N’étant absolument pas fan de cette licence, j’ai lancé Assassin’s Creed 3 sans trop espérer quoique ce soit d’extraordinaire.
Alors même si cet épisode m’a moins déplu que je ne le craignais, la réconciliation miracle n’a pas eu lieu.

Pour commencer, le background de cette série ne m’accroche décidément pas.
Tous ces personnages du « présent » sont vraiment ridicules, avec leurs ordinateurs, leurs histoires compliquées pour pas grand-chose, leurs artefacts magiques et leurs têtes à claques.
Mention spéciale pour le jeune à capuche en survet’ : non franchement, c’est pas possible d’avoir une telle tête de con. Mais qui peut vouloir s’identifier à ça quand on a plus de 15 ans ?
Bref, passons.

Premier bon point, le jeu est très agréable à voir tourner en haute résolution avec tous les détails à fond (oui sur PC, quelle question).
Mieux encore, les animations sont très propres, les effets de météo tout à fait conformes aux attentes et l’ambiance de cette époque du 18ème est vraiment palpable, avec des environnements semi-ouverts qui sont grands et généreux en détails.
Au passage, j’ai quand même noté pas mal de bugs d’affichage outranciers comme la disparition instantanée de bataillons entiers de patrouilles juste sous mon nez ou de simples passants.

Une fois lancé dans le cœur du jeu et de l’époque de la Guerre d’indépendance américaine, tout va pour le mieux. L’entrée en matière est vraiment trop longue, mais elle permet de rentrer dans cet univers en douceur et en beauté, notamment avec cette partie à bord du premier navire qui est loin d’être déplaisante.

Mais au fur et à mesure, le jeu dévoile ses défauts, qui finissent immanquablement par lasser.

Pour commencer, la moindre action de jeu, même la plus anodine, est automatiquement accompagnée d’une mini-cinématique aussi inutile qu’obligatoire : que l’on ouvre une porte, que l’on parle à un personnage, que l’on arrive à un endroit indiqué sur la map, toutes les occasions sont bonnes pour se frapper ces micros-séquences automatiques qui ne font que hacher le rythme et ralentir notre progression.
Je ne veux pas voir un film, aussi bon soit-il, je veux être acteur, jouer, me sentir concerné ! Là, ce n’est pas le cas.

Ensuite, il faut savoir que le titre tout entier a été pensé pour les consoles, avec tous les défauts que cela implique : mini-map qui indique tout, objectifs qui clignotent, assistanat complet tout au long de l’aventure...
La moindre cible, le moindre individu et même le plus petit des lapins est entouré d’un énorme halo lumineux quand on s’approche, histoire d’être bien sûr que le péquin moyen ne va pas le rater.

Autre chose assez triste : le système de déplacement automatique dans les arbres.
En gros, vous partez de là où il faut et hop, y’a plus qu’à laisser enfoncée la touche « avant » et le personnage saute tout seul, grimpe, s’accroche, se balance et arrive au bout du parcours d’accro-branche sans aune action de notre part.
Même plus la peine de sauter, il est en pilotage automatique.
Dans l’épisode 4 il pourra sûrement se battre tout seul et finir le jeu sans qu’on ait à appuyer sur un seul bouton.

Parlons maintenant des environnements. Ils sont beaux, grands, variés.
Par contre, tout est cloisonné en zones de chargements sans continuité directe.
Tout ça pour alléger le hardware limité des consoles de salon, probablement. Mais C’est dommage pour l’immersion.
Ainsi, même dans ces zones ouvertes et passé les premiers émerveillements de la découverte, on a vite le sentiment d’être finalement dans un gros couloir un peu déguisé.
Et en vérité, il ne s’y passe pas grand-chose d’intéressant. En tout cas, moins que dans Red Dead Redemption, au hasard (et je n’oserai pas la comparaison avec Skyrim pour ne pas faire trop de mal à Assassin’s Creed 3).

Venons-en gameplay. Il est plutôt agréable. Les combats sont réussis, amusants et percutants.
Malheureusement, le manque de challenge se fait vite sentir et une fois qu’on a chopé le coup, ça apparait vite répétitif et peu profond.
Pourtant, le système de parades/contre-attaques est très proche de celui des Batman Arkham Asylum/City, mais ce dernier reste très largement au-dessus en la matière.

Assassin’s Creed oblige, on trouve aussi les grosses aberrations dans l’infiltration et ses rouages. Pour schématiser : je saute dans un tas de fumier (toujours les mêmes, copiés/collés un peu partout), et on m’oublie alors que je viens de décimer un régiment de soldats à la hache.
Je reconnais quand même que ce défaut est moins présent dans cet opus.
Ou encore : on se ballade dans un accoutrement honteusement excentrique qui tranche beaucoup trop avec les tenues d’époque pour que personne ne nous remarque.
Tout ça un peu à l’image de cette séquence d’intro dans le théâtre où on saute impunément de balcons en balcons sans qu’un seul spectateur de la salle pourtant bondée ne nous remarque… Bref, du Assassin’s Creed quoi.

Autre chose qui me gêne profondément : ce système de jeu bien trop rigide.
Par exemple, tout d’un coup, mission d’infiltration obligatoire. Si vous êtes repéré et que vous ne suivez pas les directives imposées, et bien il est interdit de continuer ou de s’en sortir autrement.
« Désynchronisation » et sanction : tu retournes dans ta chambre et tu recommence.
Je caricature, mais ça se passe souvent comme ça.
Tout est trop cadré, dirigiste, assisté. Pour moi, ça ne colle pas avec un jeu où on joue un assassin dans un monde ouvert.

Dans un autre chapitre, je trouve aussi que cet Assassin’s Creed est un gros fourre-tout. Ils ont vraiment voulu trop en mettre : infiltration, combats ouverts, chasse en forêt, delta-plane (sic), science-fiction, batailles navales et j’en passe. Ça part dans tous les sens.

Les batailles navales justement, parlons-en : ça par contre c’est clairement un des aspects les plus réussis. Epiques, très belles, j’ai vraiment eu l’impression de diriger un navire et de recevoir des embruns sur les joues. Quel dommage qu’on ne puisse pas les jouer plus souvent, ça aurait presque mérité un jeu à part entière.

C’est donc un constat très mitigé que je dresse de cet épisode.
Incontestablement mieux fichu que les précédents volets, il s’affranchit également d’une bonne part des défauts inhérents à cette série.
Malheureusement, cela ne suffit pas.
Pourtant le potentiel est bien là : en faisant sauter tous les verrous qui empêchent le jeu d’être un vrai bac à sable, en permettant au joueur d’évoluer dans un véritable monde procédural, en gommant toutes ces assistances trop envahissantes et en arrêtant de vouloir sacrifier le réalisme sur l’autel du visuel ostentatoire « trop stylé » pour djeuns et ados, on tiendrait vraiment un bon jeu.
Matclane
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le 12 janv. 2013

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Matclane

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