Si j'ai vu dans le premier Assassin's Creed un renouveau du jeu d'aventure moderne et un chamboulement de mes repères de joueur, c'est surtout la surexploitation de la licence qui, couplée à un certain conservatisme glissant dangereusement vers l'archaïsme, ont conduit mes rapports avec la série Assassin's Creed à se complexifier au fil des itérations.
Un jeu peut-il seulement se résumer à un contexte, un univers et des efforts gargantuesques investis dans de la modélisation ? À mes yeux il est évident que non, il est donc naturel que l'investissement d'Ubisoft sur ces aspects, au détriment d'une amélioration progressive du core gameplay, m'ait fait progressivement prendre de la distance avec la série, n'y voyant que des petits jeux facultatifs vite faits et vite oubliés, sans qu'aucun déplaisir marqué ou une quelconque passion ne m'ait étreint.
Origins pouvait me réconcilier avec la série. Débordant d'ambitions (affichées) et visuellement sublime, il est le témoin évident d'un changement de ligne éditoriale bienvenu, dans un monde parallèle où l'on se rendrait compte que la qualité rapporte davantage que la quantité. Encore fallait-il retirer deux secondes les œillères du profit instantané. Halle-fucking-luia
Halleluia car Assassin's Creed s'est ici remis en question. Cherchant l'inspiration chez la concurrence, Ubisoft Montréal structure sa gigantesque aire de jeu comme le ferait CD Projekt, et pense injecter de la profondeur en poursuivant une transition vers l'action RPG éducolré. Et puisque ce la ne suffit pas, il s'approprie une partie de la formule des derniers Far Cry et n'hésite pas à transformer en douceur son vétuste système de combat en ersatz de Dark Souls.
Avons-nous pour autant retrouvé cette passion qui nous animait alors, lui et moi ?
Et bien pas nécessairement, parce qu'en 2017 être un pot pourri plutôt réussi ne suffit plus.
En 10 ans mes attentes ont considérablement évoluées, portées toujours plus haut par des productions majeures qui ont su se remettre en question avant le neuvième épisode canonique. La route est longue et laborieuse, surtout quand on part d'aussi loin, et je ne peux que saluer le le chemin parcouru et le travail abattu, car Origins est objectivement un très bon jeu.
Il est généreux, dense, sublime, il est le volet le plus plaisant à jouer de sa série, mais au-delà de tout ceci, j'y vois, du moins je l'espère, une promesse.
Une promesse que la série phare d'Ubisoft veut continuer de s'améliorer et viser l'excellence.
Atteindre l'excellence en proposant une écriture digne de ce nom qui donne envie de s'investir dans des quêtes annexes foisonnantes, donner davantage d'épaisseur à ses personnages et parvenir à les faire briller ailleurs que dans les cutscenes d'assassinat, révolutionner son intelligence artificielle et son système basique et fade d'infiltration et pour finir approfondir sa facette A-RPG avec de vrais combats palpitants et profonds.
En bref, je souhaite le meilleur à cette série qui en 2017 a su me surprendre là où je ne l'attendais pas du tout.