Cachez ce sein que je ne saurais voir... Apologie de l'hypocrisie tolérable

A cette époque, l’année passée, je terminais Final Fantasy XV, à qui je trouvais malgré toutes ses brisures bien des qualités. Je m’amusais d’une certaine presse crachant sur le jeu, le faisant passer pour ce qu’il n’était pas : un échec total. Il semble écrit, désormais, que nous aurons droit à un Jrpg controversé en fin d’année et Xenoblade Chronicle 2 en est l’exemple parfait. Pour que les choses soient claires, je n’ai pas joué à l’opus « X » et il n’y sera donc fait aucune comparaison pendant ce test, même si j’ai bien compris les pleurs concernant l’absence de Méchas.

Rex, humble récupérateur de trucs et de bidules dans un monde recouvert de nuages où flottent les derniers titans, se voit engager pour une mission à 100 000 balles accompagné de mystérieux compagnons. Alors que tout devait se passer pour le mieux, eh ben… notre héros va se faire assassiner puis ressusciter par une lame (l’aegis) nommée Pyra. Non, ceci n’est pas un spoil, mais les 10 premières minutes d’une (très) longue aventure qui se profile aux forts accents de Shonen… Avant de rentrer dans le débat de la qualité intrinsèque du scénario, il est temps de faire une première parenthèse pour vous révéler une terrible vérité : Pyra a une forte poitrine. Ne riez pas, vous là derrière vos écrans ; ne vous moquez pas du manque de talent narratif de cette critique ; je mets ici en avant un gros problème qui semble occulter tout ce qu’est ce jeu : son design. De nombreux illustrateurs ont contribué à la création des personnages du jeu ; à défaut de créer de l’harmonie, on gagne une certaine diversité dans nos invoc… pardon lames ! Elles sont aussi inégales que variées, on les déteste ou on les a adore, mais on s’éloigne de notre problème de poitrines opulentes... Oui, condamnons l’accusé, Xenoblade Chronicles 2 a parfois une vision très « japonaise » de la féminité, mais au risque de passer pour un tocard sexiste n’osant pas brandir l’étendard du scandale pour rentrer dans le rang du bon ton… Je dois vous avouer que j’ai apprécié le personnage de Pyra, je m'y suis attaché, même; à elle et à d’autres et pire, j’ai vraiment été pris par le scénario du jeu… Ses rebondissements (l’histoire, par les atouts de L’aegis) ont vraiment fonctionné sur moi et tout du long, je me suis surpris à avoir envie d’en savoir plus… Alors est-ce que la tenue de Rex est bien ou pas ? Boréas n’est-il pas trop rond ? Ne manque-t-il pas de verdure à Mor Adain ? Ne faudrait-il pas refaire Tifa dans Final Fantasy VII, elle me choque aussi désormais… En fait je m’en tape : chapitre I.

Qu’on compare Final Fantasy XV et ce Xeno, pourquoi pas, mais certainement pas sur le plan du scénario. Si celui de Noctis et ses amis semblait partiellement achevé, ce n’est pas le cas ici ! Tout se tient, nos personnages sont plongés dans une épopée en 10 chapitres et, oui ça fonctionne. J’ai vu pendant 3 minutes (mon seuil maximum de tolérance) deux « journalistes » blasés, dans un bidule live avec autant d’enthousiasme qu’un crabomard sous Xanax nous expliquer que tout ça était fort classique, que nous avions vu, lu et entendu l’ensemble des milliards de fois auparavant. Ok, mais j’ai eu la chance de faire Persona 5 cette année également et même si l’on peut hurler au chef d’œuvre, je n’ai pas eu l’impression qu’il réinventait la narration ou le média (c’est une lutte du bien contre le mal, rien de plus). Simple n’est pas simpliste, l’argument du déjà vu n’est pas recevable. J’ignorais qu’une œuvre devait réinventer et recréer pour atteindre la grâce. Je suppose que de petites perles indés plus symbolistes que les écrits les plus obscurs de Mallarmé doivent tendre vers le chef d’œuvre.
Mais en fait, je m’en tape : chapitre II.

Xenoblade Chronicles 2 m’a emporté, au bout d’une dizaine d’heures et malgré sa tendance à vous noyer sous les tutos (visible une seule fois), j’étais subjugué par le système de jeu basé sur les « arts », les combos de groupes et les résistances élémentaires. Les gros adversaires donnent du fil à retordre, les combats sont longs et prenants (non, ce n’est pas un défaut) et il existe un véritable plaisir à tenter d’optimiser son équipe en recourant à cette grande loterie (lootboxerie) qu’est l’éveil. Le tout, au rythme de thèmes mémorables qui restent en tête immédiatement… Ah ! les 2 crabomards sous Prozac prétendent que ça aussi c’est du déjà entendu, mais je crois que je m’en tape – chapitre III.

Xeno va donc vous occuper longtemps, très longtemps, une bonne centaine d’heures en fait. Vous allez traverser des continents au level design intéressant, basé sur une verticalité parfois surprenante et faisant la part belle à l’exploration. La carte est mal foutue et ne sert à rien (jusqu’à la prochaine mise à jour), mais cela permet au final d’apprendre à connaître les lieux et on se surprend à s’y retrouver dans ces grottes, cavernes, chemins dérobés, etc. Par contre, il vous faudra parfois utiliser des capacités propres à vos lames (œil vif, détente, maîtrise de l’ombre, terre, etc.) pour avancer dans certaines zones ou quêtes… Admettons que cela peut être par moment frustrant quand, comme moi, vous n’avez aucune chance au loot et qu’après 65 heures aucun de vos compagnons ne possèdent le trait « courage »…Techniquement, ça a déjà été dit, mais le jeu n'est hélas pas en 4k hdr 66 fps à une température de 63°, je sais c'est impardonnable. Ce qui est bien quand, comme moi, on se fout un peu de cette problématique, c'est que ça ne m'a pas empêché de profiter de la beauté et de la créativité présentes dans certains environnements (Uraya et son titan qui vous avale, mon amour), tout en étant quand même témoin du retard d'affichage des textures entre deux chargements cependant assez rapide Même en mode portable, j'ai pris du plaisir à y jouer! j'aurais sans nul doute mieux fait d'écrire un pamphlet sur la baisse de résolution et le framerate toussotant... Ah oui, j'ai aussi apprécié le petit jeu Tiger Tiger permettant de développer Popppi -une androïde féminine mécanique -(que quelqu'un prévienne d'urgence le ligue des familles). Il y a aussi les missions mercenaires vous proposant d’envoyer vos sbires ramasser des ressources, des points de collectes pour les ressources, des zones de récupérations pour échanger des ressources donnant accès à de l’argent et d’autres ressources et des ressources amassables sur les ennemis pouvant être échangées contre des RESSOURCES. Il se peut qu’on se sente parfois modérément enseveli… Bon là, je m’en tape un peu moins…

J’ai adoré Xenoblade Chronicles 2, je m’en sens presque coupable. Je pense que je suis l’exemple même du mauvais goût ; je m’étais déjà amusé sur Final Fantasy XV l’année passée… Sachez que je vous présente à tous mes excuses et en particulier aux 2 crabomards sous Tranxene indéniablement plus intelligents que moi. Pourtant, je vous encourage à vous y lancer, et à faire preuve de volonté de puissance dans ses moments décourageants… Le jeu en vaut la peine et révèlera un génial système d’évolution et un scénario (oui !) agréable. Dans ce climat d’hypocrisie tolérable où la nouvelle intelligentsia nous dira ce à quoi il est bon de jouer et devant quoi nous offusquer, je vous laisse aux articles en écriture inclusive et à l’univers du JV contemporain où tout le monde est spécialiste autoproclamé de tout (du Jv au ciné en passant par la littérature)… Je suppose qu’il y a bien un autre podcast consensuel à écouter pour nous faire comprendre que ce à quoi on joue « c’est quand même un peu de la merde »… Mais ça aussi je m’en tape – Chapitre IV

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