Beyond: Two Souls est un jeu du studio Quantic Dream racontant l'histoire de Jodie Holmes, une jeune femme liée depuis son enfance à une entité mystérieuse nommée Aiden. Dotée de pouvoirs surnaturels, elle est traquée par le gouvernement et contrainte de fuir, tout en cherchant à comprendre l'origine de son lien avec Aiden.
Le jeu est sorti entre Heavy Rain et Detroit: Become Human dont il partage pas mal de similitudes mais dont il diffère également sur deux points majeurs :
Premièrement, on incarne un seul personnage principal, Jodie, mais celle-ci est en permanence accompagnée d’un esprit nommé Aiden, capable de capacités telles que la télékinésie, le contrôle d’un corps, revivre des souvenirs, etc…
Deuxièmement, la narration non chronologique qui, selon moi, dessert le jeu.
En effet, l’histoire du jeu, qui se déroule sur une période d’une vingtaine d’années, nous est présentée dans le désordre. Chaque chapitre est l’occasion d’un saut dans le temps de plusieurs années dans le passé ou le futur. Cela rend l’histoire très confuse, d’autant plus qu’elle part un peu dans tous les sens. Si le ton général est plutôt SF horrifique, on y trouvera également de l’espionnage, du militaire, de la romance, du social… Certains passages comme ceux chez les sans abris et chez les navajos ne semblent présent que pour rajouter encore plus de thématiques et de personnages secondaires dont on entendra plus parler par la suite.
Mais le plus gros problème que cette narration non chronologique engendre, c’est qu’elle fait disparaître l’un des intérêts (peut-être même le principal) des jeux narratifs : celui d’effectuer des choix, de s’impliquer dans la réussite de nos actions (et redouter les échecs) et de découvrir leurs conséquences plus ou moins grandes sur la suite de notre aventure.
Dans Beyond: Two Souls, les choix, les réussites et les échecs n’auront jamais d’impact au-delà du chapitre en cours. Et quand on y réfléchit, c’est logique puisqu’on a déjà joué des chapitres qui se passeront plus tard. Exemple tout simple : la scène du prologue, où Jodie s’adresse à nous face caméra pour nous dire qu’elle va nous raconter son histoire, est l’avant dernière scène du jeu. On sait donc d’entrée de jeu qu’on ne risque aucun game over avant ce point. En clair, on ne peut pas perdre (sans parler de mourir) même en faisant exprès !
Parce que je suis curieux (et aussi parce que le jeu n’est pas très long), j’ai fait l’expérience de rater volontairement tous les QTE du jeu. Je n’ai constaté que trois résultats possible :
1) On ne passe pas à la suite tant qu’on ne le réussit pas (exemple : l'entraînement de la CIA). Tant qu’on rate, on recommence.
2) Sans doute le plus frustrant : on a raté, mais on réussit quand même. C’est le cas de beaucoup de situations où la vie de Jodie est directement en jeu (exemple : la plupart des combats). On se prend beaucoup de coup, mais à la fin, on est sauvé par le scénario (une intervention d’Aiden, souvent).
3) Cela provoque un déroulement alternatif, allant de la découverte de nouvelles scènes voire à l’échec pur et simple du chapitre en cours. Ce dernier résultat est le plus intéressant mais, hélas, le plus rare des trois. Et rappelons que même dans ce cas, cela ne modifiera en aucune façon les autres chapitres (même pas d’une façon mineure, dans les dialogues, par exemple).
En comprenant cela très vite, on comprendra aisément pourquoi j’aime moins ce jeu que les autres du Studio, comme Heavy Rain ou Detroit: Become Human, qui réussissent infiniment mieux à impliquer le joueur dans leur histoire.
Malgré tout, le jeu a quelques qualités qui font que j’y reviens de temps en temps. Certains personnages sont bien écrits et il est intéressant de les suivre, à commencer par Jodie et son lien avec Aiden, ou encore le professeur Dawkins. Certains passages sont juste très agréables à jouer. J’aime notamment beaucoup tous les chapitres concernant Jodie enfant. Le gameplay avec les pouvoirs d’Aiden amène aussi des situations de jeux sympa. Et puis le jeu est assez court, même pas 10 heures.
Bref, sympa mais pas aux attentes.