'épée ou deux dans le dos suffit pour être fatal ! C'est pourquoi il faut être particulièrement mobile dans les combats de The Witcher 2. Il ne faut pas hésiter à abuser des esquives et des sorts de magie, notamment Quen qui fait office de protection, Aard qui peut immobiliser ou projeter les ennemis et Axii qui peut charmer un adversaire. Effectuer une parade à l'épée est aussi intéressant car elle surprend l'adversaire et le rend vulnérable pendant deux grosses secondes. Cerise sur le gâteau, il n'est désormais plus possible de prendre des potions durant un combat : on ne peut en consommer que durant une méditation. Ce système me plait beaucoup. Il est plus intelligent que celui du premier épisode tout en étant plus nerveux et exigeant. C'est un véritable plaisir, et même un modèle à suivre pour les RPG d'action.

Si au départ, les combats sont particulièrement durs, on finit néanmoins par s'y faire et prendre le coup de main. Quand on monte en niveau, on dépense non pas des points de compétences sur une fiche de personnage classique, mais des talents à travers quatre arbres de compétences, à savoir entraînement, art de l'épée, alchimie, et magie. La subtilité vient du fait que l'on ne devient pas juste plus fort, mais plutôt qu'on acquiert de nouvelles compétences, permettant d'enrichir notre façon de combattre, comme par exemple : Obtention d'un nouveau pouvoir magique, possibilité de lancer les dagues, renvoi de flèche, contre attaque, déverrouillage de coup ultime... En plus de ça, il y a bien sûr des compétences plus classiques, comme plus de vie, un taux de coups critique plus élevé, une durée d'effet de potion plus longue, etc. Certaines de ces nouvelles compétences peuvent s'accompagner par l'absorption d'un mutagène, récupéré préalablement sur le corps d'un monstre. C'est aussi notre équipement qui va s'améliorer tout au long de l'aventure. Ca semble une évidence, et pourtant, The Witcher 1 était assez pauvre de ce côté-là. Désormais dans The Witcher 2, on a beaucoup de choix dans notre équipement qui, lui aussi peut s'améliorer grâce à des runes, des pierres à aiguiser, et d'autres améliorations. Ce système de montée en puissance est vraiment intéressant car en plus d'être tout simplement plus amusant, il permet aussi de beaucoup plus ressentir la montée en puissance de Geralt. Seul petite bémol cependant, cette montée en puissance est peut être trop efficace, si bien qu'à la fin, Geralt devient un véritable monstre de puissance que rien n'arrête ou presque.

Mais la véritable force de The Witcher 2 reste bien sûr son ambiance. A la base, c'est déjà jouissif d'incarner un sorceleur, chasseur de monstres, leveur de malédiction, qui s'engouffre dans des grottes et des donjons infestés des pièges et de créatures monstrueuses. Mais revenir ensuite en ville, la nuit, croisant le chemin d'ivrognes, et passer la soirée avec Zoltan et Jaskier, les meilleurs amis de Geralt, pour finalement jouer aux dés, faire des bras de fer ou prendre part à des combats organisé à mains nus, ça, c'est le pied. Car, soyons honnête, tout ce travail qui a été réalisé afin de donner vie à l'univers de The Witcher 2 est encore plus magnifié par la réalisation visuel et sonore. The Witcher 1 était assez réussi de ce côté-là, mais on sentait que CDProjekt n'était pas à l'aise avec le moteur vieillissant de The Neverwinter Night. Avec The Witcher 2, c'est un moteur 3D développé maison et qui met à terre la concurrence. Comme si cela ne suffisait pas, la qualité artistique est hors du commun. C'est chaque lieu qui fait office d'un véritable jeu de lumière adapté à tout moment de la journée et d'un souci du détail ahurissant. Oubliez aussi les personnages clonés du premier opus, The Witcher 2 affiche une foule grouillante de personnages variés vaquant à leurs occupations, et ce, sans aucun soucis. Aussi, les temps de chargements sont considérablement réduits, tout en étant en plus beaucoup plus rare. Il faut dire que le moteur de The Witcher 2 fait du streaming à fond les ballons. D'ailleurs, des fois, on peut voir une texture s'afficher un peu en retard. Mais s'attarder sur ce détail serait insulter la prouesse technique et artistique de The Witcher 2. Mieux encore, l'ambiance sonore est incroyable de crédibilité. Très riche en bruitage en tout genre, la petite ville de Floatsam par exemple nous laisse entendre les discussions des badauds, les coups de marteau de l'artisan de la rue, pendant que les enfants nous suivent, leur curiosité étant piquée au vif. Bien sûr, certains dialogues de citoyens vont s'entendre plusieurs fois, mais insister d'avantage sur ce point serait de l'acharnement désespéré. Comme si ça ne suffisait toujours pas, les musiques sont tout simplement grandioses. Je proclame Adam Skorupa et Krzysztof Wierzynkiewicz comme étant les successeurs de Stephen Picq. Le doublage français est tout simplement un sans faute. Une exception à ce tableau vient cependant confirmer cette règle d'excellence : les cinématiques en dessins animées sont vraiment hors sujet en plus d'être ridicule.

Le scénario avançant à notre rythme, The Witcher 2 doit durer à la louche 40 heures. C'est bien, mais une fois le jeu fini, on en demande encore plus. Et ce « plus », ça va être de refaire le jeu dans un niveau de difficulté plus élevé par exemple, ou en faisant des choix complètement différent, ou bien d'attendre patiemment des extensions (j'espère qu'ils feront des donjons à l'ancienne). Ce n'est pas n'importe quels jeux qui me laissent sur cette impression. Car oui, The Witcher 2 fait partie des plus grands. Il est un exemple de ce qu'il faut faire en matière de jeu de rôle action et aventure. Il est aussi un exemple de ce qu'il faut faire en matière de réalisation, une véritable osmose entre capacité technique et travail artistique. Accessoirement, mon jeu de rôle préféré de cette génération.

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le 9 juin 2011

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