Ok tout a été dit sur The Witcher 3. C'est un jeu super cool, open world gigantesque et vivant, graphismes à tomber, blablabla... Pas la peine de (re)passer sur les qualités du jeu, elles sont nombreuses, et je partage tout le bien qui en a été dit.
Alors faisons un petit focus.
Après un prologue bucolique à Blanchefleur, le jeu vous largue avec votre mission principale à Velen. Velen, c'est l'endroit-ou-le-soleil-ne-brille-jamais, l'enfer sur terre, la Beauce, quoi. Le dernier endroit ou vous avez envie d'aller. Dernier reste du royaume de Témérie, aujourd'hui contesté par la Rédanie et le Nilfgaard (il est possible que ceci soit faux, la géopolitique dans The Witcher fairait pleurer Bernard Guetta), Velen trinque. Ravagée par la guerre, décorées de gibets et entrecoupées de colonnes de réfugiés, envahies de bandes de criminels ou deserteurs qui assaillent les populations locales qui n'en demandaient pas tant.
Il ne reste à vrai dire pas grand chose du charmant pays qui... Bullshit, Velen n'a jamais était un charmant pays et c'est pas sur que la guerre l'est amochée, ça serait même plutôt le contraire.
Velen, c'est des marais, des fondrières, des mares, c'est humide, y'a rien qui pousse. A se demander pourquoi elle est contestée. Les armées qui voudraient pratiquer la politique de la terre brulée seraient bien en mal de trouver de la terre d'un coté, et quoi que ce soit qui brûle de l'autre. Ses habitants crevaient déjà de faim avant la guerre, ils n'en ont pas plus aujourd'hui. Avec la quantité de monstres qui rodent dans le coin et les ravages qu'ils font, c'est même pas sur que la guerre soit le premier de leurs soucis. D'ailleurs, de manière étrange, les armées n'ont pas l'air ultra pressées d'y entrer.
Mais parlons des ses habitants, pauvres hères assommés de misère, ballotés au gré des caprices des puissants, arrachant à la terre les maigres deniers de leurs efforts... Bullshit derechef. Les habitants de Velen sont des paysans abrutis de superstitions et de méchanceté. Combien d'histoires inavouables sans ces hameaux perdus dans les bois, de meurtres, de viols? La méchanceté qu'ils reçoivent, ils la renvoient sur les quelques étrangers et non-humains qui trainent encore sur cette terre maudite. Sans parler des cultes aberrants et rétrogrades qui les voient sacrifier leurs enfants en échange d'un peu de pain...
C'est donc à Velen que commence votre joyeuse quête pour sauver le monde des forces du mal!
Plus sérieusement, Velen illustre de manière assez complète ce qu'est le monde du sorceleur et ce qu'il a de fascinant, très très loin des mondes de fantasy géneriques. Pas génériques dans le sens triplette elfe-nain-dragon, non, le Sorceleur gère d'ailleurs cette triplette là de manière plutôt pertinente, mais génériques dans le manichéisme de merde qui les sous-tend pratiquement toutes. Dans the Witcher, les nains et les elfes se sont alliés pour échapper aux persécutions des humains, et les dragons sont en voie de disparition. C'est comme si la Terre du Milieu s'était incarnée dans la réalité avec tout les problèmes qui vont avec. Et comme dans la réalité, pas de distinction claire entre le bien et le mal. D'ailleurs le but de Geralt n'est absolument pas de sauver le monde, mais de sauver les fesses des quelques personnes qu'il aime.
Pas très réjouissant, certes. Mais le jeu tire admirablement parti de cet univers pour proposer des quêtes et des histoires d'une complexité supérieure à la moyenne. C'est dans cela qu'il brille et les autres attraits du jeu ne sont que les outils qui permettent à ce monde de se déployer. Ceux qui ont lu les bouquins le savent et seront ravis de voir la fidélité et l'amour avec lesquels leur univers a été ludifié (j'assume).
Par ailleurs, en vous promenant dans Velen, après avoir occis une saloperie au nom imprononçable dont la SPA refuserait d'entendre parler, pour aller récolter vos quelques piécettes auprès du soi-disant chef d'un hameau crasseux, vous serez peut être surpris par le soleil couchant, la brise dans les saules et la fugace vision d'un paysage d'autant plus somptueux qu'inattendu. Alors s'élèvera une mélodie d'une mélancolie déchirante, qui avec l'éphémère beauté de l'instant, vous poignera le coeur et vous fera un moment oublier la laideur de Velen.