Rhythm Game x Role Playing Game

Sorti au Japon il y a quelques mois maintenant, la sortie de Theatrhythm Final Fantasy était insoupçonnée en Europe. Heureusement il n'en est rien et le jeu est disponible en Europe depuis le 6 juillet dernier. Les 25 ans de la saga de RPG la plus connue au monde souffle donc ses bougies dans nos contrées avec, comme un hommage aux épisodes d'antan, une absence de traduction. Mais passer à côté du titre pour cette raison serait une erreur on ne peut plus stupide tant il demeure une référence dans le genre.

On va passer sur le scénario qui n'a que très peu d'intérêt (il faut restaurer le cristal du rythme) ou sur la qualité graphique avec ses persos en SD (qui ne fait pas dans la demi mesure : on aime ou on déteste) pour se focaliser sur le cœur du jeu à savoir le gameplay. Ou plutôt les car le jeu se compose de plusieurs jouabilités. Trois modes de jeu sont ainsi proposés : le mode Series permet de jouer sur cinq morceaux marquants de chaque épisode. Par chaque épisode, il faut comprendre par là du premier Final Fantasy à Final Fantasy XIII. Point de Final Fantasy X-2 ou Final Fantasy XIII-2 voire même Final Fantasy XIV pour des raisons que seul Square Enix détient. Mais l'une doit comporter trois lettres en commençant par D et finissant par C. Il y a ensuite le mode Challenge pour rejouer les morceaux faits en mode Series. Et enfin, le mode Chaos Shrine où il s'agit de jouer plusieurs titres des différents opus avec une difficulté progressive.

Le mode Series est celui qui va faire jouer rappeler bon nombre de souvenirs aux joueurs des épisodes inclus dans la carte de jeu. Après avoir constitué son équipe de quatre héros de la saga et choisi son épisode, le tout peut enfin commencer. Chaque Final Fantasy en mode Series est composé de la manière suivante : Opening, Field Music Stage (FMS ou le thème lorsque l'on est sur la map), Battle Music Stage (BMS pour le thème de combat), Event Music Stage (EMS ou thème fort du jeu) et Ending. Si les phases d'ouverture et de fermeture sont mollassonnes au possible, avec une pression à faire sur l'écran tactile quand des notes arrivent au centre d'un cristal sur l'écran supérieur, les trois autres types de jeu sont bien plus intéressants.

Les FMS (et tout les autres types de modes d'ailleurs) se jouent avec les notes sur l'écran du haut et la validation de celles-ci sur l'écran inférieur. Dans ce mode, il faut appuyer en rythme sur les boutons quand ils atteignent le curseur de validation. Comme tout jeu musical qui se respecte, il y a plusieurs degrés de tolérance avec du Critical pour les notes parfaites, du Great et Good pour les correctes puis Bad et Miss pour les notes loupées. Les notes justement peuvent être de trois types : les rouges nécessitent une pression simple, là où les vertes demandent d'être maintenues de bout en bout (avec pour les niveaux FMS des mouvements de bas en haut selon le morceau), tandis que les jaunes nécessitent de diriger le stylet vers la direction indiquée. Fan service oblige, le joueur pourra se transformer en Chocobo de différentes couleurs comme dans Final Fantasy VII pour décupler sa vitesse de déplacement. Ça ne parlera pas aux nouveaux venus mais les vrais comprendront.

Les BMS sont le cœur de Theatrhythm Final Fantasy. Chaque combattant dispose d'une jauge au bout de laquelle se trouve le fameux curseur de validation des notes. Dès qu'une note passe devant l'un de ses quatre persos, il faut valider la note,en question pour asséner à l'adversaire un coup plus ou moins puissant selon la précision de validation de la note. Il suffit de rater des notes pour voir sa jauge de HP diminuer et plus les notes ne sont pas réussies, plus le Game Over est proche. Et c'est là qu'intervient l'aspect RPG du jeu. À chaque morceau réussi, les persos gagnent de l'expérience et apprennent de nouvelles capacités (les mêmes que dans les Final Fantasy respectifs) qui pourront, en sus des objets de soin, leur êtres attribuées. Chaque compétence a un coût et il faudra alors opter pour la compétence qui booste bien une capacité particulière ou quelques unes de manière moins importante. Si pour les morceaux en mode Basic, cela n'a pas grand intérêt, les morceaux en Expert et en Ultimate sont d'un autre acabit. S'équiper d'une X Potion redonnant de la vie avant le Game Over sur un morceau en mode Ultimate n'est pas de trop. C'est également en équipant son groupe que l'on pourra invoquer Shiva, Ramuh ou Ifrit pour nous venir en renfort afin que, comme dans Final Fanasy X, elle prenne le relais le temps de lancer son attaque ultime. Mais pour les plus téméraires, ne pas s'équiper du moindre objet permet d'obtenir un bonus de 2,000,000 de points qui sont tout bonnement indispensables pour qui vise le SSS, la note ultime.

Les EMS sont les phases qui n'ont pas besoin d'un long discours pour être décrites. L'écran supérieur indique une jauge suivant un trajet de part et d'autre de l'écran avec diverses notes. Pour rendre la chose plus agréable, les temps forts de chaque épisode défilent en mêle temps que le thème éponyme. Revoir la mort d'Aerith (et se rappeler que l'on avait pleuré car on la voulait dans son équipe) ou Yuna serrant le poing quand elle se marie par la force avec Seymour – en 3D qui plus est – fait son petit effet, les thèmes étant magistraux de par leur qualité. Heureusement, il,est possible de débloquer ces vidéos afin de les revoir sans la moindre note à l'écran.

Le mode Chaos Shrine quant à lui propose au joueur de relever 99 défis composés chacun d'une phase FMS et une BMS. Chaque défi (appelé Dark Note) réussi permet d'en débloquer un autre et ainsi de suite. Le jeu utilise également la fonction StreetPass de la console pour pouvoir s'échanger les Dark Notes. Les morceaux sont totalement aléatoires au niveau de leur difficulté et il y a en a même quelques uns qui se découvrent la première fois via ce mode et qui se débloquent pour être rejoués en mode Challenge selon les points obtenus pour la restauration du cristal évoqué en début de ce test. En effet, chaque morceau joué, et ce quel que soit le mode, permet d'obtenir des points de Rhythmia. À chaque palier spécifique, de nouveaux morceaux ou autres bonus sont déblocables, pour le plus grand plaisir des aficionados de la série.

Les adeptes de la série seront aux anges avec les divers bonus proposé par le jeu. Hormis la possibilité de revoir les meilleurs passages de chaque épisode avec en fond sonore le thème qui lui est associé, des cartes à collectionner à l'effigie des persos emblématiques de la série et le jukebox pour réécouter la bande son qui fait du bien aux cages à miel sont de la partie. Il y a également des défis (au nombre de 64) à relever avec comme objectif de réaliser un sans faute ou de débloquer tout les persos par exemple. Un bon moyen de consolider la replay value du soft déjà solide.

En sus des 39 morceaux disponibles de base (trois morceaux/épisodes – les Opening et Ending comptant pour du beurre), il y a donc des morceaux à débloquer pour qui en voudrait – à juste titre – toujours plus. Mais les plus affamés pourront se connecter sur le Nintendo Network pour acquérir, contre des gils sonnants et trébuchants, des pistes supplémentaires. Proposées à 0,99 € le morceau, Square Enix n'a pas perdu de temps en mettant la veille de la sortie un peu moins d'une dizaine de morceaux en vente. Un DLC contenant un morceau de l'arlésienne Final Fantasy Versus XIII serait également prévu. Theatrhythm Final Fanatsy est donc le premier jeu sur 3DS à proposer du contenu additionnel payant. Le jeu de base contient toutefois suffisamment de morceaux pour être apprécié à sa juste valeur mais pour un jeu anniversaire, il en vaut mieux trop que l'inverse. Là c'est un peu comme si la fête commençait mais qu'il fallait payer pour l'after : le début a beau être génial, on voudrait que ça continue sans devoir passer à la caisse.

Theatrhythm Final Fantasy est un jeu à la qualité aussi importante que la complexité de prononciation et/ou d'écriture de son nom. Clairement destiné aux vétérans de la franchise, le titre n'en reste pas moins un jeu musical agréable pour les non connaisseurs qui leur donnera l'envie de découvrir les jeux dont sont extraits les morceaux. Quant aux personnes qui ont déjà fait les épisodes I à XIII, elles voudront les relancer une énième fois. L'aspect RPG associé au jeu musical avait de quoi rendre n'importe qui sceptique mais le mélange des genres est réussi. Les DLC vont faire craquer bon nombre de nostalgiques mais pour les allergiques, elles auront tout de même de quoi faire, le jeu offrant un contenu de base généreux. Comme Nintendo avec Super Smash Bros., Theatrhythm Final Fantasy est à la fois un véritable cadeau pour les fans et une invitation à faire découvrir les jeux dont les univers sont repris. Le genre de jeu qui donne envie de croire que les développeurs peuvent encore faire des choses sortant de l'ordinaire de par leur concept et rappeler aux joueurs combien l'époque où Squaresoft faisait cavalier seule était géniale.