Assetto Corsa par Voussoir27

Préchauffage
Asseto Corsa, et ce depuis l’early acces et la première built sur Steam, s’adresse aux mordus de courses auto et amateurs de pilotage exigeant, c’est ce que nous vendent les développeurs depuis cette époque. L’early acces nous proposait à l’époque de prendre place notamment dans le baquet d’une petite Lotus Elise sur le tracé de Magione en Italie. A première vue, le jeu parait plutôt sympa, le tracé semble bien retranscrit, la partie graphique n’est pas trop mal et puis les commandes et les réglages du volant (Logitech G27) sont relativement plug and play. Après quelques dizaines de tours de circuit et quelques peaufinages au niveau des réglages du volant on se rend compte que le moteur physique est relativement curieux. La Lotus bouge dans tous les sens, la tenue de cap est horrible et on a presque l’impression de conduire une F1 de 1967 par moment, tellement il faut corriger la trajectoire au volant pour maintenir l’auto en ligne. On s’aperçoit rapidement des limites du moteur physique. Globalement les transferts de charges ne sont pas trop mal retranscrits et on sent bien que l’on peut faire pivoter l’auto plus facilement en rentrant sur les freins dans les courbes. Le sous-virage est plutôt bien retranscrit et le feeling au volant à ce niveau-là est excellent, on sent que le train avant glisse sur l’asphalte à travers une direction plus légère et des petites vibrations. Coté sur-virage c’est autre chose, si vous avez le maleur de dépasser un angle seuil de dérive avec la voiture, vous partirez dans une violent tête à queue (sans pouvoir récupérer l’auto) d’un côté ou de l’autre suivant si vous avez tenté le contrebraquage ou non. La partie sonore est relativement inégale et on a l’impression à un retour aux jeux PS1 par moments. La plupart des effets et interactions entre la piste et la voiture ne sont pas trop mal mais le moteur de la Lotus monte dans les tours avec une sonorité cracra et des grésillements dignes d’un MP3 ultra compressé et repris d’un sample de moteur de Lotus sur Youtube.

Deux ans après les prémices de l’early acces

Le gameplay
On sent une évolution au bout de 2 ans de développement au niveau du moteur physique. Les devs (et certains journalistes jeux vidéo) se targuent d’avoir réussi à proposer une des expériences de conduite les plus réalistes et pointues du moment. On nous proposerait une simulation ultime à tel point que vous seriez probablement capable de claquer une pendule avec une 458 Italia dans la réalité après avoir fait quelques tours sur le Mugello. Les développeurs ont beau avoir fait 20 000 updates de leur « tyre model », globalement on se traine toujours les même problèmes depuis l’early accès. Les comportements des autos sont malheureusement inégales au niveau du gameplay, tout comme leur cohérence. On a beau être arrivé au Tyre Model version 7, certaines supercars ont une physique parfois très douteuse au niveau de la gestion du grip et du sur-virage. Il faut se battre constamment avec le volant dès qu’on commence un peu à attaquer et qu’on essaye d’appréhender les limites des véhicules. La glisse et la physique est plutôt très mal gérée pour certaines voitures à tel point qu’il est impossible de les faire glisser proprement ou de gérer les dérives comme on souhaiterait le faire en sortie de courbe. On a beau être rapide avec le volant, il faut s’attendre aléatoirement à des petites glisses bien gérées ou des violents coups de raquettes irrattrapables. C’est bien dommage pour une simulation qui se veut ultra exigeante.

La partie graphique et le sound design
Concernant la partie graphique, globalement c’est satisfaisant. Le moteur est plutôt bien optimisé. Le jeu peut être très beau à condition de posséder une machine récente puissante. Les plus fortunés peuvent profiter de l’expérience en réalité virtuelle à condition de posséder le matos adapté. Pour les chanceux comme moi qui possèdent un PC qui possède la puissance d’une calculatrice collège, c’est également possible de faire tourner le jeu sans problèmes. A conditions d’avoir désactivé préalablement pléthore d’effets visuels, il est possible de jouer au jeu avec un frame rate ultra stable et avec un niveau de détail correct sur votre PC à peine plus puissant qu’une machine à écrire, et ça c’est plutôt plaisant.
Coté sound design c’est plutôt mi-figue mi-raisin mais avec une tendance raisin (à condition que l’on préfère globalement manger des figues). Je peine sincèrement à comprendre comment les développeurs ont pu autant saboter ce point dans leur jeu (je m’étonne par ailleurs de l’enthousiasme de certains journalistes pour la qualité de ce dernier). Si vous avez dernièrement rallumé votre PS One pour une petite session de Test Drive 5 ou que vous avez téléchargé Need For Speed Hot Poursuit 2 sur votre PC par nostalgie, vous ne serez probablement pas choqués puisque par moment le sound design est à peine au-dessus de ces 2 jeux. C’est simple, dans Asseto Corsa vous serez certainement convaincus par les effets relatifs à la piste et en relation avec votre caisse (le bruit des graviers dans les passages de roue, le bruit des vibreurs, les pneus). En revanche, il est tout bonnement honteux pour un jeu comme celui-ci d’avoir bâclé certains sons moteurs bien plus que d’autres ou l’on a fait un minimum d’efforts. On a le sentiment que certaines parties du sound design ont été faites le vendredi après-midi à 16h, tellement il y a un manque de conviction et de sérieu à ce niveau. Les sons moteurs sont tout simplement immondes pour certaines caisses et on a vraiment l’impression par moment de rallumer un jeu d’il y a quasiment 20 ans. Les joueurs l’ont bien compris et certains amateurs proposent depuis près de 2 ans des mods pour essayer d’embellir le bruit des autos qui ne sont guère satisfaisants. Pour ceux qui auraient déjà joué à un Dirt Rally, un Forza, le sound design de AC va probablement vous semblez à des années lumières de ces 2 autres jeux.

L’interface et l’enrobage du jeu
On sent bien un effort pour proposer une interface moderne et jolie avec une navigation dans les menues qui a de la gueule. Cependant, le mode carrière reste ce qu’on fait de vraiment très très classique pour un jeu de caisses. Le gros point qui dérange concerne la navigation des menues. N’espérez pas dans AC pouvoir régler votre volant et vos commandes à la volée et en plein essai (comme dans n’importe quel autre jeu), non, ça serait trop facile. Vous trouvez votre volant trop dur, avec trop de vibrations. C’est facile, il suffit de quitter vos essais en cours et de retourner dans le menu principal pour palier au problème et bien évidemment de vous retaper un temps de chargement de la piste et de la bagnole pour retourner essayer les modifications. Il est clair qu’après 2 ans de développement de jeu après early accès et après avoir largement dépassé la version 1.0, il est incompréhensible de retrouver ce genre de point noir. Coté contenue, on retrouve pas mal de modèles de véhicules et de circuits. On est loin des 3 millions de véhicules proposés dans certains autres soft du genre mais qu’importe ici, n’importe quel amateur y trouvera son compte. On retrouve la plupart des tracés les plus prestigieux du globe et une variété de véhicule qui donne la banane. Pour le reste, le multijoueur, l’IA, etc, ici encore on ne réinvente pas la roue. Il vous faudra vous contenter de tout ce qu’il y a de plus classique dans le genre.

Conclusion
Asseto Corsa se présentait comme la venue d’un messie dans le monde de la simulation automobile virtuelle depuis son annonce et sa première vraie build jouable il y a maintenant 2 ans. Il continue aujourd’hui de contenter bon nombre d’amateurs du genre parmi les joueurs et les journalistes et frustrer les autres, plus friands de jeux de courses plus polyvalents et conviviaux tel qu’un Forza Motorsport. Pour ma part, je fais partis de ce joueur exigeant et éternel insatisfait. Pilote amateur à mes heures perdues dans la vraie vie et derrière mon écran. Après avoir analysé et littéralement cramé la quasi-totalité des simulations auto pointues de ces 2 dernières décennies (Grand Prix Legends, GTR, LFS, Rfactor, GT Legends, Forza, Game Stock Car, Richard Burns Rally, Dirt Rally, etc.), je reste grandement sur ma fin avec ce titre. Asseto Corsa restera pour moi qu’un jeu au gameplay inégal et parfois aléatoire. Un moteur physique tanto injuste et irréalistement dur par moments. Certains n’aillant jamais mis les pieds dans une vraie auto de course crieront toutefois au scandale, mais qu’importe. Avec beaucoup d’espérance pour ce titre depuis son annonce il y a plus de 2 ans, Asseto Corsa se traine malheureusement des défauts majeurs dans son sound design, son gameplay et son interface de menu. Avec une offre trop classique, AC ne parviendra pas à mes yeux à s’immiscer dans les véritables jeux qui ont suent révolutionner leur époque tel un vieillissant Grand Prix Legends ou un tout récent Dirt Rally.