Assassin's Creed : Shadows of Ubisoft

Après avoir traversé de nombreuses tempêtes, comme les crises chez Ubisoft, les nombreux reports du jeu, et les polémiques débiles à outrance, Assassin’s Creed Shadows est enfin sorti de l’ombre pour nous transporter cette fois-ci dans une époque énormément demandée par les fans, le Japon féodal du fin 16e siècle. Finis la trilogie sur les mythologies, Shadows semble entrer dans une nouvelle ère pour la licence, mais cette nouvelle phase va-t-elle porter ses fruits et apporter son lot de fraîcheur à la saga Assassin’s Creed, ou bien plonger dans les abysses en même temps que le studio ?

Au début, j’avais beaucoup d'enthousiasme, puis des craintes concernant cet opus. Incarner un assassin dans un Japon féodal, c’était le rêve de nombreux fans depuis de nombreuses années. Ensuite, la licence a commencé à perdre en aura depuis Odyssey, laissant totalement de côté l’intrigue des Assassins au profit d’un jeu plus orienté RPG. De plus, le sublime Ghost of Tsushima voit le jour (je vais beaucoup en parler), posant sa pierre à l’édifice, prouvant qu’il pouvait être un digne héritier de la célèbre licence d’Ubisoft. Mais malgré les hauts et les bas, les méfiances et les retours des joueurs, j’ai décidé de succomber à l’appel de Shadows. Et finalement, j’ai bien aimé cet Assassin’s Creed Shadows, que je trouve assez similaire à Odyssey ou bien Origins.

J’aimerais d’abord aborder le gros point de ce jeu, le gameplay. Avec l’introduction de 2 nouveaux personnages qui sont Naoe la jeune shinobi et Yasuke le samouraï légendaire, le jeu nous propose ici deux gameplays totalement différents. D’un côté, nous avons Naoe qui est une assassin, agile et redoutable, bien plus orienté pour l’infiltration. Son gameplay est fluide et plaisant à prendre en main. L’infiltration dans son ensemble a aussi été améliorée, donnant la possibilité aux joueurs de se dissimuler dans les espaces peu éclairés, dans l’eau, grimper au plafond ou aux étages grâce au grappin. De nouvelles mécaniques qui, une fois maîtrisées, rendent l’infiltration bien plus jouissive (surtout dans les plus hauts niveaux de difficultés). Yasuke au contraire, lui a un gameplay bien plus tanky et lourd, rendant le parcours et l’infiltration très difficile, voire impossible. Finalement, ces deux façons de jouer s’harmonisent à la perfection ! Au début, je voulais jouer uniquement Naoe, ne voulant pas ressentir cet effet “machine de guerre” qu’on pouvait avoir en incarnant Eivor dans Assassin’s Creed Valhalla. Mais après avoir joué Yasuke durant quelques heures, on retrouve vraiment cette sensation d’être un samouraï invincible prêt à tout détruire sur son passage.

J’aurais aimé cependant un peu plus de difficulté lors des combats de boss, des choix de dialogues et des romances impactant bien plus le récit et l’évolution de nos personnages. De même pour la fonctionnalité du “repaire” qui fera plaisir à tout fan de house building, mais n’apportant finalement pas grand-chose, et son utilisation restant très tertiaire. Petit aparté sur le menu principal qui disparaît totalement, laissant place à un “hub” style animus avec la possibilité de lancer les autres jeux Assassin’s Creed, à l’image du hub Call of Duty.

Concernant son contenu, il y a de quoi faire, voir trop. Il y a des activités, des prises de châteaux, des missions secondaires trop peu intéressantes, des trésors cachés et j’en passe. Ubisoft a vraiment du mal à doser la quantité nécessaire pour faire un open world riche en contenu, sans pour autant le noyer dedans. Comptez aussi environ une trentaine d’heures pour finir l’histoire principale, ce qui est très raisonnable à mon goût.

Au sujet du scénario, je le trouve correct sans plus, avec une légère préférence pour le récit de Naoe. Nos deux protagonistes apportent une excellente alchimie en jeu, et leurs récits se lient de manière très fluide. Chaque personnage, d'une manière ou d'une autre, se voit être lié à la fameuse intrigue Assassin / Templier. Par contre, très grosse déception sur la conclusion de l’histoire qui arrive bien trop vite, à un moment où l'on ne s’y attend pas. L’Acte 2 est très répétitif et prend quelques longueurs par moment. Malgré cela, tout ce qui tourne autour de l'histoire de ce Japon de l’époque, les guerres de clans, ces temples et son peuple, j’ai adoré ! L’immersion n’en est que plus plaisante !

Excellente immersion qui est aussi dû à la qualité visuelle du titre. C’est simple, il s’agit sûrement du plus beau jeu Assassin’s Creed ! C’est un régal de chevaucher les contrées et les montagnes des différentes régions de la carte, sublimées par une météo dynamique rendant l’environnement plus que réel. Ajoutez à cela, un tout nouveau système de saison qui défile après un certain temps en jeu. C’est-à-dire explorer la carte sous 4 atmosphères totalement différentes, c’est juste sublime ! Il en va de même pour l’animation des personnages bien plus travaillés que sur les opus précédents, mais aussi la texture des habits, l’architecture des châteaux et des villes. Quelques regrets cependant au sujet de la mise en scène, ou bien des choix des angles de caméra, bien trop classiques, perdant en qualité cinématographique.

Un point qui m’a assez déçu aussi, est l’exploration dans son ensemble, qui comme à la sauce Ubisoft, manque de subtilité et d’idée. Le système des scouts pour repérer les objectifs est sympa, mais vite redondant et n'apporte aucune satisfaction à l’exploration. Prenons exemple sur Elden Rings qui a parfaitement maîtrisé ce sujet, ou bien même Ghost of Tsushima qui nous guide via des éléments naturels de la carte, comme le vent, les feux ou bien les animaux, éléments ultra important dans la culture et le folklore japonais, renforçant ainsi l'immersion du joueur. Assez déçu aussi du manque de liberté de déplacement à pied ou bien à cheval, se limitant principalement aux routes et aux chemins de terre. Entre les nombreux reliefs et la forte densité des forêts, il est quasi impossible de faire du hors-piste, au point de se retrouver bloqué entre deux buissons.

Mais tout de même, quelle claque visuelle cet opus !

En ce qui concerne la musique, j’ai une légère déception. Ayant adoré la plupart des OST de ces derniers Assassin’s Creed, j’ai trouvé celle de Shadows pas si mémorable que ça. Le style adopté se trouve être un mélange entre musiques traditionnelles japonaises, mais aussi des sons se rapprochant de l’ambiance western, et du hip-hop. Direction et parti pris louable, mais qui est loin d’être aussi épique et grandiose que les compositions des anciens opus. Le thème “Ezio’s Family” dans Assassin’s Creed Mirage reste encore pour moi la meilleure reprise du thème à ce jour, celle de Shadows quant à elle, est totalement oubliable… De plus, pourquoi autant forcer à faire des sons de type hip-hop quand on incarne Yasuke ? J’ai eu le même reproche avec Miles Morales dans Marvel’s Spider-Man 2, c’est cliché et débile comme pas possible.

Maintenant, j’aimerais faire un petit pavé comparaison avec Ghost of Tsushima, car pour moi, les deux produits sont clairement dans la même catégorie, et visent en partie le même public. Me concernant, il n’y a pas de débat, Ghost of Tsushima est supérieur à ce Assassin’s Creed Shadows. Le concurrent de chez Sucker Punch Productions a pas mal de défauts, comme le syndrome des camps à nettoyer, propre à Ubisoft, mais arrive tellement mieux à nous transporter dans ce Japon féodal. La musique, la cinématographie, les personnages, l’histoire, et la sublime direction artistique mettent une pointe à Shadows. Et j’ai bien peur que sa suite, Ghost of Yōtei, creuse encore plus ce creuset qui sépare les deux licences. Mais est-ce une mauvaise chose en soi ? L’un propose un récit bien plus réaliste et immersif, et l'autre se concentre sur un duo de personnages ancré dans une histoire de science-fiction traversant des siècles de notre Histoire. Tous les opposent, mais les rassemblent à la fois.

Conclusion

Les bon points :

• Claque visuellement
• L’alchimie entre Naoe et Yasuke
• Le gameplay infiltration bien plus poussée
• Très bonne durée de vie
• Le système des saisons
• Une immersion au top

Les mauvais points :

• Une histoire plate et peu prenante
• Beaucoup trop d’activité qui noie la carte
• Exploration peu plaisante
• La musique assez oubliable

Malgré ces nombreux problèmes comme son récit peut inspirant, sa surabondance d’activité tertiaire oubliable jusqu’à en vomir, et son exploration beaucoup trop basique (surtout quand Elden Ring existe), Assassin’s Creed Shadows reste un bon jeu généreux, nous immergeant avec réussite dans ce Japon du fin 16e siècle, aux paysages tous plus magnifiques les uns que les autres. L’écriture de Naoe et Yasuke et leur alchimie sont aussi la grande force de cet opus ! Surement l’un des meilleurs duos de personnages depuis Origins. Maintenant, à voir si le prochain DLC, Claws of Awaji, arrivera à nous surprendre encore plus !