Assassin's Creed
6.7
Assassin's Creed

Jeu de Ubisoft Montréal et Ubisoft (2007PlayStation 3)

Critique publiée sur ArtZone Chronicles.


Grosse déception. Vu le succès de la franchise, je m'attendais à quelque chose d'au moins solide, sans aller jusqu'au chef d’œuvre. L'idée avait tout pour me plaire : univers vaste, périodes historiques attrayantes, personnage qui pouvait être développé et creusé en profondeur... Et puis j'ai un peu triché. Pour l'anniversaire de mon frère, je lui ai offert le troisième opus, qu'on a pu tester alors que j'étais chez lui. Et ça m'a pas mal plu. Au point même de me faire concrétiser une vieille idée, acheter une PS3 et me remettre à la console autrement que via la Wii lors de soirées entre potes. Bon, sur le plan graphique, j'étais loin d'être subjugué, c'est vrai. J'étais resté à la PS2 et, malgré des progrès, j'avais l'impression que les ressources servaient surtout à multiplier les PNJ et à étendre l'univers (ce qui n'est déjà pas mal), mais pas tellement à approfondir les détails. Bref me voilà parti pour prendre la saga dans l'ordre.


Et avant même de commencer à jouer, me voilà irrité. Dans les premiers écrans d'accueil, en voilà un qui nous précise que "le jeu a été réalisé par une équipe aux croyances et confessions multiples" (ou quelque chose du genre). Si encore ça intervenait au début du jeu, histoire de. Mais non, on nous le rabâche à chaque fois. On se doute bien que ce n'est pas parce qu'on bute des gens à Jérusalem que les concepteurs sont des gros nazis qui veulent propager le génocide. Première frustration, mais qui revient à chaque allumage.


Je passe rapidement sur l'aspect graphique, que j'ai évoqué plus haut, avec une nuance tout de même. Je me demande la direction à suivre. Celle choisie me paraît, malgré mes critiques, une bonne voie. Aller vers un trop grand réalisme rapprocherait peut-être trop l'univers ludique d'un film joué, alors qu'il s'agit d'un autre média, il est bon qu'il conserve certains codes et certains de ses aspects. De même, je ne m'attarde pas sur les multiples chargements, un peu longs, mais qui ne sont pas spécifiques au jeu et semblent nécessaire à l'exploitation des ressources précitées. Je m'attendais à un jeu d'action-aventure, et ma première impression a été celle d'un GTA-like au Moyen Âge, avec une certaine liberté, un large univers, le choix entre missions principales et activités annexes... Mais cette liberté est, après coup, assez restreinte, car l'ennui mène à se concentrer sur la trame principale en laissant de côté les missions annexes.


Un point que je considère crucial dans ce type de jeu est également décevant, c'est celui du scénario. Le gameplay pourrait être parfait (j'y reviendrai) et le tout parfaitement huilé, une franchise comme Assassin's Creed nécessite à la fois des personnages intéressants et une histoire solide. Or, ici, les deux éléments manquent. Côté scénario, on se retrouve face à de nombreuses faiblesses. Le parti pris de faire se croiser présent et passé n'est qu'un gadget inutile, dont le seul but est de permettre à la franchise de se perpétuer en mettant en place un fil rouge entre les différents opus. Ce qui, au fond, n'est pas une mauvaise idée, mais pourquoi ne pas exploiter ce choix, pourquoi faire des passages dans le présent des moments ennuyeux qui ajoutent de la longueur à un jeu qui en souffre déjà ? S'il ne s'était déroulé qu'à l'époque d'Altaïr, Assassin's Creed n'aurait pas été bon pour autant, mais ça lui retirait une faiblesse scénaristique qui s'ajoute aux autres. Le contexte est une des forces de la franchise, qui se place toujours dans une trame historique qui m'attire, qui peut donner de très bonnes choses, tant au niveau visuel que scénaristique. Mais ici, ce deuxième potentiel est gâché, tout est trop prévisible, trop attendu, sans aucune surprise ni réelle richesse, ce qui ajoutée à des faiblesses ludiques sur lesquelles je reviendrai (trop linéaire) rend le jeu sans souffle (aucune impression de quelque chose qui prend de l'ampleur au fil des heures de jeu, pas de montée en puissance), ennuyeux, on a hâte d'en finir et je ne rentre absolument pas dedans.


Tout est bien trop mécanique, les cinématiques longues et inutiles, les dialogues imbuvables... Et les personnages sans aucun charisme. Ce deuxième point est là aussi une déception. Desmond est incroyablement plat, ce qui ajoute au sentiment d'inutilité de la rupture temporelle évoquée plus haut. Mais les autres personnages ne sont guère mieux, aucun ne présente d'intérêt profond, tout reste en surface, nul développement d'une quelconque psychologie.


Dommage, car le potentiel était là pour ces deux points, et pour les deux il est gâché, faute d'une exploitation intelligente.


Enfin, la partie ludique. Le gameplay est plutôt correct, facile à prendre en main, intuitif. Bien sûr, on se retrouve face à des situations abracadabrantes dans lesquelles Altaïr est en mesure de vider une ville entière de ses soldats et d'en vaincre quinze en même temps. Mais c'est là toute la force du jeu vidéo et du héros de façon plus générale, de sortir du réel pour accomplir des choses impossibles. Si on peut crier au manque de réalisme (la botte de foin qui évite la mort après un saut vertigineux), ce n'est vraiment pas le point qui m'a gêné, tant je considère que ce genre de situations est intrinsèque et nécessaire à la construction héroïque, forcément irréelle si on se dirige vers la notion mythique du héros.


Au début, on s'amuse bien. Il est assez addictif de grimper sur tous les bâtiments, de provoquer n'importe qui avant de chercher à s'enfuir sur les toits, de se promener dans les hauteurs de Jérusalem, Damas ou Acre. On prend même du plaisir aux combats impossible d'Altaïr, à le voir se défaire de ses adversaires au ralenti avec un sentiment d'invincibilité. Les premières heures, de découverte, sont un réel plaisir. Mais très vite, on se lasse. La faute, donc, au scénario, mais cette tare est renforcée par un manque de mécanismes ludiques. Au manque d'évolution du scénario s'entremêle le manque de variété dans le jeu. Les "échelons" qui gravit Altaïr dans sa carrière d'assassin ne sont encore qu'un gadget, les seuls apportant un léger changement dans la façon de jouer étant le lancer de couteaux et la contre-attaque. Les combats, comme les missions, sont rébarbatifs et répétitifs. Dans les affrontements, aucune raison d'utiliser la variété offerte par ces "échelons", on finit par utiliser toujours la même technique. Les missions, elles, se suivent et se ressemblent, entre points d'observation à gravir, drapeaux à chercher, citoyens à sauver, espionnage ou autres interrogatoires. Si elles ne sont pas simples à réaliser (je pense notamment aux drapeaux), elles sont si ennuyeuses qu'on finit par abandonner l'envie de les réaliser. Mais si les quêtes annexes ont cet effet, il est encore plus regrettable que la trame principale l'ait aussi, s'enfonçant dans une lassitude effroyable où l'on ne sait pas si on est au début ou à la fin du jeu, tant la différence est minime... Ces faiblesses dans le système de jeu sont bien sûres liées aux faiblesses du scénario, les deux s'entremêlent pour un plaisir qui ne dure malheureusement que peu de temps.


Alors voilà, je sors fort déçu de ce premier opus, je ferai tout de même les suivants, paraît-il meilleurs, et aussi au vu de mon expérience sur le troisième. Vous m'excuserez Altaïr, Desmond, Ubisoft, pour cette critique... assassine.


P.S. : assez longtemps après l’essai de ce premier opus, j’ai finalement réussi à me motiver pour essayer le 2, supposé bien meilleur. Et effectivement, il n’y a pas photo, le deux, sans être la tuerie parfois annoncée, est un bon jeu qui arrive à gommer pas mal des défauts de celui-ci… Mais ceci est une autre histoire.

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le 18 sept. 2013

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Flavien M

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