Bayonetta par Jben

Le parti pris de Bayonetta est d'emblée très clair : proposer un jeu qui s'articule en très grande partie autour de son système de combat. Ce dernier est vraiment d'une richesse phénoménale, à la fois technique et défoulant, sa profondeur est telle qu'il faudra finir le jeu à de nombreuses reprises pour avoir vraiment l'impression d'en cerner toutes les facettes. Le titre de Platinum Games retranscrit toutes les manipulations du joueur à l'écran à travers le prisme de la démesure, ce qui donne au final un jeu aussi jouissif à pratiquer qu'impressionnant à regarder, en sachant que les graphismes ne sont globalement pas en reste. Cependant, l'histoire, aux personnages certes assez délirants, se veut un peu trop envahissante pour un jeu aussi arcade dans l'esprit, les cutscenes sont nombreuses, et même s'il est possible de les passer, on ne peut constater qu'elles servent une histoire au final très confuse et inintéressante. Le jeu a aussi essayé d'implémenter des passages de puzzle ou de plateformes qui font franchement figure de nuisances tant elles peinent à convaincre, agaçant même la plupart du temps. Le level-design est aussi très quelconque, même s'il propose quelques trouvailles assez sympathiques par moments. De plus, beaucoup d'objectifs secondaires sont assez flous et mal expliqués, si tant est qu'on peut faire le jeu en passant à côté de beaucoup de choses pourtant fondamentales... assez maladroit de la part des développeurs.

En définitive, Bayonetta est un jeu qui se veut totalement arcade et décomplexé dans l'esprit mais qui, comme contraint de rivaliser avec d'autres modèles de beat'them'all plus commerciaux qui mettent un point d'honneur à la narration et à l'aspect "aventure", trahit un peu son modèle en chemin avec tout un tas d'éléments de game design qui sont un peu perçus comme des "obstacles" au formidable cœur du jeu : les combats. Au final, on se retrouve un peu à les savourer et à subir le reste, ce qui est dommage. En cela, Bayonetta c'est un peu l'anti God Hand, le jeu qui avait osé le dépouillement le plus total en mettant l'accent sur la baston, et la baston seulement.