Bal dur gate

/!\ Attention spoiler /!\

Baldur's Gate est le premier du nom de la célèbre série médiéval-fantastique. Il a une prise en main pas évidente, est difficile, mais au bout du compte il vaut qu'on s'y intéresse.

Contenu et personnages

J'aime beaucoup les décors, ils sont magnifiques et plus ou moins travaillés selon les lieux. Je remarque qu'ils sont bien plus dans le style «Moyen-âge» (ville fortifiée, donjons, auberge-forteresse), comme le nôtre, contrairement à BG2 où l'architecture est très souvent mélangée pour donner des bâtiments insolites à l'architecture improbable. Les graphismes sont moins avancés mais tout de même satisfaisants, ce qui me paraît logique car ce jeu a été produit avant. En tout cas, ça a plutôt bien vieilli.

Le pathfinding est, à ma grande surprise, relativement bon par rapport à Baldur's gate 2. Les trajectoires sont cohérentes, le groupe ne se disperse pas énormément excepté quelques rares fois où l'IA est totalement conne.

Je trouve le contenu global du jeu satisfaisant - je suis néanmoins plutôt déçu par la quantité car, au bout du compte, il se finit extrêmement vite malgré tous ses atouts (bestiaire énorme, monde, magie, aventure de qualité, etc.).

Celui-ci n'est hélas pas équilibré. En ce qui concerne l'accès aux sortilèges par exemple, celui-ci est très restreint (voire absurde étant donné ce qu'on nous propose) avant de pouvoir franchir les portes de Baldur, mais ensuite c'est la fête! Rien qu'en allant au magasins de sorts, j'ai appris à peu près tous ceux qui me sont vraiment utiles en ce moment (sorts puissants, invocation et autres). L'histoire est aussi bien plus «light» avant d'entrer dans la ville qu'après, les évènements s'enchaînant ensuite à toute allure.

Les perso ont une personnalité! Et ça c'est un bon atout pour s'immerger dans l'histoire du jeu, au lieu d'avoir une bande de robots-tueurs télécommandés. Par contre, elles sont largement moins marquées que dans le second volet, où Minsk est un vrai boute-en-train et les autres qui se plaignent toujours pour un oui ou pour un nom (ex: Aerie, chouinant tout le temps!!). Là, on a quelques remarques de temps à autres et selon la réputation, mais ça reste vraiment timide.

Il n'y a aucune réelle hiérarchisation des quêtes, selon leur importance ou bien leur difficulté, exactement sur le modèle de BG2. On peut très bien tomber sur une carte faisable ou bien sur des saloperies maléfiques qui vont nous réduire à néant. Dans ce jeu par exemple, j'ai voulu faire la quête de la tour de Durlag, pensant que ce n'était qu'un niveau difficile d'une quête annexe...et bien non. En me renseignant plus avant, c'est l'endroit où se cache le boss du jeu et où se déroule la fin de BG. J'ai donc, finalement, bousillé involontairement le déroulement de l'histoire en entamant le donjon aux trois quarts...Mais qui irait me le dire, étant donné que le journal de quêtes n'est pas du tout organisé et ne contient pas grand chose d'utile?

Pour me donner le temps de m'adapter (de monter en niveau quoi), je suis obligé de surveiller mes moindres pas et j'avance à deux à l'heure, c'est un peu frustrant...Ajoutons que faire du level up dans la série BG est un véritable cauchemar, tout simplement parce que ce n'est pas prévu dans le jeu en dépit de sa grande (horrible?) difficulté.

On me rétorquera sans doute que les quêtes fournissent l'expérience nécessaire, mais il faut bien affronter les monstres qui deviennent au fur et à mesure plus puissants et ce n'est pas avec ce que je gagne à chaque coup que j'aurai une équipe de choc. A l'heure actuelle, mon invocateur n'invoque absolument rien (niveau trop faible malgré le fait que j'ai bien bourlingué), la sorcière balance deux sorts et ne sert plus à rien et les guerriers ne sont pas suffisamment résistants - bien qu'ayant les meilleures armures disponibles à ce stade.

Il manque également certains pans et déclencheurs de quêtes et je dois avouer que c'est très agaçant, de se lancer dans l'aventure lorsque ladite quête est bloquée ou n'existe tout bonnement pas! - comme pour la quête de l'empoisonnement à Baldur, j'ai dû assassiner les prêtres d'un temple pour avoir un objet au lieu de les payer parce que le dialogue n'existait pas... Et ça se vante d'être une édition améliorée (mon c* ouais!)!

Je dois également ajouter que le journal qui retrace notre avancée n'est pas très clair. Je ne demande pas une localisation GPS à la Skyrim ou une grosse croix rouge sur une carte, mais un peu plus de précision aurait été la bienvenue au lieu de supposer ce qu'on doit faire par la suite.

Pour avoir un mage correct, c'est-à-dire qui lance des sorts intéressants et en ayant une réserve raisonnable, il faut attendre le niveau 3...de magie, qui n'est pas du tout le même que celui du personnage (lvl 3 en magie = lvl 7 réel). On peut se dire que c'est simple car ce sont les premiers niveaux, mais non car l'expérience demandée pour y arriver est colossale! Comme beaucoup de quêtes demandent de bons personnages bien rodés, je tourne en rond à faire du p* de level up sans vraiment savoir quand ça va se terminer. Et bien sûr, au passage, je me fais tabasser une fois sur deux par plein de saloperies maléfiques (et ça il y en a!), du type les dryades intouchables et insensibles à la magie, les basilics ultra cheatés qui pétrifient, les araignées empoisonneuses, etc. Avec BG1, il y a de quoi détester l'écologie tant chaque fibre de la nature nous exècre (à part les poules et les vaches)!

Interface

L'interface apporte sont lot de problèmes.

Les icônes (inventaire, quêtes et autre) étant la même que dans le second opus, je ferai ici la même remarque, à savoir qu'à moins de connaître la série leurs dessins sont contre-intuitifs. Impossible de savoir directement, à moins de cliquer dessus, à quoi ils font exactement référence et il faudra donc un temps d'adaptation pour le joueur novice.

Celles de formation (triangle, cercle, etc.) n'ont, comme dans BG2, aucun effet ni intérêt. Le jeu prend un malin plaisir à mettre les personnages les plus faibles au devant et ne respecte absolument pas la forme du groupe demandée, préférant les disposer un peu partout. J'ai pour ma part opté pour une forme en triangle, car les guerriers se retrouvent souvent devant et cela correspond bien mieux à mes besoins.

A cause de ce maudit bouton «repos» , j'ai l' «angoisse de la pause» . Parce que non, ce n'est pas «gratuit» ! Deux fois sur trois des monstres apparaissent devant votre nez, bien placés, généralement devant les personnages les plus vulnérables. Difficile de croire que mon groupe de vaillants guerriers et magiciens se soit bêtement assoupi sans veiller alentours. D'autant que les assaillants reviennent en force (se téléportent plutôt, ça conviendrait mieux à la situation) à chaque fois: tu as buté trois chiens? Ben le lendemain c'est tout une meute dans ta g*!

De plus, notre groupe se retrouve parfois dispersé à la fin de ladite pause et se retrouve d'autant plus «désarmé» face à un envahisseur qui apparaît soudainement - bien entendu, la situation n'est jamais à notre avantage. Avec le recul, je m'aperçois également que cet éparpillement est nettement moins fréquent que sur BG2 où c'était un vrai jeu de quilles.

Autant le volet de l'inventaire est clair, autant celui appelé «Archives» - présentant les caractéristiques complètes des membres de mon équipe - est anarchique. Des tonnes de chiffres, des expressions que je ne saisis qu'à moitié. Il n'est pas évident de s'y retrouver et de faire un choix logique lors de la montée en niveau, que ce soit pour les points de caractéristiques ou de talent. Il aurait pu y avoir éventuellement de petits textes explicatifs, lorsqu'on passe la souris, sur toutes ces notions pour ôter toute ambiguïté au joueur.

La description des objets dans l'inventaire est, pour les novices, incompréhensible car utilisant les abréviations des jeux de rôle papier tout en ayant ses propres règles. Va comprendre ce que veut dire TACO, que plus la vitesse diminue plus l'arme est rapide ou bien que plus une armure a une défense basse plus elle protège... A ce niveau, c'est le chaos total et j'ai dû, sur BG2, passer de longues heures pour arriver à cerner ce que tout ça signifiait.

Sur les maps, l'entrée des différents lieux (maisons, monuments) n'est parfois pas clairement indiquée et il est donc ardu de savoir par quel bout y rentrer sans faire le tour du lieu en question (ex: L'auberge de la Sirène rougeoyante). Ou bien de découvrir que cette maison-ci n'est en définitive pas un décor! Pareil pour les portes dont l’icône débile «ouvrir» chevauche le sprite de la porte, si bien que souvent on la ferme au lieu d'entrer...Ah oui, la gestion des escaliers est du même gabarit!

Il existe un problème récurrent de sauvegarde. Parfois, BG n'accepte pas qu'on puisse le faire et ce pour aucune raison particulière. Devant le faire régulièrement - ce jeu étant rempli de surprises bonnes comme très mauvaises -, il m'est pénible de devoir attendre ou comprendre le pourquoi du comment à chaque fois. Idem pour ce qu'il appelle des «situations de combat», il faut attendre des plombes pour pouvoir, après s'être battu, sauvegarder sa partie...

Une édition vraiment «améliorée»?

Oui, en apparence mais trop peu pour y voir une différence notable avec la version originelle. Alors oui, l'interface a été légèrement refaite, certains arrière-plans ont été remplacés et détails changés. Rien d'extraordinaire alors qu'il y avait quelques défauts majeurs à éliminer pour en faire un vrai bijou.

On aurait pu avoir une vraie version française, non pas seulement le texte dans notre langue et le reste en anglais, parce qu'il est incompréhensible qu'ils aient fait la moitié du travail en oubliant un élément important du jeu, à savoir les voix!

L'ajout de personnages n'étant pas dans le jeu de base était effectivement une bonne idée, mais sans contenu plus important - si on ne prend pas en compte la mini quête les concernant - tout cela ne sert à rien.

Edition «Fainéantise» ou piège pour attirer les fans de RPG?

Ce qu'il faut retenir:

Malgré mes propos acerbes, Baldur's gate est un excellent jeu. Ils nous plonge dans un univers médiéval-fantastique avec des décors réussis, un bestiaire fourni, des quêtes originales et variées - même si leur nombre est clairement insuffisant.

La création de personnages est complexe (que ce soit au départ ou via les objets qu'ils porteront) mais passionnante, la magie est très intéressante - et déterminante en combat - et l'interface permet de piloter son groupe de manière tactique.

Ne vous attendez pas un jeu long mais plutôt intense, bien penser à la composition de son équipe et ne pas foncer tête baissée dans n'importe quelle quête car elles ne présentent pas du tout le même degré de difficulté.