Assassin's Creed IV: Black Flag
7.2
Assassin's Creed IV: Black Flag

Jeu de Ubisoft Montréal et Ubisoft (2013PlayStation 3)

Longue vie aux gentilshommes de bonne fortune, et aux femmes de petite vertu !

Au salon de l'E3 2013, tous les éditeurs de jeux qui se respectent avaient promu leurs derniers bébés en assurant les joueurs avides de sensations d'un "amazing OPEN WORLD".
Le monde ouvert, les perspectives d'exploration infinie et non linéaire, il n'y a pas à dire, c'est le truc qui fait fureur parmi les blockbuster vidéoludique du moment.
Et quoi de mieux que l'enivrante liberté des pirates du XVIIIème siècle pour surfer sur la tendance ?

Clamons le tout de suite: pour ce qui est de la non linéarité du jeu et le monde explorable, Black Flag réussit des prodiges: l'immense archipel des Bahamas est quasiment parcourable de bout en bout, à la navigation manuelle ou au déplacement rapide. Et l'on ne peut nier le plaisir savoureux de voguer librement sur son fier brick d'une île à l'autre, écumant les flots tel le roi des flibustiers en quête de sensations et d'aventures.
"Pour vivre et mourir par l'épée"
La vie de fortune et d'adrénaline d'un pirate, comme si vous y étiez. La reconstitution de tous les aspects de leur vie de bandit est menée avec une ingéniosité qui dépasse l'entendement; faisant de Black Flag le meilleur jeu de simulation de la vie de pirate jamais crée.
En outre, le progrès technique procure à cette Assassin's Creed des textures et une modélisation graphique de pointe, des PNJ par centaines, des espaces à perte de vue, une IA plus affinée que dans AC3 et un même un moteur gérant uniquement les intempéries en mer (fumée, pluie, tornades, mouvement des vagues…). Le tout pour un degré d'immersion faramineux.

Car chez UBISOFT, les développeurs bossent comme des tarés sur les quêtes secondaires, et ça se voit:
Bataille navales au canon et au mortier, abordage de navires, exploration de criques tenues par des contrebandiers, détroussage d'entrepôts, attaques de forts, corruption des taverniers, chasse aux requins, exploration d'épaves sous-marines… Les quêtes annexes occuperont les plus acharnés des joueurs pendant des heures et des heures, la dimension jeu de rôle n'ayant jamais été aussi aboutie -mais surtout aussi captivante- dans un Assassin's Creed. Et qu'en-t-il de la quête principale, du scénario conducteur de Black Flag ?
Et bien c'est là que les choses se gâtent.

D'un côté les férus d'Histoire tel que moi-même jubileront de voir notre héros croiser les hauts lieux et grandes figures de l'époque: l'explosif Charles Vane, la crapule de Calico Jack, le champion Bartolomew Robert, la furieuse Mary Read, la légende Barbe Noire mais aussi le gouverneur Woodes Rogers, l'homme qui a anéantit la piraterie du nouveau monde… tout ce beau monde rivalisant de cran et d'audace de Nassau à la Havane.

Mais d'un autre, l'épopée d'Edward Kenway est bien singulière. Cette homme qui n'est ni un templier, ni un assassin non plus, tient un rôle de boucanier crédible mais trop peu creusé à mon goût. Même au terme de son parcours initiatique de pirate, il ne prête allégeance à aucun camp, et passe simplement de l'état d'aventurier de fortune à celui de père aimant.
Certes on peut ainsi lui accorder de l'originalité et un charisme de pirate libre que n'ont pas Ezio ou Connor, mais il demeure beaucoup de mal à le cerner; outre sa nature marginale, vénale et vagabonde.
En d'autres termes, Edward aurait pu être n'importe quel pirate, avec un zeste de moralité peut-être, mais rien qui ne le distingue véritablement. Ses seules réflexions concernent son épouse laissée en Angleterre, ses relations fraternelles avec les autres forbans, et… c'est tout.
Edward Kenway est pourvu d'un charisme prononcé, mais un charisme à un seul volet: un look aventurier, patibulaire et peu souciant, néanmoins ses motivations creuses marqueront bien moins les joueurs que son physique de forban de Caraïbes. Après la quête de vengeance d'Ezio ou l'aspiration pour la liberté de Connor, comment prendre au sérieux un "assassin" intéressé uniquement par la thune, la thune et sa famille ? Non que ses buts ne soient pas louables, mais ils manquent cruellement de panache.
Bien sûr, il y a sa quête de "l'observatoire" un but faussement compliqué pour le démarquer de ses confrères pirates, et recouper avec l'aspect le plus brouillon de Black Flag.

En effet, au terme du jeu tout se termine trop vite, et l'on se retrouve face au problème numéro 1 de tous les Assassin's Creed: Cette d'histoire de SF qui s'enfonce toujours plus dans la fange!

Autant, disséminé partiellement parmi les mémoires de l'Animus, elle pouvait cultiver un mystère dans les précédents opus; autant maintenant on se contrefout de savoir quel Junon ou Jupiter ressuscité va faire on ne sait pas quelle connerie en se servant d'un artéfact loufoque ou d'un "sage" de plus.
A ce sujet, ne craignez pas les spoils, il n'y en a AUCUN. Les passages dans le monde moderne ne vous apprendrons pas qui vous êtes, qui tire les ficelles, les raisons de la fin WTF de AC3 ou encore la race des précurseurs machin… et tout ce blabla de science-fiction complètement tordu qui a toujours plus ou moins fait tâche avec l'authenticité historique des Assassin's Creed. Et ce vide scénaristique commence sérieusement à être gonflant.
On a la sérieuse impression qu'à chaque épisode, les développeurs font ce qu'ils peuvent pour raccommoder le versant fiction de leur histoire aux mémoires historiques des assassins; trouvant un prétexte de moins en moins logique à ces fins. Pourtant, il aurait été tellement plus crédible de maintenir une intrigue politique et financière REALISTE sur les arcanes d'Absergo Corporation dans le présent, pour servir de toile de fond…

Autrement, Brian Tyler est indéniablement le compositeur qui a le vent en poupe en 2013, ses réalisations allant de Iron Man 3 à Black Flag en passant par le dernier film Thor. Et il signe une B.O collant à merveille avec la fièvre et l'esprit d'aventure des Caraïbes, dont les titres inspirent plus encore d'authenticité et de dynamisme que la célèbre B.O de Pirates des Caraïbes.

L'immersion totale dans la vie des flibustiers des Bahamas sauve le flamboyant Black Flag d'une note plus sévère; mais de telles lacunes incompréhensibles au niveau du scénario ne sauraient être tolérées éternellement. Après Assassin's Creed 3, comment une série de si grande qualité que le fleuron d'Ubisoft peut rater les fins de ses derniers opus ?
Il n'en reste pas moins que Black Flag est un jeu d'une richesse exemplaire, véritable fresque sur l'âge d'or de la piraterie, si l'on oublie l'histoire SF tordu.
GeffGrn
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le 28 févr. 2014

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Calme Ignition

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