Le chevalier noir dans sa zone grise

Telltale poursuit actuellement sa lancée des séries intéractives qui te-donnent-le-choix-mais-en-fait-pas-trop. Le chemin de l'histoire semble de plus en plus tracé et nos choix de moins en moins importants sur le résultat de l'action, mais ce n'est pas si grave, car ce n'est pas là qu'est l'intérêt de cette nouvelle série de Batman.

La première saison avait tout a fait réussi le passage en mode jeu vidéo narratif du chevalier noir, avec son cocktail d'action, de personnages et de gadgets. Batman, the Ennemy Within semble davantage tatonner. Les situations sont plus répétitives, les dialogues moins fouillées, mais elle possède cependant la qualité de savoir où elle va!

Ce nouvel arc nous met donc face à beaucoup plus d'ennemis que Batman est en mesure de gérer. L'Agency de Amanda Waller est à Gotham pour faire la loi, le Riddler est la nouvelle menace terroriste glaçant en ville, le Suicide Squad rassemblant une Harley Quinn truande, un Mr Freeze de haut vol et un Bane sous stéroide obligent Bruce Wayne à avancer sans masque, tandis que les anciens et nouveaux alliés du milliardaire ont du mal à se positionner face à notre stratégie. Et c'est sans compter John Doe, alias Pas-Encore-le-Joker dont nous ne savons pas s'il est frappadingue ou s'il se fout de notre gueule pour mieux nous manipuler.

Bref, avec toute cette panoplie de personnages emblématiques, on se retrouve à marcher une corde raide, où il est difficile de favoriser un personnage sans en blesser un autre. Pourra-t-on infiltrer le gang de Harley sans bruler tous les ponts avec ses alliés ? Combien de compromissions et d'alliances douteuses sommes nous prêts à faire pour défaire une menace qui n'est peut être pas aussi dangereuse que les alliés qu'on se choisit ? Ce sont ce type de questions auxquelles ont doit toujours répondre, et qui amènent notre chevalier noir dans une zone grise, où les questions de justice, de violence, de vérité et de confiance sont de vrais murs auxquels on se heurte.

C'est là la grande réussite de ce nouveau Telltale, qui nous amène, en tant que Bruce Wayne comme en tant que Batman, à trouver comment un justicier en marge de la justice peut exister dans une ville remplie de psychopathes qui ont également des prétentions de jouer les vigilente.

Le plaisir de jouer est aussi décupler avec l'excellente écriture des personnages (mention particulière à la fille de Lucius Fox, le Riddler menaçant à souhait et le Joker jamais ridicule), ainsi qu'aux scènes d'actions parfaitement chorégraphiées. On sort de The Ennemi Within avec l'impression réelle d'avoir été dans l'armure de Batman, même si la Batmobile fonctionne en automatique, et avec l'envie de retenter l'histoire pour explorer les quelques routes offertes par Telltale dans les carrefours de Gotham.