Dans le domaine du jeu vidéo, il est des personnes qui font parfois preuve d'une originalité débordante et qui n'hesitent pas à sortir des carcans imposés. American McGee fait partie de ces personnes qui oeuvrent dans le but d'offrir un divertissement de qualité à des joueurs de plus en plus difficiles à satisfaire...
Si il à travaillé sur des jeux comme Doom, Les Sims ou encore Quake, American McGee s'est surtout imposé au monde il y a un peu plus de dix ans avec son American McGee's Alice ou il nous propose une suite cauchemardesque, macabre et malsaine du diptyque de Lewis Caroll. Salué par la critique et les joueurs, Alice devient un jeu 'culte' dans certaines spheres et beaucoup de joueurs voient désormais McGee comme le "Tim Burton du jeu vidéo".
Après le succès mitigé de Scrapland, McGee ravive l'interet des fans avec un jeu épisodique, American McGee's Grimm, qui reprend les contes des deux célèbres frères, transposés dans son univers atypique; mais il provoque surtout l'émoi de la foule avec l'annonce d'une suite à Alice...
Cette suite tant attendue est désormais disponible, et il est bon de constater que McGee n'a rien perdu de sa superbe et de son originalité.

Alice, Retour au Pays de la Folie est un jeu de plates-formes et d'action qui montre d'emblée que la direction et le parti pris ne plairont pas à tout le monde. Loin des jeux modernes avec des ficelles de plus en plus acrobatiques et nerveuses Alice 2 propose une dynamique et un gameplay franchement axé 'old school' tout en tenant compte de certaines améliorations devenues des automatismes tels que l'esquive, la parade ou le double saut. Le systeme de visée et de camera a aussi été amélioré en comparaison du premier opus, meme si pour certaines phases la caméra a tendance à agacer un peu. Cette plus grande souplesse et ces améliorations donnent un jeu plus fluide et rapide que son ainé tout en gardant précieusement ce coté 'vieillot' qui aide au charme du jeu. Ce coté est meme largement souligné dans certaines phases du jeu qui nous ramène à de la bonne vieille plate-forme 2D ou encore dans l'impossibilité de s'accrocher aux rebords (amelioration refusée catégoriquement par les développeurs afin de préserver ce coté 'old school' des jeux de plates-formes)
L'inconvenient majeur de cette prise de position reste la linéarité et la répétition des phases. Malgré quelques renouvellements, la progression suit des schéma redondant, consistant souvent à se deplacer comme on peut (marchant, sautant, planant...) pour actionner interrupteurs et leviers afin de passer à la suite apres avoir battu quelques méchants.
Coté gameplay, les phases d'actions ne sont pas en reste avec son lot d'ennemis, certains basiques, d'autres nettement plus recherché et qui demanderont une certaine stratégie pour arriver à les vaincre. Là encore, une fois la stratégie bien rodée, une sorte de routine s'installe et ne sera perturbée que par le nombre d'ennemis, la varietés d'ennemis dans le combat, et l'arrivée de nouveaux ennemis. Cependant, les phases d'actions restent très plaisantes à jouer, c'est rapide, parfois techniques, c'est parfois très speed et le fun est présent. Si les armes ne sont pas très nombreuses, elles offrent toutes un panel interessant d'actions, voire meme quelque enchainements assez jubilatoire. On reste dans les basiques du genre tout en gardant le grain de folie inhérent a l'univers du jeu, et comme dans tout jeu qui se respecte, notre héroïne est dotée d'une sorte de 'super attaque', baptisé ici "hystérie", un mode de combat dans lequel notre brave Alice devient plus violente, invincible, avec des munitions illimitées, le tout proposé dans une vision presque fantasmagorique en noir et blanc entachée d'un rouge sang du plus bel effet.

Si les mecaniques et la linearité pourront paraitres pesantes à certains joueurs, un amateur y trouvera son compte et s'en accommodera sans trop de soucis. Pour attiser l'envie de perseverer, le jeu dispose d'un scénario interssant à plus d'un titre qui nous plongera autant dans la psyché humaine que dans une vision morbide et décalée de l'univers dépeint par Lewis Caroll.
Suite directe du premier opus, on retrouve Alice peu de temps apres sa sortie de l'asile, toujours en proie à ses démons, qui cherche à retrouver ses souvenirs pour enfin se liberer du passé qui la tourmente. Les courtes phases dans le monde réel tranchent nettement avec le Pays des Merveilles mais gardent toujours une direction narrative qui arrive à charmer et à accentuer l'impact des voyages au Pays des Merveilles. Le scénario dévoile sa profondeur tout au long du périple, à chaque amis ou grands ennemis que l'on croise, à chaque souvenir retrouvé, chaque escapade dans Londres, le tout montant crescendo jusqu'aux séquences finales qui relèvent encore l'interet du jeu d'une manière vraiment surprenante et agréable à souhait.
Pour étoffer la trame principale, le jeu se targue, comme il est de plus en plus coutumes, de quelques quetes annexes. On a en effet des salles cachées qui offrent des défis permettant generalement de rallonger notre barre de vie, des armes à améliorer, des armes 'ultimes' et des costumes à débloquer, des items a trouver qui permettent de débloquer des artworks, tout les souvenirs d'Alice à rassembler, tout les groins à assaisonner...
Perseverant dans la révision de l'oeuvre de Caroll, une nouveauté de taille fait son apparition avec la possibilité de rapetisser Alice à loisir. L'interet ici est qu'une fois petite, sa vision change et dévoile des passages et des indices completement invisibles autrement. Une aide plutot originale dans l'optique de trouver toutes les salles cachées et les passages secrets. Le passage d'un etat à l'autre devient presque un automatisme pour etre sur de ne rien rater, mais on se dit finalement que cette idée reste peu exploitée par rapport aux possibilités qu'elle offrait.
Avec toutes ces petites choses à faire et à trouver, finir le jeu à 100% il demandera plus d'une vingtaine d'heures, ce qui est tout de meme remarquable pour un jeu de plates-formes...
Comme si cela ne suffisait pas, dans la boite du jeu on trouve un code permettant de télécharger gratuitement le premier volet, American McGee's Alice, dans une version remasterisée en HD. Un sympathique cadeau qui permet meme aux néophytes de profiter pleinement du scénario en jouant aux deux opus dans la continuité, ou plus simplement de découvrir l'univers tels qu'on l'a connu il y a une dizaine d'année.

Le gros point fort d'Alice, Retour au Pays de la Folie reste quand meme le visuel... L'originalité, la retranscription 'horrible' du Pays des Merveilles, les détails, les effets de lumieres, les references visuelles, le coté kitsh, le coté gothique... Une esthetique globalement bluffante meme si à plusieurs endroits dans le jeu on trouvera des environnement qui ne beneficient pas d'un tres grand soin.
Le character design, tout comme le level design, proposent des creatures et un univers à la fois bercés dans l'onirisme, mais aussi et surtout dans le macabre et le steampunk avec une tendance au gothisme non négligeable. Certes, ce n'est pas du photorealisme, on est tres loin du niveau de détails et de finesse de certains jeux, mais ce parti pris assumé d'un bout à l'autre apporte beaucoup à l'ambiance et au ton general du jeu. On retiendra d'ailleurs des moments vraiment mémorables, des endroits aussi splendide que répugnants, des véhicules hallucinants, des creatures tres soignées, le tout etant la véritable marque de fabrique du premier opus qui se voit ici sublimé par un progrès technique bien présent et un moteur graphique qui a largement évolué. Comme beaucoup de fans l'ont noté, on retrouve dans cette franchise un coté 'Burtonnien' poussé a son paroxysme horrifique, rappelant parfois des visuels digne de Clive Barker ou H.G. Giger, et ce qui aide au charme des films de Burton, ce sont les compositions de Danny Elfman
Ici, la bande son n'est pas non plus en reste pour ce qui est de poser l'ambiance, avec des compositions soulignant toujours avec justesse les intentions du moment, comme l'action ou le malaise. La bande son est originale, la plupart des compositions sont agréables à écouter meme si on n'arrive jamais vraiment à une maestria qui rendrait le tout plus 'cinematographique'.
L'ensemble est homogène, l'ambiance est là, et c'est deja tres bien pour un 'simple' jeu de plates-formes.

En definitive, si Alice, Retour au Pays de la Folie peut rebuter par son classicisme, sa redondance et sa linéarité; on se consolera plutot deux fois qu'une avec un plaisir toujours constant, des approches ludiques souvent intelligentes et interessantes, ainsi qu'avec une ambiance originale et unique. On s'amuse énormement tout en en prenant plein les yeux, on ne s'ennuie que tres rarement, et les quelques vraies longueurs sont vites oublié avec des relents de l'interet constants, que ce soit avec de nouveaux environnement ou des bonds dans le scénario. Une fois dedans, l'envie d'aller au bout reste plus fortes que tout les petits défaut qu'on pourrait trouver au jeu.
Par ailleurs, si vous etes branché 'old school', que vous trouvez les jeux de plates-formes récents trop faciles ou trop enfantins, alors ce que certains appellent 'défauts' deviennent plutot des qualités et le soft prend une toute autre ampleur.
Mario et Sonic vous ont gavé? Vous trouvez que Ratchet & Clank c'est pour les bébés? Vous n'etes pas fan du concept Little Big Planet? Vous avez adoré American McGee's Alice? Vous cherchez un jeu avec un héros qui ne saute pas partout, qui ne s'accroche pas aux murs, qui ne court pas dans tout les sens et avec un gamplay plutot 'old school'?
Alors ne cherchez plus et essayez donc Alice, Retour au Pays de la Folie ^_^

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le 19 juin 2011

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DocteurKi

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