Critique initialement publiée sur Le Con, Le Culte et Les Écrans.
Quand vous aimez un art quel qu’il soit, il y a un moment à la fois craint et terriblement recherché.
Ce moment où, une fois l’œuvre fini, vous vous sentez vide, incapable d’enchaîner avec autre chose tant cet autre chose sera forcément en deçà de l’expérience bouleversante que vous venez de vivre… Et bouleversant What remains of Edith finch l’est contre toute attente.
Dans ma vie de joueur, si j’apprécie les pures expériences narratives, je reste de « l’école du gameplay » : un bon jeu doit proposer un système de jeu plaisant et prenant, avant de proposer une narration, aussi bonne soit elle.
Gone home m’est tombé des mains, la moitié des jeux Telltale aussi, ceux de quantic Dream sont souvent risible, et même life is strange ne m’a au final que peu marqué. Autant dire qu’Edith Finch était loin loin loin dans ma liste de jeu à faire. Alors Edith Finch qu’est ce que c’est jamy ?
First person walker (jeu de ballade à la première personne) techniquement limité, vous incarnez Edith Finch, dernière vivante de la lignée des Finch, qui retourne dans la maison familiale afin d’enquêter sur la malédiction des finch qui fait que chacun des membres de la famille est mort dans cette maison. Particularité, à chaque naissance une pièce est construite pour le nouvel entrant de la famille, et est scellée au moment de son décès. Votre aventure sera donc d’arpenter ce bâtiment hypnotique pièce par pièce afin de revivre les derniers moments de chacun des finch.
Le jeu est donc découpé en plusieurs petites scènes que vous allez jouer de façon plus ou moins active. Ces scènes ont toutes en commun une chose : la mort. Qu’importe qui vous incarnez, votre destin sera forcément funeste, qu’importe le gameplay toujours limité voir quasi-absent, c’est l’histoire qui vous transportera.
Difficile de parler de cette aventure de 3 heures sans trop divulgacher, sachez juste que de la mort du nourrisson, à l’acceptation de la vieillesse en passant par le refus adolescent, les situations sont variés et surtout toujours juste. Métaphorique souvent, poétique tout le temps, déchirante forcément, la mort n’est pas traitée avec cruauté ou complaisance. Elle fait partie de la vie, de son apprentissage, de sa valeur aussi.
Loin de se reposer sur ces uniques scènes qui auraient, à eux seuls, fait d’Edith finch un jeu de choix, le jeu propose une exploration cohérente d’une maison traitée comme un personnage à part entière. Vous vous l’appropriez à chaque minute, en découvrant ses secrets les plus enfouis, en se familiarisant avec ses drames, mais aussi ses joies, en ne doutant jamais qu’on y ait vécu un jour. Ce côté explorateur d’un monde révolu, vous le trouverez également dans le petit carnet d’Edith qui tracera un arbre généalogique à chaque tranche de vie vécue.
Certes toutes ces vignettes comme autant de gameplay différents ne se valent pas toutes, certaines par pure sensibilité, d’autres à cause des accrocs technique, mais Edith Finch a le mérite de rester droit dans sa proposition radicale.
Et à la fin qu’en reste il ?
Une expérience hors du commun, qui vous prend aux tripes. Un souvenir indelibile d’avoir enfin un jeu qui a compris le deuil, la famille, les souvenirs et l’amour.
C’est aussi un jeu qui comprend que, quand la marée monte et que chacun refait ses comptes, nous emportons tous au creux de nos ombres des poussières d’un autre.