Wonderful mandale !

La WiiU regorge de petites pépites, des jeux mettant à l'épreuve votre foi de gamer, votre humour et votre culture ludique et cinématographique. The Wonderful 101 est l'un de ces jeux, d'une qualité rare il n'a pourtant pas eu le succès qu'il aurait mérité. C'est pourquoi il faut en parler ici ! Parce que d'une part c'est un titre qui s'est fait saqué par une presse blasée et noyée dans un trop plein de tests de jeux qui aveuglent plus par la forme que par le fond. Et d'autre part, parce que The Wonderful 101 est une perle ludique digne ce que qu'a été Guardian Heroes en son temps qui avait d'ailleurs subit le même traitement dans la presse de l'époque. The Wonderful 101 c'est quoi ? Eh bien c'est un jeu sur Wii U, digne de la plateforme. Non pas de ses capacités techniques (quoi que sur certains points...) mais du feeling des joueurs de cette plateforme. C'est à dire des personnes qui recherchent avant tout du "video game". C'est à dire un savant mélange entre arcade, délire, fan service et une bonne dose de skill.

Avec The Wonderful 101 on est loin, très loin du jeu AAA avec couloir, script réglé comme une horloge et textures léchées au vernis "1080p approved". Dans ce jeu on joue, on subit même. The Wonderful 101 n'est pas pour les petites natures. On retrouve tout ce que faisait "le charme" et la frustration des jeux 8/16bits. Une difficulté vicieuse, des défauts de conception et un die and retry un peu too much. The Wonderful 101 c'est un peu le Viewtuful Joe de la Wii U. Un titre conçu par une équipe délirante qui a eu (et ça se ressent) la totale liberté de distiller ses délires tout au long du jeu. Délires visuels, mise en scène frapa dingue et gameplay exigeant. Tout ce qu'il ne faut pas mettre depuis des années dans un jeu si l'on veut qu'il se vende (F-Zero Gx en a fait les frais…).

The Wonderful 101 est un jeu de baston dans le pure style démerdes toi avec les boutons du pad. On commence le titre, un peu désemparé par les actions à effectuer. Pourtant on vous prend par la main, mais quand vous avez été élevé au paddle durant toute votre vie de joueur et que d'un coup on vous demande de dessiner des formes obscures sur ce Gamepad pas du tout ergonomique il faut avouer que c'est assez déroutant. Ouai, il faut dessiner ses coups, pourquoi pas à vrai dire… mais c'est quand même un peu blasphématoire de demander à un joueur de jeu de fight de "dessiner" ses combos... mais en fait il n'en est rien parce que le jeu respecte ses joueurs et que vous avez le choix, évidemment, d'effectuer vos coups au stick ou en les dessinant. Ouf !

Donc, on vous jette a l'eau en vous expliquant façon mauvais film de SF japonais que vous êtes un groupe de super héros qui, en se serrant les coudes, sont capable "d'unimorphiser". C'est à dire de former, en se regroupant, diverses armes pour pouvoir mettre sa raclée à l'adversaire. A l'écran cela se concrétise en une foule de petits personnages représentant tous les supers héros qui ont rejoint votre équipe. A la façon de Lemmings ou de Pikmin si vous voulez. En traçant le bon dessin, les supers héros dans votre équipe s'alignent pour former l'arme à matérialiser. Selon le bouton que vous allez utiliser cette arme sera automatique c'est à dire quelle agira seule, ou manuelle et vous la contrôlerez. Vous pouvez bien évidement en former plusieurs à la fois jusqu’à ce que votre jauge d'énergie soit vide ou que vous n'ayez plus assez de Wonderful pour matérialiser une arme.

Au début du jeu c'est assez laborieux, les ennemies son de vilains vicelards qui prennent un malin plaisir à vous viser juste au moment ou vous avez enfin réussi à matérialiser votre arme. Ce qui a pour effet de la détruire et de disperser vos Wonderful aux 4 coins de l'écran. Plus globalement l'IA du jeu est calibrée en mode "je vais te faire péter un plomb". Ça, c'est si vous vous acharnez à vouloir nettoyer les rues de la ville mode mono coup.

En effet le jeu exige de vous que vous soyez un vrai fighter. Pas un type qui se contente de collectionner les trophées en plastoc en terminant les niveaux uniquement avec l'arme la plus facile à maitriser, une épée formée par une simple ligne droite. Parce qu'il est tout à fait possible de terminer le titre de cette façon, mais au prix de nombreux game over et en passant trois plombes sur du menu fretin. Bref c'est laborieux et le testeur de jeu vidéo n'ayant pas que ça à faire va vite tomber dans cette facilité crasse qui lui fera dire que ce jeu est juste moyen... En réalité le titre est calibré pour que l'on se fasse plaisir à font. Le but est de former des armes en combo. Il n'y a rien de plus plaisant que d'emprisonner vos agresseurs dans une attaque qui ne finira point avant d'avoir dilapidé leur barre d'énergie. Et ça, plus vous avez de Wonderful dans votre équipe plus vous pouvez former d'armes en même temps. Parfois on se croirait devant les meilleurs run de combo d'un KOF ou d'un SF4 mais en version "beat them all".

Le but du jeu est évidemment d'avancer dans l'histoire, mais le plaisir se trouve avant tout dans le gameplay. La Terre est attaqué par l'empire Geatjerk (notez la prononciation) des extra terrestres pas bien malins mais disposant d'une unbelievable-armada-spatiale-jamais-vue-avant. Ces malotrus sans cervelle apparaissent au compte goute sur Terre parce qu'ils ne peuvent pas venir tous en même temps grâce au bouclier qui protège la planète. Du coup ces crétins de l'espace (ils sont vraiment bêtes j'vous jure !) ont décidé de détruire les réacteurs qui alimentent ce bouclier. Ils se concentrent donc dans les zones où se trouve ces réacteurs qui sont sous forme de statue de déesse assez dévêtue (au grand plaisir de Vert le Wonderful frenchy du lot). Vous parcourez donc le niveau en question en faisant le "ménache", nettoyant à coup de marteau, d'épée, de fouet ou de coup de point.

Quand je dis que le plaisir est dans le gameplay c'est parce que le jeu va vous en faire baver. Les ennemis apparaissent par zone. Pour passer à une autre zone (avancé en fait) vous devez nettoyer celle ou vous vous trouvez. Ultra classique dans tout BTA que se respecte. Sauf qu'ici les vilains apparaissent dans une formation bien spécifique, rien que pour corser la difficulté et vous empêcher de matérialiser vos armes. Résultat des courses : l'arrivée dans une nouvelle zone est toujours un peu croustillante et vous devez trouver le bon timing pour vous farcir vos adversaires sous peine de vous prendre une vilaine raclée. C'est là que réside tout le sel de The Wonderful 101, trouver le truc, la faille qui va vous permettre d'en mettre plein la vue à ces débiles du cosmos. Et il y en a toujours une, rien n'est laissé au hasard et si vos doigts sont magiques vous prendrez un pied monumental à mettre des torgnoles à ces moins que rien des étoiles qui ont osé grignoter votre barre de vie auparavant.

C'est d'autant plus plaisant que se faire laminer la première fois vous donne les clés pour prendre une vive revanche la seconde. Si vous êtes calibré en mode gamer, on ne vous la fera pas deux fois… bon enfin heu… peu être que si, sur certains boss assez retords. Le jeu à donc de nombreux fights (hors boss) mémorables qui prennent une tout autre forme au niveau de difficulté supérieur. On prend donc un grand plaisir à revisiter les lieux pour voir lequel entre le joueur ou Geatjerk réussira à remporter le combat. La difficulté éprouvée la première fois s'estompe souvent la seconde parce que vous avez saisi le truc, l'arme qu'il vous faudra matérialiser à tel instant. Et quand vous connaissez parfaitement les faiblesses des divers ennemis vous vous prenez à enchainer les unimorphisations en mode combo sans fin. Juste parce que vous maitrisez vos coups et vous savez quelle arme correspond à quelle situation. C'est la maitrise du jeu qui vous donne le plaisir et cette maitrise est innée, accessible puisqu'au début on vous fera subir les pires sévices pour vous la faire rentrer dans le crane à coup de laser et de game over. Passé ce douloureux passage d'apprentissage (en gros le prologue et les 2 premiers niveaux) ça roule et l'on commence à cerner comment botter le postérieur de ces abrutis de l'univers.

Ca c'est juste pour le fight de rue, parce que le jeu recèle plein d'autres choses tout aussi originales. Des phases de shoot, de plateforme, des QTE et des modes de jeu avec le Gamepad. Un véritable melting-pot de tout ce qui été fait dans le jeu vidéo depuis le début. Tout n'est pas réussi et les phases de plateforme sont parfois pénibles du fait d'une camera pas du tout adaptée à la situation. Les phases de shoot sont assez basiques et pas toujours maniables, mais on sent qu'elles sont là pour le trip, la mise en scène. Le cœur du jeu restant quand même le fight. En revanche les phases au gamepad sont parfois assez bien trouvées, notamment celles utilisant le gyroscope. Par exemple, le contrôle d'un lance-missile pour dézinguer une vilaine soucoupe volante détruisant tout sur son passage. En gros vous dirigez une DCA mobile. Sur le téléviseur vous voyer votre engin se déplacer, sur l'écran du Gamepad vous voyer dans l'engin ou vous devez chercher votre cible en bougeant le gamepad à la manière de Project Zero V. J'ai trouvé ça assez sympathique.

D'autres choses viennent agrémenter le système de jeu. C'est la façon dont sont déclinés les divers ennemis. Au début imposants et agaçants vous affronterez de gros vaisseaux qui feront office de mini boss. Puis comme dans tout BTA qui se respecte vous les retrouverez en menu fretin plus loin dans le jeu. Mais là ou il y a un coup de génie, c'est lorsque vous les pilotez. Vous pouvez autant affronter ces engins à un niveau et vous retrouver par la suite à l'intérieur à les piloter. C'est juste tripant de se retrouver aux commandes de votre "Virgin Victory" (oui oui c'est le nom de votre vaisseau amiral !!) qu'a celles des engins ennemis à les cramer avec leurs propres armes. Certains engins vous servent même de vulgaires accessoires lorsque vous pilotez des mecha. Ces mêmes mecha qui engageront une reconstitution très inspirée de Punch Out et le trip ultime un superbe hommage à Panzer Dragon... C'est juste top !

The Wonderful 101 c'est un peu l'humour que l'on trouve dans des séries comme One Punch Man (Wanpanman) ou du Grindhouse version jeu vidéo. Le titre dispose d'une surdose d'humour toujours juste et chose étonnante c'est que celui-ci est tout à fait occidental. On y trouve évidement des gags bien japonais, mais globalement les références sont celles d'un cinéma plutôt US qu'asiatique. The Wonderful 101 déborde d'un humour généreux et second degré qui permet au jeu de ne pas avoir une trame trop sérieuse. Le titre joue très habilement avec les codes du genre et triture le drama pour le rendre ridicule. Tout le monde n'appréciera pas ce genre d'humour qui va carrément jusqu'à se moquer gentiment des fans de films de super héros un peu trop premier degré (les fans autant que les films !) et évidement si vous êtes dans cette catégorie vous risquez de vous sentir un peu insulté.

D'autant que la mise en scène en rajoute des caisses jusqu'à l'ultime flashback rétro steampunk ou le cuir, la moustache et la banane sont rois ! Les gens de Platinium Game sont simplement des génies qui se sont follement amusés à parodier les thèmes qu'ils aiment le plus. Ça se ressent dans le jeu, et il suffit d'écouter les doublages pour se rendre compte qu'un soin tout particulier a été apporté au burlesque des situations, car il s'agit là bien de burlesque dans un jeu vidéo. Cette propension à ne pas se prendre au sérieux est salvatrice dans un medium qui justement prend un peu trop la grosse tête depuis quelques années. Merci, merci beaucoup pour cette dose d'humour fort appréciable dans ce monde de melon hypertrophié et de chevilles enflées !

Dernier point, la technique. Point faible du jeu malheureusement. Non pas graphiquement, mais aux niveaux des bugs. Le jeu est truffé de bugs bloquant survenant la plupart du temps lors du déclenchement de scripts ou de QTE. Le jeu ne plante pas, mais il reste figé ou les QTE ne sont pas prises en compte. Parfois c'est même le plantage pur et simple, un bon vieux freeze comme sur PC. Ce n'est pas super pro surtout pour un jeu comme ça qui semble avoir été peaufiné jusqu'au bout… Mais il s'agit là d'un des tous premiers titres de la WiiU. A ses début la WiiU ne disposant pas d'outils de très optimisés, il se peut que le jeu soit basé sur un environnement de développement peu mature. Ceci expliquant cela. Graphiquement c'est assez inégal. Je jeu est assez aliasé au niveau des textures, mais en revanche il exploite parfaitement les effets graphiques spécifiques à la Wii U qui a hérité de la patte graphique du Gamecube. Ainsi, tout ce qui est éclairage, effet chromatique, volumétrique, ou de particule est réellement bien rendu et certains passages donnent une impression étrange et contrastée entre des effets graphiques superbes mais avec des textures pourries. Globalement tous les vaisseaux du jeu sont parfaitement modélisés, mais les personnages ainsi que certains environnements pèchent par leur manque de détail.

Toutefois il y a un point sur lequel le jeu est irréprochable : les proportions. En effet vous dirigez une 100ène d'humains face à des vaisseaux gigantesques. Quand il s'agit d'en mettre plein la vue aux joueurs, les graphistes ont su retranscrire avec brio le gigantisme de certaines structures. Cette représentation graphique est prétexte à de nombreux effets visuels tous plus fous les un que les autres. Vous pouvez vous retrouver, tel un microbe face à un pied, à grimper sur un mecha à la façon de Shadow Of The Colosus et tout de suite après entrer dans son cockpit ce qui remet bien les choses en perspective. Le jeu joue avec les proportions de votre taille de microbe face à des engins toujours plus gros. The Wonderful 101 c'est un peu harder better faster stronger et ce jusqu'à la toute fin avec un twist aussi décourageant qu'impressionnant sans doute inspiré du niveau 5 "Judgement Sword" de Thunderforce V. Avec un final digne du jeu qui récompense parfaitement le joueur… pas comme ces jeux occidentaux à la fin fadasse voir inexistante.

Alors je comprends qu'en mode premier degré on puisse rester froid face à ce déluge d'humour et de 10ème degré. Mais dans ce cas alors on ne peut pas non plus nier cette maitrise à vouloir offrir un jeu généreux rendant hommage aux codes ayant construits le jeu vidéo depuis sa création. Les gens derrière The Wonderful 101 se sont amusés à concevoir ce titre. Rien que les doublages sont totalement délirants, même si j'ai préféré la version japonaise, car plus dynamique. Le doublage anglais ne manque pas de piquant et les mots ne sont pas choisis au hasard. Ce délicieux accent français affublé à Vert ou des erreurs de langage désopilantes et de l'accent snob du prince Vorkken. Allié à ces petits détails, des boss fight toujours très impressionnants où façon vielle école vous devrez en apprendre les paternes pour vous en sortir. Alors comme tout est spectaculaire, que ça explose tous autour de vous, à chaque instant, vous apprenez tout en prenant votre pied visuellement… et en plus il y a des extra-terrestres !

Passez-moi l'expression, The Wonderful 101 est un putain de bon jeu ! Il fait partit de ces rares titres à conjuguer la modernité des jeux d'aujourd'hui avec la vivacité et l'inventivité que l'on trouvait dans le jeu vidéo des années 80/90. En termes de qualité Platinium Game n'a plus rien à prouver. Ce studio offre avec The Wonderful 101 un jeu d'une rare générosité, sous ses aires faussement compliqué et brouillon The Wonderful 101 est finalement tout le contraire. C'est un jeu peaufiné dont le seul but est de vous offrir un trip tout autant ludique qu'humoristique en ponctuant le tout d'hommages appuyés à divers jeux ou films. The Wonderful 101 est un trip de gamers fait par des gens passionnés par leur métier. Finir le jeu une première fois vous ouvrira les portes de la galerie d'artwork du jeu. C'est là que l'on constate que l'équipe a réellement pris plaisir à le concevoir. Les illustrations reflètent le talent et le délire qui règne dans le jeu. Un savant mélange entre un univers artistiquement travaillé et une mise en scène totalement délirante. La bande son est tout aussi inspirée avec des envolés "d'emphase" qui appuient plus que de raison des scènes déjà over-spectaculaires. Des scratchs de vynile venant stopper net des scènes sérieuses dont la chute n'est pas du tout ce que l'on attendait et des musiques de boss fight qui vous balancent dans le bain tout en faisant monter la sauce.

The Wonderful 101 est et restera un jeu de qualité qui peut se rejouer de nombreuses fois tant il est plaisant de maitriser les combos et d'avancer au travers de toutes ces scènes débordantes de délire et de superlatifs visuels. The Wonderful 101 est un titre singulier, qui ne ressemble à aucun autre et qui pourtant, reprends les codes de ce que le jeu vidéo offre de meilleur en termes de fun. Alors quand vous serez vieux et que vous parlerez à vos petits enfant des jeux culte fait dans votre jeunesse, The Wonderful 101 fera immanquablement partit de votre liste. Et vous vous souviendrez, tel le commandant Nelson, qu'a cette époque le latex n'habillait pas encore les supers héros. Que vous arboriez fièrement la moustache, une ostentatoire banane en guise de coiffure et un uniforme tout en cuir… le tout dans un noir et blanc suranné par les effets graphique de la Wii U. Hey oui, The Wonderful 101 donne une bonne leçon de gaming et de savoir faire en matière de jeu vidéo. L'arcade façon 21ème siècle avec de la baston, de l'humour, du spectaculaire et des extra-terrestre qui font mouwahahahahaaaaa. Alors n'hésitez pas, venez faire une cure jouvence en matière de jeu vidéo et venez jouer aux formidables 101… heu Wonderful 101.